Association médicale canadienne

Les participants à l’Assemblée générale annuelle (AGA) de l’Association médicale canadienne (AMC) ont massivement soutenu une motion qui favorisera une plus grande diversité des candidatures aux postes de direction de l’AMC.

Les membres ont voté à 91 % pour ajouter l’identité de genre, la race, l’origine ethnique, l’identification aux peuples autochtones et le handicap aux critères que le Comité des mises en candidature examine quand il étudie les candidatures, en plus de l’âge, du sexe et de l’équilibre régional pour ensuite les présenter aux membres de délégation et soumettre leur nomination à un vote de ratification à l’AGA.

De plus, les membres ont voté afin de moderniser le processus des mises en candidature aux postes de direction en éliminant l’exigence qu’un nombre établi (50) de membres soutienne chaque mise en candidature. Ce changement permettra aux membres de se présenter eux-mêmes et aidera à éliminer les obstacles à la participation.

L’AMC continue à travailler avec ses membres sur de nouveaux règlements sur l’EDI, pour présentation et approbation à l’AGA de 2023.

Les membres accueillent le premier président autochtone de l’AMC

Dans son discours inaugural, le Dr Alika Lafontaine, président de l’AMC, a reconnu que le système de santé est en train de s’effondrer, mais s’est inspiré de sa vie personnelle pour rassurer les membres sur le fait que la situation n’est pas désespérée.

Le Dr Lafontaine a raconté aux participants à l’Assemblée générale annuelle (AGA) qu’à l’école primaire, on lui a diagnostiqué un trouble d’apprentissage. D’abord dévastés par cette nouvelle, ses parents ont ensuite réalisé que le problème était autant dû au système qu’à la biologie. Au lieu d’accepter que leur fils puisse ne jamais terminer ses études secondaires, ils ont uni leurs efforts en tant que famille pour trouver de nouvelles façons d’apprendre et de nouvelles ressources pour leur fils.

Le Dr Lafontaine croit que les médecins peuvent utiliser une approche similaire pour traverser la crise sanitaire que nous vivons actuellement – en nous épaulant les uns les autres pour offrir un soutien émotionnel et professionnel, et en mettant à profit les connaissances des patients, ainsi que du personnel infirmier et autres professionnels de la santé afin de créer un avenir meilleur sur le plan de la santé.

Ensemble, nous pouvons changer les priorités d’un système de santé obsédé par la réduction des coûts et le nombre de patients pour créer un système durable qui traite les fournisseurs de soins avec dignité et les patients avec respect, et qui accorde la priorité absolue à la sécurité, à la qualité et au travail d’équipe.

Le Dr Lafontaine a remercié la présidente sortante, la Dre Katharine Smart, pour son « attitude authentique et courageuse » ces douze derniers mois.

 

La transcription

Tawnshi, Malo lei lei, bon après-midi chers collègues, distingués invités, famille et amis.  

Je tiens à remercier notre présidente sortante, la Dre Smart, pour son authenticité et son courage des douze derniers mois. Vous nous avez menés sur des chemins inconnus alors que nous nous dirigeons vers un avenir incertain. Vous avez été la voix que nous méritions et dont nous avions besoin en cette période difficile.

À l’école primaire, on m’a accolé l’étiquette d’enfant avec troubles d’apprentissage. Sans en informer mes parents, l’école m’a fait suivre des séances d’orthophonie. Après quelques mois, il n’y avait toujours pas vraiment d’amélioration. Quand mes parents ont pris connaissance de la situation, ils ont demandé à rencontrer l’administration de l’école. On leur a dit que j’avais un retard de développement et un trouble de la parole, et que je ne répondrais probablement à aucun traitement. Tous les rêves que mes parents avaient pour moi se sont alors évanouis. Je me souviens que, dans la voiture, après la rencontre, ma mère me tenait dans ses bras et me répétait sans cesse que je n’étais pas « cassé ».

Ma mère est une immigrante de première génération de l’île de Tonga, dans le Pacifique Sud. Avec l’aide de mon grand-père, elle est arrivée en Californie à l’adolescence. Elle ne parlait pas anglais. Elle et mon grand-père ont ensuite aidé treize autres membres de la famille ainsi que de nombreux membres de familles élargies à venir en Amérique. Mon père a grandi à Lestock, une collectivité agricole de la Saskatchewan, et a hérité des origines métisse, crie et ojibwée de mon grand-père. Il a été le premier membre de sa famille à fréquenter l’université et le premier à obtenir une maîtrise. Pendant des années, il a enseigné, géré et élaboré des programmes de transfert de connaissances. Et voilà qu’on lui dit que son fils a des difficultés d’apprentissage, et que la situation est sans espoir…

Après le choc initial du diagnostic, mes parents se sont retrouvés seuls à devoir répondre à une grande question : « Que faire? » Ils devraient désormais eux-mêmes trouver le moyen de résoudre ce problème qui brisait leurs espoirs, leurs rêves et leur cœur. Eux seuls devraient porter ce fardeau.

Notre système de santé s’effondre autour de nous. Les listes d’attente s’allongent sur de nombreuses années. L’accès aux soins communautaires et hospitaliers est maintenant si instable que les fermetures temporaires ou permanentes sont monnaie courante, partout au pays. La capacité de travail des médecins de famille généralistes n’a jamais été aussi menacée qu’aujourd’hui. Autour de nous, les appels constants à la perturbation, aux réductions de coûts et au démantèlement de notre système de santé public en faveur d’un système privé atteindront certainement leur paroxysme dans les mois à venir. Les médecins canadiens luttent contre une vague de peur, d’insatisfaction et de colère grandissantes de la part de ces mêmes patients et patientes envers qui ils et elles ont consacré leur vie. Si vous vous sentez désespérés en ce moment, vous n’êtes pas seuls.

Je suis le premier Autochtone nommé président de l’Association médicale canadienne et l’un des plus jeunes dans ses 155 ans d’histoire; en y repensant, je me revois blotti dans les bras de ma mère, qui me rassure en me disant que rien n’est plus incertain que l’avenir prédit par les croyances admises. J’aimerais vous faire part d’une formule magique que mes parents et moi aurions prononcée pour m’aider à surmonter mes difficultés, mais il n’en est rien. La solution était néanmoins très simple.

Mes parents ont pris conscience de ce qu’ils ressentaient. Ils ont réfléchi à la peur, à la frustration et à la confusion qu’ils éprouvaient à ce moment. Ils se sont demandé qui connaissait le mieux leur enfant. Le pronostic était-il une opinion ou un fait? Est-ce que la solution répondait au problème? Comment pouvaient-ils travailler avec moi pour essayer différentes solutions? Quelles devaient être leurs priorités et quel genre d’enfant cherchaient-ils à élever?

Ma mère a arrêté de travailler pour investir des centaines d’heures dans mon apprentissage. Elle s’est impliquée dans l’association communautaire et le conseil scolaire pour trouver d’autres ressources. Mon père a utilisé différentes méthodes d’enseignement, reconnaissant les obstacles physiques à mon apprentissage visuel et auditif. Ils m’ont inscrit à des cours de taekwondo, ils ont formé un groupe musical familial qui est devenu une expérience de deux décennies dans un boys band, et ils m’ont attribué des rôles où je serais régulièrement exposé à la prise de parole en public. Des années plus tard, on m’attribuerait le qualificatif de doué. Je terminerais le secondaire à 15 ans, j’obtiendrais un baccalauréat à 19 ans et mon diplôme en médecine à 23 ans.

Chers collègues, il existe une formule que nous pouvons employer dans le chaos que nous vivons au quotidien. Nous devons sonder les émotions négatives que nous éprouvons tout en nous épaulant mutuellement. Nous devons nous rappeler que nous connaissons à fond ces problèmes et garder en tête les opinions que nous devrons changer en partenariat avec le personnel infirmier, la patientèle et les autres professionnels de la santé qui sont essentiels aux soins en équipe. L’Association médicale canadienne attaque de front les divers problèmes auxquels nous faisons face. Ensemble, nous pourrons délaisser un système obsédé par les coûts et les quotas de patients en faveur d’un système durable qui traite ses travailleurs et travailleuses avec dignité, ses patients et patientes avec respect et qui privilégie avant tout la sécurité, la qualité et le travail d’équipe.

La semaine prochaine, l’AMC présentera les résultats du Sondage national sur la santé des médecins 2021. Ces résultats montrent combien la pandémie a affecté le bien-être des médecins. 

Six personnes interrogées sur 10 indiquent que leur santé mentale est pire aujourd’hui qu’elle ne l’était avant la pandémie; plus de la moitié des médecins et des apprenants et apprenantes en médecine ressentent un niveau élevé d’épuisement professionnel; et près de la moitié des personnes interrogées envisagent de réduire leurs heures de travail clinique dans les 24 prochains mois.  

Et en plus du stress supplémentaire causé par la pandémie, les médecins sont confrontés à d’autres défis, notamment l’intimidation et le harcèlement, le lourd fardeau administratif et le manque d’accomplissement professionnel.

En acceptant ce mandat à la présidence, sachez toute l’importance que vous avez pour moi. Témoin de vos batailles, de votre désespoir et de votre douleur, je me suis senti interpellé par la présidence de l’AMC. Mon objectif est de vous aider à mieux servir les patients. 

Au cours de ses 155 années d’existence, l’AMC a traversé peu de périodes d’une telle incertitude. Cette incertitude est porteuse de grandes possibilités; le changement est non seulement possible, mais aussi nécessaire. Le statu quo n’est plus une option.

Ensemble, nous redéfinirons le rôle de la profession médicale, apprendrons à mieux collaborer avec les patients et ferons davantage place aux soins en équipe. Nous construirons l’avenir des soins de santé au Canada.

Merci.

La Dre Kathleen Ross élue nouvelle présidente désignée

Exerçant la médecine familiale à Coquitlam et à New Westminster, en Colombie-Britannique, la Dre Ross occupera les fonctions de présidente désignée de l’AMC jusqu’en août 2023, alors qu’elle accédera à la présidence au cours de l’AGA.

Dans son allocution, la Dre Ross a déclaré que nous devons travailler ensemble pour mettre un terme au racisme systémique et renforcer les effectifs de santé.

Je m’engage à travailler avec les dirigeants du domaine de la santé et du domaine politique alors que nous bâtissons, ensemble, un système de santé durable et accessible.

 

 

 


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