Association médicale canadienne

Pour bien des médecins, l’histoire du Dr Hasan Sheikh a des airs de déjà-vu. Tout au long de ses études et de sa résidence, Hasan était entouré de mentors et de collègues, de gens qu’il pouvait prendre à part dans un corridor pour leur poser une question clinique ou pour discuter d’un patient. Mais après sa résidence, lorsqu’il a commencé à travailler dans une clinique, il s’est retrouvé seul. Le Dr Sheikh dit s’être alors brusquement senti « sur une île ».

« Nous voyons nos patients, nous les traitons et nous espérons avoir fait ce qu’il y a de mieux pour eux, confietil. Mais nous recevons très peu de rétroaction pouvant nous confirmer que nous avons fait ce qu’il fallait. »

En 2017, on a demandé au Dr Sheikh d’aider à diriger une nouvelle clinique à accès rapide de lutte contre la toxicomanie au centre-ville de Toronto dans le cadre de l’initiative META:PHI (mentorat, éducation et outils cliniques en toxicomanie : intégration des soins hospitaliers et primaires). Il s’est alors joint à un nouveau groupe Google destiné aux médecins travaillant dans des cliniques semblables : une « communauté d’intérêts » sur le traitement des toxicomanies.

Il a tout de suite commencé à recevoir des courriels sur toutes sortes de sujets, du dosage des médicaments aux dépendances rares (comme la dépendance aux stéroïdes) : de l’information qu’il pouvait utiliser pour enrichir ses connaissances cliniques et pour traiter ses propres patients. Pour lui, les avantages d’appartenir à une communauté d’intérêts ont été immédiats.

« Je reçois des tonnes de courriels, dont beaucoup que je choisis de ne pas lire. Mais ceux-là, je les lis tous, confie le Dr Sheikh. Nous pouvons nous apporter un soutien clinique, échanger nos expériences et apprendre des cas de nos collègues plutôt que seulement des nôtres. »

Sarah Clarke, coordinatrice du projet META:PHI, fait partie de l’équipe fondatrice de la communauté d’intérêts à laquelle Sheikh appartient. À l’époque où le projet commençait à peine à voir le jour, en 2015, il se résumait à quelques dizaines d’adresses courriel et à une équipe animée d’une volonté de tisser des liens entre les employés de différentes cliniques de lutte contre la toxicomanie.

Aujourd’hui, la communauté compte plus de 250 membres, dont des médecins, du personnel infirmier praticien, des thérapeutes et des gestionnaires : « quiconque travaille avec des personnes toxicomanes ».

La communauté s’est ramifiée et comprend maintenant des membres non torontois, qui viennent de plus petites villes comme Peterborough et Thunder Bay, ou même d’aussi loin que du Manitoba et de la Nouvelle-Écosse.

« Notre réseau s’est vraiment étendu », constate Mme Clarke.

Le réseau permet également d’appliquer plus facilement des solutions à grande échelle. Le Dr Sheikh raconte que lorsque son hôpital a mis en place un programme de distribution de trousses de naloxone par les services d’urgence, il a pu échanger des pratiques exemplaires avec les membres de la communauté d’intérêts et expliquer comment lancer le programme dans d’autres hôpitaux.

Mme Clarke explique que ce désir de trouver des solutions profite souvent aux patients des membres de la communauté. « Un membre parle de son patient à St. Catharines, et un autre lui répond qu’il peut voir le patient. Les gens sont toujours prêts à s’entraider. »

Le Dr Sheikh estime que les liens qu’il a tissés grâce à la communauté d’intérêts l’ont aidé à voir que son travail faisait partie d’un tout.

« Je crois que l’une des plus grandes frustrations de l’exercice de la médecine, c’est de se heurter à des obstacles systémiques qui, dans un contexte clinique, paraissent insurmontables », explique le Dr Sheikh.

« Avoir des personnes enthousiastes à qui parler… Ça nous fait sentir que nous contribuons au renforcement des capacités et au développement d’un système pour prendre soin d’un groupe de patients vulnérables. C’est inspirant, et ça nous conforte dans l’idée que nous sommes vraiment en train de changer les choses. »


Subventions aux communautés d’intérêts de l’AMC

L’AMC croit que les communautés d’intérêts peuvent jouer un rôle important pour aider à concrétiser sa vision d’une profession dynamique et d’une population en santé.

Dans le cadre sa stratégie AMC 2020, l’AMC désire appuyer le travail de ces communautés grâce aux subventions aux communautés d’intérêts​. Les bénéficiaires des subventions recevront un financement ciblé, de l’accompagnement et du soutien de l’AMC. Les subventions pourront soutenir une communauté d’intérêts existante ou servir à la création d’une nouvelle communauté.

Restez à l’affût au cours des prochaines semaines pour en savoir plus sur les critères d’admissibilité et le processus de demande de subvention.


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