Association médicale canadienne

Sapna Mahajan s’emploie à modifier la perception de ce que signifient la santé et la sécurité au travail.

« Les employeurs ont un rôle à jouer pour éviter que leurs employés se sentent surmenés et quittent leur travail en raison de problèmes d’anxiété et de dépression; ils doivent faire le nécessaire pour promouvoir le bien-être. » – Sapna Mahajan, conférencière à la Conférence canadienne sur la santé des médecins

En tant que directrice au sein de la Commission de la santé mentale du Canada, elle a contribué à l’élaboration de la Norme nationale du Canada sur la santé et la sécurité psychologiques en milieu de travail. Publié en 2013, ce document constitue la première norme à l’échelle mondiale établissant des lignes directrices à l’intention des employeurs en vue de créer des environnements de travail sécuritaires sur le plan psychologique.

« Un changement a commencé à s’opérer il y a une dizaine d’années, alors que la santé mentale était considérée comme quelque chose que l’on acquiert ailleurs qu’au travail; aujourd’hui, les employeurs ont le devoir et la responsabilité, en leur qualité de dirigeants, de ne pas simplement veiller à la santé et à la sécurité physique de leurs employés, mais aussi à leur santé mentale », dit-elle.

La norme, qui vise à fournir un cadre commun aux employeurs, se base sur 13 facteurs psychosociaux qui influent sur le bien-être des employés. Pour le secteur des soins de santé, deux facteurs supplémentaires s’y sont ajoutés afin de répondre aux besoins de ce que Mme Mahajan appelle un « milieu tout à fait unique ».

L’un de ces facteurs est la protection contre la détresse morale, qui reflète le stress psychologique que vivent les professionnels de la santé lorsqu’ils sont confrontés à des dilemmes moraux, par exemple lorsqu’ils ne se sentent pas capables d’offrir des soins optimaux en raison d’un manque de ressources.

L’autre facteur se traduit par la nécessité pour les professionnels de la santé de prendre soin d’eux-mêmes et d’adopter une approche en ce sens lorsqu’ils doivent composer avec le stress au travail.

« Les médecins sont particulièrement à risque puisqu’ils comptent parmi les gens les plus motivés de notre pays; ils sauvent des vies et ont l’impression qu’ils doivent tout faire pour tout le monde. Une foule d’obstacles les empêchent de demander de l’aide. »

Pour leur part, les établissements de soins de santé du Canada ont été extrêmement réceptifs à la norme; selon Mme Mahajan, les milieux de travail du secteur des soins de santé comptent parmi les quatre secteurs qui ont le plus téléchargé le document.

En fait, dans le cadre d’une étude de cas menée en 2014, la Commission de la santé mentale du Canada a suivi 40 organisations pendant trois ans alors qu’elles procédaient à l’adoption et à la mise en œuvre de la norme. La moitié de ces organisations faisaient partie du secteur des soins de santé. Toujours selon Mme Mahajan, l’efficacité de la norme a été démontrée. À l’Hôpital Michael Garron, à Toronto, on a pu constater une diminution du taux d’absentéisme après l’adoption de la norme, de même qu’un taux de satisfaction plus élevé chez les patients.

Malgré ces données, Mme Mahajan affirme pourtant que la norme n’est qu’une première étape pour ce qui est des médecins et des autres professionnels de la santé.

« Les médecins constituent un groupe tout à fait unique, plus exposé au stress psychologique. Si nous voulons mieux prendre soin d’eux, je crois que toute cette démarche devrait commencer dès le début de leurs études en médecine, avec l’introduction d’une culture du bien-être. »



La Conférence canadienne sur la santé des médecins de l’Association médicale canadienne aura lieu à St. John’s (Terre-Neuve-et-Labrador) du 3 au 5 octobre 2019. Dans le cadre de cette conférence ayant pour thème « Changement des tendances : transformation des cultures et création d’espaces sécuritaires », des initiatives et des travaux de recherche visant à améliorer la santé et le bien-être des médecins seront présentés.

 


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