Association médicale canadienne

On ne le répètera jamais assez : la vaccination est essentielle pour en finir avec la pandémie. À ce jour, plus de 80 % de la population canadienne admissible est adéquatement vaccinée, et nous pouvons nous féliciter collectivement pour ces statistiques réjouissantes. Au pays, on parle même de plus en plus de vivre avec le virus, une avancée significative vers la sortie de la pandémie, que la vaccination massive aura permise.

Ce portrait est toutefois bien différent dans les pays en voie de développement, où seulement 6 % de la population a reçu une première dose. Ayant pratiqué la médecine humanitaire, j’ai été témoin du besoin criant d’aide internationale en matière de santé. Je peux affirmer avec confiance que la COVID-19 n’a fait qu’accentuer des problèmes déjà existants, qui posent non seulement un risque pour ces populations, mais pour nous également.

Changer notre perspective

Par définition, une pandémie est une épidémie qui touche une large zone internationale. Or, depuis presque deux ans, il semble que chaque pays, chaque territoire, ait fonctionné selon ses propres règles, comme si la maladie leur était propre. C’est compréhensible jusqu’à un certain point, car il est vrai que la situation varie d’un endroit à l’autre, que ce soit par la capacité hospitalière ou encore les attributs démographiques de la population.

Toutefois, il est plus que temps qu’on aborde enfin ce problème pour ce qu’il est : un problème mondial. Le fonctionnement en vase clos a vite montré ses limites, notamment avec l’apparition de multiples mutations du virus qui repoussent constamment à plus tard la sortie de la crise. À long terme, seul un taux de vaccination suffisant de la population mondiale peut nous sortir définitivement de la pandémie.

D’ailleurs, un sondage mené par IPSOS pour l’Association médicale canadienne montre que 75 % des Canadiens pensent que la vaccination internationale est essentielle à la sortie définitive de la crise et que le Canada dispose actuellement d’assez de vaccins pour toute la population canadienne.

Mettre les promesses à exécution

Je salue l’engagement du Canada à contribuer à l’effort de vaccination international, mais nous devons en faire plus. Nous devons jouer un rôle fort de leader sur la scène internationale. N’oublions pas que c’est en participant à la vaccination mondiale que nous protégerons le Canada de futures vagues et que nous réduirons la possibilité que des variants résistants aux vaccins émergent. Les variants, eux, ne connaissent pas de frontières!

Il existe plusieurs moyens de faire avancer les choses. Le Canada peut, entre autres, donner plus rapidement les doses qu’il a déjà en stock et permettre la production locale de vaccins pour en faciliter la distribution.

Mais outre les aspects logistiques, il importe de comprendre qu’il ne suffira pas de simplement distribuer les vaccins et d’organiser la main-d’œuvre. Il faudra faire preuve de sensibilité et de compréhension. Certains peuples, pour des raisons historiques et politiques, peuvent ressentir une forte hésitation à se faire vacciner. Cette inquiétude doit être perçue comme légitime et elle doit être prise en compte dans l’organisation de la campagne de vaccination internationale.

L’accès équitable aux vaccins n’est pas seulement un outil fondamental en santé publique, c’est un droit. Le Canada est un modèle pour le monde entier en ce qui concerne les droits de la personne. Montrons l’exemple encore une fois.

Dr Abdo Shabah, Urgentologue et porte-parole de l’Association médicale canadienne

Cette lettre ouverte a initialement été publiée dans Le Soleil


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