Association médicale canadienne

La situation est-elle si grave?

Nous savons que les professionnels de la santé ont subi un énorme stress durant la pandémie de COVID-19. Les médecins parlent ouvertement d’épuisement professionnel, de surmenage et de détresse morale. C’est donc sans surprise que nous assistons à un exode croissant des médecins vers d’autres professions.

Le plus récent Sondage national de l’AMC sur la santé des médecins vient compléter ce tableau avec des détails troublants.

Les réponses de plus de 4 000 médecins en exercice, médecins résidents et étudiants en médecine ont mis en lumière les défis liés à la santé et au bien-être des médecins, notamment la conciliation travail-vie personnelle difficile, l’intimidation et le harcèlement, le lourd fardeau administratif, l’absence d’épanouissement professionnel et, bien entendu, l’incidence de la COVID-19.

Pandémie de COVID-19 : Six personnes répondantes sur 10 indiquent que leur santé mentale s’est détériorée depuis le début de la pandémie.

Fardeau administratif accru : Le temps consacré à la maison aux dossiers médicaux électroniques (DME) est jugé excessif ou un peu long par la moitié (49 %) des médecins en exercice et des apprenants en médecine. En moyenne, les personnes répondantes passent plus d’un jour ouvrable supplémentaire (10 heures) par semaine à effectuer des tâches administratives.

Conciliation travail-vie personnelle difficile : Depuis le début de la pandémie, 57 % des personnes répondantes mentionnent l’augmentation de la charge de travail globale et la conciliation travail-vie personnelle difficile comme des facteurs contribuant à la détérioration de leur santé mentale; en effet, la moitié des personnes répondantes (51 %) disent qu’elles sont insatisfaites de leur conciliation travail-vie personnelle.

Intimidation et harcèlement en milieu de travail : Huit médecins en exercice et apprenants en médecine sur 10 (78 %) disent qu’ils ont été victimes d’intimidation, de harcèlement ou de micro-agressions à un moment ou à un autre de leur carrière (40 % l’ont été fréquemment ou souvent).

Absence d’épanouissement professionnel : Seulement une personne répondante sur 5 a un score élevé à l’indice d’épanouissement professionnel; autrement dit, ces personnes sont heureuses, elles ont l’impression d’avoir les choses bien en main et se sentent valorisées au travail, elles trouvent un sens à leur travail et elles contribuent professionnellement de la façon qu’elles préfèrent. Au total, 79 % des médecins en exercice et des apprenants en médecine souffrent de l’absence d’épanouissement professionnel – un résultat préoccupant.​​​​​

Qu’est-ce que le Sondage national sur la santé des médecins (SNSM)?

Même avant que la COVID-19 ait été déclarée pandémie mondiale en mars 2020, des sondages menés auprès de médecins au Canada montraient que ces derniers présentaient un risque élevé de symptômes d’épuisement professionnel, de dépression et d’autres troubles psychologiques.

Lancé par l’AMC en 2017, le SNSM est mené tous les trois ou quatre ans pour aider à mieux comprendre la santé et le bien-être des médecins en exercice et des apprenants en médecine. Le sondage permet de créer un ensemble de données pertinent et à jour qui peut être utilisé par l’AMC, d’autres organisations, des chercheurs, des éducateurs et des parties prenantes pour éclairer et faire avancer les initiatives axées sur la santé des médecins.

« Depuis le début de la pandémie, l’AMC tire la sonnette d’alarme sur l’épuisement professionnel chez les médecins et d’autres travailleurs de la santé. Cet ensemble de données – le seul en son genre au Canada – souligne encore une fois la gravité de la situation des soins de santé au pays. » – Dr Alika Lafontaine, président de l’AMC

Notons que, sous l’angle de l’équité, le sondage examine la santé et le bien-être de certains sous-groupes à risque; les résultats obtenus aideront à orienter les recommandations de changements à l’échelle systémique pour améliorer la santé et le bien-être des médecins, depuis les études de médecine jusqu’à la retraite.
 

Qui a répondu au sondage?

Entre octobre et décembre 2021, plus de 4 100 médecins en exercice, médecins résidents et étudiants en médecine ont répondu au SNSM, soit une augmentation par rapport aux quelque 3 000 membres de l’AMC qui y ont répondu en 2017. L’AMC a présenté le sondage à ses membres par courriel, dans les médias sociaux, au moyen de publicités créatives et par l’entremise des différents moyens de communication de l’Association, avec la participation d’organisations partenaires, afin de maximiser la mobilisation de la communauté médicale.


Qu’est-ce que l’AMC a appris du SNSM de 2021?

La santé mentale des médecins en exercice et des apprenants en médecine a continué de se détériorer au cours des dernières années, et la pandémie de COVID-19 n’a fait qu’élargir les failles déjà présentes dans le système de santé.

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Dix données statistiques qui soulignent l’état troublant de la santé et du bien-être des médecins :

  • Au total, 60 % des médecins en exercice et des médecins résidents indiquent que leur santé mentale s’est détériorée depuis le début de la pandémie.
     
  • Près de la moitié des personnes répondantes (48 %) ont un résultat positif au dépistage de la dépression; cette proportion est considérablement plus élevée que celle en 2017 (33 %).
     
  • Le quart (25 %) des médecins en exercice et des médecins résidents souffrent d’anxiété grave (10 %) ou modérée (15 %).
     
  • Plus de la moitié des médecins en exercice et des apprenants en médecine (53 %) signalent un niveau élevé d’épuisement professionnel.
     
  • Près de la moitié (49 %) des personnes répondantes envisagent de réduire leurs heures de travail clinique au cours des 24 prochains mois. 

Si vous êtes médecin en exercice ou apprenant/apprenante en médecine et que vous souhaitez obtenir du soutien, le Carrefour AMC du bien-être des médecins offre des ressources pour vous aider

  • Plus du tiers (36 %) des personnes répondantes ont eu des idées suicidaires à un moment ou à un autre de leur vie, et 14 % en ont eu au cours des 12 derniers mois.
     
  • Depuis le début de la pandémie, la détresse morale est plus marquée chez les médecins en exercice et les apprenants en médecine  : une personne sur 5 indique en ressentir « très souvent » ou « constamment », et 33 % disent en ressentir « parfois ».
     
  • Près de la moitié des médecins (47 %) disent ressentir un faible niveau de bien-être social (le sentiment de pouvoir apporter une contribution importante à la société, par exemple, ou un sentiment d’appartenance à une communauté); cette proportion est considérablement plus élevée que celle notée dans le sondage de 2017 (31 %).
     
  • Huit médecins en exercice et apprenants en médecine sur 10 (79 %) ont un faible score à l’indice d’épanouissement professionnel; moins de six sur 10 indiquent qu’ils sont satisfaits de leur carrière en médecine.
     
  • Les conclusions révèlent que plusieurs sous-groupes à risque ont de moins bons résultats en matière de bien-être, notamment les médecins résidents, les jeunes médecins, les personnes qui s’identifient comme des femmes, les médecins exerçant depuis 6 à 10 ans, les parents ou proches aidants, les médecins s’identifiant comme ayant un handicap, les médecins exerçant dans une petite ville/en milieu rural et ceux exerçant en région isolée/éloignée.

Lire le rapport du SNSM de 2021

Prospective

Le SNSM de 2021 met en lumière les défis auxquels font face les médecins en exercice et les apprenants en médecine, mais certains résultats encourageants méritent d’être soulignés. Certains signes indiquent une transition culturelle vers la priorisation du bien-être, comme le fait que les médecins résidents et les jeunes médecins en exercice recourent plus souvent à des services de soutien pour leurs problèmes de santé mentale que les médecins exerçant depuis plus longtemps.

Toutefois, de nombreuses personnes répondantes continuent de se heurter à d’importants obstacles à la recherche d’aide, notamment la stigmatisation, la disponibilité des services de soutien et les inquiétudes au sujet de la confidentialité. En fait, trois médecins sur 10 citent la confidentialité comme obstacle, alors que 21 % mentionnent le risque de perdre leur permis d’exercice ou leur capacité d’exercer comme raison de demander ou non de l’aide.

« L’amélioration de la santé et du bien-être des médecins est une responsabilité commune, précise le Dr Lafontaine. Dorénavant, les données de ce sondage national seront essentielles pour défendre les intérêts des médecins et pour apporter des changements importants dans la culture médicale. »

Au cours des prochains mois, l’AMC examinera de plus près les résultats du SNSM de 2021, afin de mieux comprendre les causes fondamentales des problèmes liés à la santé et au bien-être des médecins, ainsi que les meilleurs moyens de surmonter les défis auxquels fait face la profession médicale.


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