Des éclosions de variole simienne ont été signalées dans des zones atypiques et sans lien de voyage dans les régions endémiques. Les enquêtes épidémiologiques ont commencé, et le portrait de ces grappes d’infection inhabituelles s’éclaircit peu à peu. Voici donc ce que nous savons jusqu’à présent.
1. Qu’est-ce que la variole simienne?
Le virus de la variole simienne, maintenant connu sous le nom de mpox, appartient au genre Orthopoxvirus, de la famille des Poxviridae, qui comprend le virus de la variole et le virus de la vaccine (utilisé dans l’un des vaccins contre la variole). La variole simienne est une zoonose, mais son réservoir sauvage est inconnu.
Il existe deux clades génétiquement distincts du virus de la variole simienne, qui varient sur les plans épidémiologique et clinique, soit celui du bassin du Congo et celui d’Afrique de l’Ouest. Le premier a un taux de létalité d’environ 10 % et le second (cas confirmés au Royaume-Uni), d’environ 1 %.
2. D’où vient la variole simienne?
La variole simienne a été détectée pour la première fois chez des singes (d’où son nom) utilisés en recherche. Les premiers cas humains ont été signalés en 1970 en République démocratique du Congo et, depuis, des éclosions isolées sont survenues en peu partout en Afrique centrale et occidentale. Peu de cas ont été signalés ailleurs; parmi ceux-ci, bon nombre ont été associés à des voyages en Afrique.
En 2003, des dizaines de cas soupçonnés de variole simienne ont été signalés aux CDC, dans six États américains. Les enquêtes ont révélé que toutes les personnes avaient été en contact avec des chiens de prairie de compagnie récemment acquis et importés d’Afrique. Cette éclosion a été maîtrisée, et aucune transmission interhumaine n’a été répertoriée.
3. Comment la variole simienne se transmet-elle?
La transmission de la variole simienne de l’animal à l’humain découle d’une morsure, d’une égratignure ou d’un contact avec des fluides animaux, par exemple lors de la préparation de viande sauvage. La transmission interhumaine s’effectue par contact avec des fluides corporels, notamment le pus de lésions et les gouttelettes respiratoires. Une personne est considérée comme contagieuse dès l’apparition des symptômes et jusqu’à la guérison des lésions, ce qui peut prendre un mois ou plus.
La transmission par les rapports sexuels n’est pas clairement établie. Il est possible qu’un contact étroit prolongé ou une exposition à une lésion ou à des vêtements ou de la literie contaminés constituent des facteurs contributifs à la transmission (peu importe l’orientation sexuelle).
4. Quelles sont les caractéristiques cliniques de la maladie due à l’infection au virus de la variole simienne?
La variole simienne a une période d’incubation assez longue, allant de 5 à 21 jours entre l’infection et l’apparition des symptômes. Les premiers symptômes, non spécifiques, comprennent la fièvre, la fatigue, les céphalées et les myalgies. L’infection provoque également des adénopathies, une distinction notable par rapport à la variole, bien que peu utile sur le plan clinique depuis l’éradication de cette dernière.
Ce prodrome est suivi d’une éruption cutanée progressive caractérisée par des lésions profondes et bien circonscrites. Les premières lésions peuvent être muqueuses, apparaissant fréquemment sur la langue et dans la bouche; elles sont suivies d’une éruption maculaire sur le visage, qui s’étend ensuite au reste du corps. En l’espace de quelques semaines, les lésions maculaires se transforment en papules saillantes, qui deviennent ensuite vésiculaires puis pustuleuses, avant de former des croûtes qui finissent par tomber.
Certains des cas décrits en 2022 comportaient des éruptions localisées dans la région génitale et périanale, ce qui a entraîné une confusion avec des infections transmissibles sexuellement courantes. Un fort degré de suspicion est justifié pour toute personne ayant une éruption caractéristique combinée à des antécédents de voyage dans une zone endémique ou à un contact étroit avec une personne présentant une éruption d’apparence similaire.
Tous les cas suspects doivent être signalés aux autorités de contrôle des infections, et le personnel de la santé doit suivre les précautions habituelles pour prévenir la transmission par contact et par gouttelettes.
Lignes directrices sur la prévention et le contrôle des infections au virus de la variole simienne
L’Agence de la santé publique du Canada a récemment publié des lignes directrices provisoires sur la prévention et le contrôle des infections au virus de la variole simienne dans les établissements de santé, recommandant des mesures de précaution contre la transmission par voie aérienne, par gouttelettes et par contact pour tous les cas suspects, probables et confirmés.
5. Existe-t-il un traitement ou un vaccin contre la variole simienne?
Il n’y a pas de traitement spécifique contre la variole simienne, bien que quelques antiviraux aient été testés. Le cidofovir et le brincidofovir ont montré une certaine efficacité contre les poxvirus dans des études in vitro et sur des animaux. Un autre médicament, le tecovirimat, est homologué par Santé Canada et la FDA pour le traitement de la variole.
Un nouveau vaccin appelé Jynneos a été homologué par la FDA en 2019 pour la prévention à la fois de la variole et de la variole simienne, mais son efficacité en conditions réelles est inconnue. Il semble par ailleurs que la vaccination antivariolique traditionnelle avec le virus de la vaccine, étroitement apparenté, est susceptible d’offrir une certaine protection. Les programmes mondiaux de vaccination antivariolique ont pris fin dans les années 1970; la vaccination est devenue rare et est réservée à certaines populations, comme le personnel militaire et le personnel de recherche travaillant sur les poxvirus. L’éclosion de 2003 aux États-Unis a révélé que la vaccination antivariolique antérieure ne confère pas une protection totale. Il n’est donc pas certain qu’une immunité vieille de plus de 50 ans soit suffisante.
Bien que ces éclosions de variole simienne ne présentent pas une menace importante pour le grand public, les médecins doivent être attentifs aux lésions caractéristiques de la maladie, même dans des parties du corps inhabituelles comme les organes génitaux.
L’article original a été publié en anglais dans le bulletin EBM Focus. Rédigé par :
- Heather D. Marshall, Ph. D., responsable du contenu en matière de santé publique chez DynaMed
- Vito Iacoviello, M.D., rédacteur en chef adjoint de la section infectiologie, allergologie et immunologie chez DynaMed
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