Les experts ont détecté de nombreux variants du SRAS-CoV-2 depuis le début de la pandémie. Trois inquiètent particulièrement, car on les soupçonne d’avoir une transmissibilité et des effets sur l’immunité accrus, de moins répondre aux agents thérapeutiques et de nuire à l’exactitude des tests diagnostiques.
Les membres de l’équipe éditoriale de DynaMed vous présentent ce qu’il faut savoir sur les variants du SRAS-CoV-2 et leurs effets cliniques.
Les données ici sont exactes en date du 11 février 2021.
Contexte
Le premier variant du SRAS-CoV-2, portant une mutation nommée D614G, qui est le remplacement d’un acide aminé de la protéine de spicule, est apparu au début de la pandémie. En juin 2020, le variant D614G devenait la souche dominante dans le monde, dépassant la souche originale. Un autre variant, appelé B.1.1.7, a été détecté au Royaume-Uni en septembre. En décembre, on le désignait comme préoccupant parce qu’il devenait rapidement dominant dans la région de Londres. En date du 31 janvier 2021, il avait été détecté dans 80 pays, dont les États-Unis.
Le variant B.1.1.7 a subi 14 mutations créant une lignée, dont quelques-unes dans la protéine de spicule. Celles-ci semblent augmenter l’affinité de liaison au récepteur cellulaire. Un troisième variant, le B.1.351, a été détecté en Afrique du Sud en octobre, et un quatrième, le B.1.1.28, a été détecté une première fois chez des voyageurs en provenance du Brésil en janvier 2021 (il a depuis été rebaptisé « lignée P.1 »). Certaines mutations de la protéine de spicule sont apparues spontanément chez plusieurs de ces souches, laissant croire que la pression immunologique aurait entraîné la sélection de chacun de ces variants.
Se transmettent-ils plus facilement?
Il devient évident que les variants du SRAS-CoV-2 susmentionnés se propagent plus facilement que la souche originale. Selon des données de surveillance génétique et des études de modélisation, le variant B.1.1.7 serait de 50 à 75 pour cent plus contagieux. En outre, bien que les confinements aient ralenti la transmission des souches précédentes, les mesures de contrôle de l’infection au Royaume-Uni étaient moins efficaces contre le B.1.1.7. Les mécanismes par lesquels différentes mutations donnent un avantage sélectif pour ces variants font l’objet d’études intensives.
Sont-ils plus mortels?
Malgré certains reportages à cet effet dans les médias grand public, rien ne prouve jusqu’à présent qu’un ou plusieurs de ces variants causeraient des cas de COVID-19 plus graves ou davantage de décès. Dans une séance d’information technique, au Royaume-Uni, le Scientific Advisory Board for Emergencies (SAGE) a affirmé que les résultats préliminaires d’analyses non publiées indiquaient un risque de décès potentiellement accru avec le variant B.1.1.7. Cependant, comme nous n’avons pas accès aux méthodes de chaque analyse et aux données primaires, nous ne pouvons pas confirmer cette observation.
Les vaccins contre le SRAS-CoV-2 conféreront-ils une immunité contre ces variants?
En ce qui a trait à l’efficacité des vaccins contre ces variants, de récentes études donnent quelques éléments d’information. Selon une étude préliminaire (non évaluée par les pairs) menée auprès de 20 volontaires ayant reçu deux doses du vaccin de Pfizer/BioNTech (n = 6) ou de Moderna (n = 14), ces deux vaccins à ARNm créent des anticorps capables de neutraliser les variants du SRAS-CoV-2. Cependant, le plasma des personnes vaccinées était moins efficace pour neutraliser les variants portant certaines mutations. L’équipe d’une étude préliminaire de Moderna a fait le même genre de constat : elle a observé une diminution d’un facteur six des anticorps capables de neutraliser le variant B.1.351. Malgré des titres d’anticorps neutralisants moins élevés, on s’attend à ce que les vaccins confèrent une immunité contre les variants actuellement connus. De plus, Moderna étudie les avantages qu’aurait une dose de rappel ciblant les variants.
Il est difficile de prévoir les effets cliniques des souches de variant actuelles et futures du SRAS-CoV-2. Comme nous exerçons une plus grande pression immunologique sur le virus, avec l’augmentation des taux d’immunité naturelle et due à la vaccination, nous pourrions découvrir d’autres variants. Il faudra faire une vaste surveillance génétique afin de suivre l’apparition de variants et leurs effets cliniques.
Pour en savoir plus, consultez la page thématique COVID-19 (Novel Coronavirus) dans DynaMed.
L’article original a été publié sur la plateforme EBSCO Health Notes. Rédigé par :
- Vito Iacoviello, M.D., rédacteur en chef adjoint de la section infectiologie, allergologie et immunologie chez DynaMed; et
- Heather D. Marshall, Ph. D., rédactrice médicale principale de la section infectiologie, allergologie et immunologie, et spécialiste des médias numériques chez DynaMed.
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