Association médicale canadienne

Qu’est-ce que l’usure de compassion?

L’usure de compassion (article en anglais) se produit lorsqu’on prend soin des autres ou de leur douleur émotionnelle, en voulant soulager leur souffrance. On l’appelle aussi « stress vicariant » ou « traumatisme indirect », en raison de la façon dont on peut prendre sur soi les traumatismes des autres. Les symptômes de l’usure de compassion peuvent être un obstacle à la prestation de soins aux patients et à l’accomplissement d’autres tâches.

L’usure de compassion n’est pas synonyme d’épuisement professionnel. Ce dernier est un syndrome psychologique caractérisé par l’épuisement émotionnel, la dépersonnalisation et une baisse du sentiment d’accomplissement personnel. Il se développe habituellement au fil du temps à la suite d’un stress prolongé, dans toute profession. À l’opposé, l’usure de compassion touche majoritairement les professionnels de la santé  (article en anglais) qui prodiguent des soins directs aux patients. L’usure de compassion peut également faire une apparition plus rapide et plus aiguë que l’épuisement professionnel.

L’usure de compassion et la COVID-19

La pandémie de COVID-19 a radicalement modifié les conditions de travail, ce qui entraîne un risque accru d’usure de compassion chez les médecins. Elle a causé un afflux aux soins intensifs de patients gravement malades et très contagieux (article en anglais) aux prises avec des symptômes mettant potentiellement leur vie en danger. Dans certains cas, comme l’indique un article en anglais du Journal of Clinical Nursing, le stress et les traumatismes associés à la situation sont amplifiés par les pénuries de lits et de personnel et par le manque de respirateurs et d’équipement de protection individuelle approprié.

Les médecins sont aussi à risque de contracter et de transmettre eux-mêmes la COVID-19. Nombre d’entre eux ont pris des mesures pour éviter de contaminer leurs proches, ce qui mène à un isolement social et à une réticence à demander de l’aide et du soutien.

Signes avant-coureurs de l’usure de compassion

L’usure de compassion se développe au fil du temps; en sachant quoi surveiller, vous pouvez en repérer les signes avant-coureurs. D’après le Centre de toxicomanie et de santé mentale, on compte parmi les principaux symptômes de l’usure de compassion (article en anglais) :

  • un sentiment d’impuissance face à la souffrance des patients;
  • une empathie et une sensibilité réduites;
  • un sentiment de surmenage et d’épuisement face aux exigences du travail;
  • un sentiment d’engourdissement ou de détachement émotif;
  • une perte d’intérêt pour ses activités préférées;
  • une augmentation de l’anxiété, de la tristesse, de la colère ou de l’irritabilité;
  • une difficulté à se concentrer ou à prendre des décisions;
  • une difficulté à s’endormir ou des troubles du sommeil comme des cauchemars;
  • des symptômes physiques (maux de tête, nausées, troubles digestifs, étourdissements);
  • une augmentation des conflits dans les rapports personnels;
  • une négligence de ses soins personnels;
  • un repli sur soi ou un auto-isolement;
  • une augmentation de la consommation de substances psychoactives comme automédication.

Stratégies d’adaptation et de prise en charge

Repérer les signes de l’usure de compassion peut vous aider à la maîtriser. Le programme Compass Mental Health de la Colombie-Britannique  (article en anglais) offre des conseils pour faire face à ces temps difficiles :

  • Pratiquez la pleine conscience pendant la journée en portant attention à vos pensées, à vos sentiments et à votre corps.
  • Lorsque vous sentez l’anxiété s’emparer de vous, concentrez-vous sur votre respiration; inspirez et expirez lentement pour vous calmer.
  • Si vous vous sentez dépassé et perdez le contrôle, prenez le temps de réfléchir aux choses sur lesquelles vous exercez un contrôle et que vous pouvez changer.
  • Établissez une bonne routine de soins personnels : mangez santé, faites de l’exercice, dormez assez longtemps.
  • Demandez de l’aide aux autres, que ce soit vos amis, votre famille ou un groupe de soutien entre pairs.
  • Prenez le temps de faire des activités bénéfiques et trouvez des moyens de rester en contact avec vos proches.
  • Décrochez des bulletins de nouvelles et limitez le temps que vous passez en ligne chaque jour.

Leçons de l’épidémie de SRAS de 2003

L’épidémie de SRAS de 2003 peut offrir des pistes intéressantes pour l’atténuation de l’usure de compassion. D’après un article de la Revue canadienne de santé publique (article en anglais), deux interventions fondées sur des données probantes permettraient de réduire le stress causé par une pandémie en favorisant la résilience individuelle.

  1. Cadre de Folkman et Greer : Une approche séquentielle conçue pour retrouver les sentiments positifs et encourager l’adaptation efficace lors d’une maladie grave. Les médecins peuvent aussi se servir de ce cadre pour générer des stratégies d’adaptation efficaces.
  2. Premiers soins psychologiques : Une approche favorisant la résilience face à une situation traumatisante. Les premiers soins psychologiques peuvent réduire le stress, offrir des renseignements importants et faciliter le soutien social.

Soutien organisationnel

Le leadership et la gestion des hôpitaux jouent aussi un rôle important dans l’atténuation de l’usure de compassion chez les médecins. La Dre Sharron Spicer explique (article en anglais) que quand vient le temps de prévenir l’usure de compassion, la bonne gestion et le bon leadership vont de pair. Les gestionnaires devraient prendre les mesures nécessaires pour assurer la prestation sûre et efficace des soins par les médecins. Améliorer la culture et l’efficacité de l’environnement de travail peut aussi contribuer à renforcer la résilience des médecins. Les leaders devraient militer pour les changements nécessaires, gérer les conflits dès qu’ils se présentent et voir au mentorat et à la planification de la relève.

Des stratégies organisationnelles efficaces peuvent promouvoir une culture de bien-être permettant de diminuer l’usure de compassion et augmenter la satisfaction de compassion. Cette dernière est le plaisir qu’on tire du travail, de l’aide aux autres, de la prestation de soins, de la collaboration avec ses collègues, des défis intellectuels et de l’altruisme.

Les médecins font face à des facteurs particuliers de stress au travail, mais il y a moyen de surmonter ces défis. Assurez-vous de connaître les signes d’usure de compassion et utilisez les conseils dans cet article pour la prévenir ou la maîtriser.

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