Association médicale canadienne

Merci, Docteure Collins, pour le leadership dont vous avez fait preuve au cours des 12 derniers mois, qui ont été parmi les plus difficiles et les plus dramatiques de l’histoire récente. Vous avez travaillé sans relâche dans notre nouveau monde virtuel pour soutenir la profession et les patients dans tout le pays. J’espère que bientôt, nous pourrons nous rencontrer en personne!

Je m’adresse à vous aujourd’hui depuis le territoire traditionnel de la Première Nation des Kwanlin Dunn et du Conseil des Ta'an Kwach'an. Je prononce cette déclaration de reconnaissance du territoire, consciente qu’elle doit s’accompagner d’une action en faveur d’un réel changement pour reconnaître les peuples autochtones en tant que gardiens de la terre que nous appelons maintenant le Canada.

Nous commençons à émerger de la pandémie, et le pays découvre les horreurs des pensionnats et les traumatismes intergénérationnels qu’ils ont causés. Les leaders autochtones de tout le pays nous demandent de reconnaître les torts du passé et de bâtir un avenir différent. Je m’engage à favoriser l’apprentissage continu, l’action concrète et l’adoption d’une approche à double perspective dans mon travail de présidente de l’AMC.

Les enseignements autochtones nous disent que pour connaître une personne, il faut savoir d’où elle vient. Je suis la fille de Jim et Marilyn Smart de Swift Current, en Saskatchewan, où j’ai grandi, toujours curieuse de découvrir le monde et les gens au-delà de ma petite communauté. Mon arrière-grand-père, aventurier et colon, est arrivé au Canada au début des années 1900 pour établir des ranchs dans le territoire du Traité no 4, connu aujourd’hui sous le nom de Saskatchewan, mais qui faisait partie à l’époque des Territoires du Nord-Ouest. Aujourd’hui, je me trouve au Yukon, où il s’est aventuré pendant la ruée vers l’or. Je crois avoir hérité de sa curiosité d’esprit et de son désir d’en apprendre davantage sur les gens et les lieux.

J’ai grandi avec la conviction que ce qui rend le plus heureux dans la vie, c’est de faire quelque chose pour quelqu’un d’autre – cela fait partie de mon « folklore familial ». Ma curiosité, combinée à ce désir d’engagement envers autrui, m’a amenée à pratiquer la médecine partout au Canada et dans le monde entier – en Afrique du Sud, au Nunavut, dans le nord du Manitoba, dans le Downtown Eastside de Vancouver, à Calgary, au Laos, en Ouganda, en Australie et maintenant au Yukon. J’ai eu le privilège de rencontrer tant de personnes exceptionnelles durant mon parcours, qui m’amène aujourd’hui à travailler en votre nom, chers collègues, à titre de présidente de l’AMC.

Au fil de notre carrière en médecine, je pense qu’il est important de réfléchir aux raisons de notre présence ici et à l’objectif de notre travail. Depuis que j’ai commencé dans la profession, je me passionne pour la représentation et les services aux patients et aux populations trop souvent négligés par le système de santé soi-disant universel du Canada. Certaines de mes premières expériences, d’abord en tant qu’étudiante en médecine, puis comme résidente en pédiatrie, m’ont ouvert les yeux sur le rôle essentiel des aspects sociaux de la santé. Vingt ans et quelques milliers de patients plus tard, ma conviction s’est renforcée, à mesure que se sont poursuivis mes apprentissages sur d’innombrables « intersections » : qui sommes-nous, d’où venons-mous et comment tous les aspects de notre histoire influent-ils sur notre santé et notre bien-être?

Mon intérêt pour l’équité en santé s’est éveillé au début de ma carrière, et la possibilité d’améliorer les services aux enfants et aux jeunes dans le Nord du Canada m’a menée jusqu’au Yukon, où j’ai eu la chance de mettre sur pied un programme de pédiatrie fondé sur les concepts et les valeurs de la médecine sociale. Notre pratique est solidement ancrée dans la notion de représentation des patients et, comme c’est le cas pour beaucoup d’entre vous, cela fait partie intégrante de mon travail.

Au cours de la dernière année, la pandémie a rendu deux choses encore plus évidentes pour moi. Premièrement, beaucoup trop de gens au Canada n’ont pas une chance équitable de vivre en santé, et il est plus urgent que jamais de corriger ce déséquilibre. Deuxièmement, comme l’a souligné la Dre Collins, on observe un fort esprit de représentation et un désir de prendre la parole au sein de notre profession. Chaque jour, durant la pandémie, j’étais fière et saisie d’une grande admiration en voyant de nombreux médecins canadiens défendre les patients. Vos voix et votre travail acharné ont sauvé des milliers de vies et créé, selon moi, un vaste mouvement pour redéfinir la santé, les soins de santé et la culture médicale au pays.

Le statu quo n’est plus acceptable pour de nombreux enjeux : la participation aux processus décisionnels, l’inaccessibilité du système à certains patients, l’accès insuffisant à divers services – soins primaires, soins de longue durée, assurance médicaments, soutien en santé mentale –, le logement et le salaire de subsistance. Nous ne pouvons plus attendre pour mettre en œuvre les recommandations de la Commission de vérité et réconciliation; les enfants et les familles autochtones méritent d’avoir accès à des soins de santé sûrs et ils ne doivent plus subir les effets du colonialisme et des traumatismes intergénérationnels. Nous ne pouvons plus attendre avant de prendre des mesures pour éviter la catastrophe climatique à laquelle contribue le secteur des soins de santé.

Je suis ici aujourd’hui parce que ces enjeux me tiennent à cœur. Forte de mon travail au sein du Conseil d’administration au cours de la dernière année et à la lumière de notre nouvelle stratégie, je suis impatiente de les défendre avec vous. Je m’engage à collaborer avec vous, à vous écouter, à faire entendre vos préoccupations et à me battre à vos côtés pour bâtir un système de santé qui nous valorise en tant que médecins, respecte nos points de vue et nous garde en santé, tout en nous permettant d’offrir les soins dont nos communautés ont besoin.

Je tiens à remercier mon mari, Curtis, et mes enfants, Nyah et Luca, de m’avoir soutenue dans ma décision d’assumer ces nouvelles fonctions. Je suis honorée de pouvoir mettre ma passion de la représentation au service de notre profession et des patients. Je vous remercie. Mashi Cho.

Dre Katharine Smart, présidente de l’AMC

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