Association médicale canadienne

Bonjour à tous.
 
Je témoigne aujourd’hui devant le Comité à titre de président de l’Association médicale canadienne et j’ai l’honneur de représenter nos membres, les médecins de première ligne. Je suis le Dr Sandy Buchman et j’ai plus de 40 ans d’expérience en médecine familiale intégrée. Je m’intéresse particulièrement aux soins primaires, aux soins en cancérologie et aux soins palliatifs, au VIH/SIDA, à la santé dans le monde et à la responsabilité sociale de la profession médicale. Je prodigue actuellement des soins palliatifs à domicile ainsi qu’auprès des itinérants de Toronto. 

Depuis 1867, l’AMC s’emploie à améliorer la santé des Canadiens et à renforcer le système de santé. Nous représentons des médecins dévoués qui luttent contre la COVID-19 aux côtés d’autres professionnels de la santé.

Les médecins et autres professionnels de la santé, aussi représentés aujourd’hui, sont le fer-de-lance  du secteur : ils s’occupent des personnes atteintes de la COVID-19 tout en veillant au fonctionnement continu du système de santé.

Comme nous le savons, les travailleurs de la santé sont plus susceptibles de contracter la COVID-19 que la population générale. Ils mettent en danger leur santé – et celle de leurs proches – pour s’occuper d’autrui. Au moment où nous envisageons de lever certaines restrictions, nous devons veiller à ce que la relance de l’économie ne l’emporte pas sur la santé des travailleurs de première ligne.

L’économie ne peut prospérer tant que le système de santé demeure malade.

Notre système de santé est malade depuis un certain temps. Les lacunes présentes avant la COVID-19 sont devenues flagrantes : accès difficile aux soins, affaiblissement des réseaux de soins primaires, état désastreux des soins aux aînés, services en santé mentale insuffisants et inadéquats…

Longtemps avant la COVID-19, trop de Canadiens passaient à travers les mailles du filet. Trop de médecins et de professionnels de la santé étaient à bout. Ces mailles n’ont fait que s’élargir. Elles sont devenues lâches.

Avant la crise de la COVID-19, le système de santé était constitué d’une mosaïque de services non coordonnés, ce qui a contribué à notre manque de préparation. Nous devons absolument renforcer notre capacité en santé publique pour pouvoir faire face aux urgences dans le domaine. Nous ne pouvons nous considérer comme civilisés si nous poursuivons dans cette voie.

Madame la Présidente, mon intervention ne dure que cinq minutes. Elle a une fin. La pandémie, elle, ne disparaîtra pas tout simplement. Elle n’est pas temporaire. Le retour aux anciennes habitudes n’est pas une option. Les médecins et les travailleurs de la santé continuent de mettre leur vie en danger. Impossible de revenir en arrière : la normalité aura une nouvelle signification. Nous apprendrons à lutter contre ce virus terrible, mais nous devons mettre à profit le savoir acquis pour créer un avenir en meilleure santé.

Nous avons appris que nous pouvons tous bénéficier de la télémédecine et des soins de santé virtuels. Nous avons appris que ce système peut fonctionner et permettre la prestation équitable de services de santé à la population canadienne. La pandémie a montré irréfutablement que les soins virtuels peuvent jouer un rôle important dans la prestation de soins au Canada. 

Notre population vieillit. Comme plus de la moitié des décès associés au virus sont survenus dans des centres de soins de longue durée, le moment est venu de relancer la discussion sur l’adoption d’une stratégie nationale coordonnée de soins aux aînés. Nous avons encore tant à faire pour bien nous occuper de nos personnes âgées et bien les protéger.

Nous devons aussi nous occuper de ceux qui prennent soin de la population canadienne. Nos travailleurs de la santé de première ligne font face à une situation sans précédent. Malheureusement, la pénurie d’équipement de protection individuelle perdure. Les médecins continuent de s’inquiéter vivement du manque d’EPI. On leur dit de rationner et de réutiliser, et, dans certains cas, de composer avec des équipements non conformes. Cette situation, conjuguée aux horaires surchargés, fait grimper les niveaux d’anxiété. D’autres mesures reconnaissant les risques et le fardeau financier vécus par ces travailleurs sont plus que nécessaires. Les pertes financières n’ont pas leur place dans la multitude de problèmes que vivent déjà nos travailleurs de première ligne.

En terminant, Madame la Présidente, si nous n’appuyons pas nos travailleurs de première ligne en leur fournissant l’équipement de protection, les infrastructures technologiques, les politiques et les mesures supplémentaires nécessaires pour aider la population canadienne, nous nous retrouverons dans une position aussi périlleuse qu’avant cette période de transformation. Personne ne peut se le permettre.
 

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