L’année 2023 a été la plus chaude de l’histoire, et 2024 suit le même rythme. Le Canada est particulièrement menacé : le pays se réchauffe deux fois plus vite que l’ensemble de la planète. Voici ce que cela signifie pour notre santé, et pour le système de soins sur lequel nous comptons pour la préserver.
En quoi consiste la chaleur extrême?
Environnement et Changement climatique Canada (ECCC) applique des critères différents en fonction des conditions climatiques habituelles de chaque région. Par exemple :
- Tout au nord, au Yukon, on émet un avertissement de chaleur extrême lorsqu’on prévoit au moins deux jours consécutifs où le mercure atteindra 28 °C ou plus le jour et ne descendra pas plus bas que 13 °C la nuit.
- À l’intérieur des terres au sud de la Colombie-Britannique, on n’émet un avertissement que si on prévoit des températures maximales de 35 °C ou plus le jour sans que le minimum redescende sous les 18 °C.
Quel est l’effet des vagues de chaleur pour la santé?
Les vagues de chaleur et l’exposition prolongée aux températures élevées ont plusieurs effets sur la santé :
- Une importante hausse de la température corporelle peut mener à des problèmes tels que l’épuisement par la chaleur ou le coup de chaleur. Dans les cas extrêmes, elle peut entraîner la mort.
- La transpiration abondante peut mener à la déshydratation, qui peut à son tour causer crampes, éruptions cutanées, faiblesse, évanouissements, etc., ainsi qu’aggraver les problèmes rénaux et autres troubles de santé.
- Lorsque le corps cherche à se refroidir, il redirige le débit sanguin vers la peau, ce qui force le cœur à travailler plus fort qu’à la normale. Cet effort additionnel peut entraîner des problèmes pour les personnes atteintes de problèmes cardiaques.
La chaleur extrême a aussi des répercussions sanitaires indirectes, notamment :
- Appauvrissement de la qualité de l’air. Les températures élevées et l’air stagnant peuvent exacerber la pollution par l’ozone et les particules, particulièrement dans les grandes villes et les centres à forte densité urbaine. L’effet est exacerbé lorsque s’ajoute la fumée des feux de forêt, qui ont fait rage un peu partout au pays en 2023.
- Multiplication des blessures au travail. Lors du dôme de chaleur en Colombie-Britannique en 2021, les indemnisations ont grimpé de 180 % – dont un tiers émanait de la main-d’œuvre travaillant à l’intérieur.
- Association potentielle à une augmentation de la détresse psychologique et à de la violence sexiste, selon les études.
Qui est le plus vulnérable à la chaleur?
Les enfants et les personnes âgées sont généralement plus sensibles à la chaleur, tout comme ceux et celles qui ont déjà des problèmes de santé. Les personnes qui prennent certains médicaments, comme des antidépresseurs, peuvent également se voir fragilisées. Et celles qui n’ont pas un domicile convenable, la climatisation ou un approvisionnement fiable et suffisant en eau potable peuvent également avoir du mal à composer avec la chaleur.
- En Colombie-Britannique pendant le dôme de chaleur de 2021, les températures ont atteint des pics supérieurs à 40 °C dans différentes parties de la province. Un rapport du bureau des coroners de la Colombie-Britannique a relevé 619 décès liés à la chaleur : 98 % sont survenus à l’intérieur, et la plupart des victimes avaient plus de 70 ans (67 %), étaient atteintes de multiples maladies chroniques et vivaient seules (56 %).
- Une étude de Statistique Canada publiée en juin 2024 et menée entre 2000 et 2020 s’est intéressée aux effets de la chaleur extrême sur la mortalité dans 12 villes canadiennes. Comme c’était le cas pour la Colombie-Britannique, elle a rapporté une hausse des décès lors des périodes de grandes chaleurs, particulièrement chez les plus de 65 ans et dans les villes ayant une forte proportion de ménages locataires.
Qu’est-ce que cela signifie pour notre système de soins de santé?
Les maladies causées par les vagues de chaleur extrême créent une charge supplémentaire pour un système de santé déjà mis à rude épreuve par l’accès difficile aux soins primaires et les temps d’attente record aux urgences. Qui plus est, nombre d’établissements de santé au Canada – comptant parmi les plus anciennes infrastructures publiques encore en usage, la moitié d’entre eux ayant été construits voilà plus de 50 ans – n’ont pas été conçus pour résister aux phénomènes climatiques extrêmes.
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Les changements climatiques posent une menace grandissante pour la santé.
Le Canada n’est pas prêt.
[Le texte de la voix hors champ apparait à l’écran.]
Le Canada a connu en 2023 la pire saison de feux de forêt de son histoire.
Aucune province ni aucun territoire n’a été épargné.
Ce n’est qu’un des nombreux bouleversements climatiques qui affectent déjà la santé et les travailleurs et travailleuses de la santé.
Et le Canada se réchauffe deux fois plus vite que le reste de la planète. Les menaces actuelles pour la santé pourraient s’intensifier.
La chaleur extrême peut causer des lésions au cerveau, au système nerveux central et à d’autres organes.
L’anxiété et la dépression climatiques augmentent.
De nouvelles menaces pourraient apparaître.
Les effectifs du domaine de la santé sont déjà en crise partout au pays.
Près de la moitié des établissements de santé du Canada ont plus de 50 ans et sont mal équipés pour faire face à des urgences climatiques.
Notre système de santé fait partie du problème : il est à l’origine de plus d’émissions de gaz à effet de serre que les secteurs de l’aviation et du transport maritime.
En fait, le Canada est l’un des pires pollueurs par personne dans le secteur de la santé.
L’empreinte carbone du système équivaut à celle de 500 centrales au charbon.
Nous pouvons faire mieux.
[Le texte de la voix hors champ apparait à l’écran.]
L’Association médicale canadienne demande au gouvernement fédéral de créer un secrétariat sur les changements climatiques et leurs effets sur la santé.
Ce secrétariat faciliterait une approche pancanadienne aux effets des changements climatiques sur la santé.
Et il favoriserait la création d’un système de santé à l’épreuve des changements climatiques et sobre en émissions de carbone.
Nous pouvons nous inspirer du National Health Service de l’Angleterre.
Ce système de santé a réduit ses émissions d’une quantité équivalant à l’alimentation électrique de plus d’un million de foyers.
Un hôpital de Birmingham a réalisé la première opération chirurgicale carboneutre en 2022.
Le Canada doit lui aussi adapter les soins de santé à notre nouvelle réalité.
Et atténuer les changements climatiques pour assurer un avenir plus sain.
Notre système de santé peut être bon pour la patientèle et pour la planète.
Pour en savoir plus, inscrivez-vous à amc.ca/climat.
[Le texte de la voix hors champ ainsi que le logo de l’Association médicale canadienne apparaissent à l’écran.]
Un rapport de l’Institut climatique du Canada fait état des effets du dôme de chaleur britanno-colombien sur l’infrastructure de santé :
- Les vieux bâtiments peuvent devenir étouffants. C’est notamment le cas de l’étage des soins de courte durée au Lions Gate Hospital, où il a fait 38 °C. « Dans quelques cas, a indiqué le rapport, les services d’incendie ont aspergé d’eau le toit de cliniques de santé pour tenter de faire redescendre la température à l’intérieur. »
- Les refroidisseurs des appareils de TDM ont parfois défailli, ce qui a « sévèrement limité la capacité de diagnostic et de traitement des AVC, des traumas et d’autres urgences médicales comme l’appendicite aiguë ».
- Les ambulances aériennes n’étaient pas en mesure d’atterrir à certains hôpitaux parce que « l’air chaud n’était plus assez dense pour faire du sur place et se poser en toute sécurité ».
S’adapter à un climat qui change
Les étés d’aujourd’hui ne sont plus ceux d’antan. On assiste à une augmentation de la fréquence, de l’ampleur et de la durée des vagues de chaleur et autres phénomènes climatiques extrêmes partout au pays – même là où le climat est typiquement tempéré, comme à Vancouver ou à Halifax.
Le gouvernement fédéral s’est lancé dans une batterie d’études d’attribution rapide des phénomènes météorologiques extrêmes afin d’orienter son travail de planification. En juin 2024, ECCC a décrété pour la toute première fois que les températures supérieures à la normale observées ce mois-là en Ontario, au Québec et dans le Canada Atlantique étaient devenues de deux à dix fois plus probables en raison de l’influence humaine sur le climat.
Le système de santé fait partie du problème : responsable de 4,6 % des émissions totales de gaz à effet de serre (GES) du Canada, il fait de notre pays l’un des pires pollueurs par habitant au monde dans le secteur de la santé.
L’AMC appelle à la coordination à l’échelle nationale pour des soins de santé durables et résilients face aux changements climatiques, réclamant notamment la création d’un secrétariat fédéral sur les changements climatiques et leurs effets sur la santé. En collaboration avec les gouvernements provinciaux et territoriaux ainsi qu’avec les gouvernements et partenaires autochtones, le secrétariat travaillerait à l’élaboration d’une approche pancanadienne pour contrer les répercussions des changements climatiques sur la santé et créer des systèmes de santé durables, à l’épreuve de ces changements et sobres en émissions de carbone.
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