Association médicale canadienne

Le Dr Alika Lafontaine se souvient du temps où il avait peur de parler. Parce qu’il présentait un bégaiement et des troubles d’apprentissage, ses enseignants du primaire lui avaient dit qu’il serait « chanceux » s’il arrivait à terminer son secondaire. Mais sa mère refusa d’accepter ce pronostic, disant à son fils qu’il pourrait aller loin dans la vie, et même devenir médecin.

« Ma mère m’a vraiment poussé grâce à la vision qu’elle avait de mon avenir. Elle m’a appuyé dans toutes sortes d’activités auxquelles je n’avais jamais pensé pouvoir participer. »

Aujourd’hui, anesthésiologiste à Grande Prairie, en Alberta, le Dr Lafontaine utilise la même stratégie pour une cause qui lui tient à cœur : il se fait le porte-parole de la création d’un contexte propice où les communautés autochtones peuvent travailler avec des médecins, des politiciens et des décideurs en vue d’améliorer la santé des Autochtones.

L’Alliance en santé des Autochtones est un exemple de travail de représentation mené par le Dr Lafontaine. En 2013, alors qu’il aidait les Premières Nations de la Saskatchewan à trouver pourquoi leur population était aussi malade, il a constaté qu’il y avait un écart dans l’approche d’amélioration de la qualité des soins entre les patients autochtones et les patients non autochtones. Déterminé à éliminer cette différence dans tout le pays, le Dr Lafontaine a élaboré et dirigé une stratégie nationale auprès d’organisations territoriales représentant 150 Premières Nations et plusieurs organisations de santé nationales. Cette proposition — l’Alliance en santé des Autochtones — a ensuite été soumise au gouvernement fédéral au nom de ces Premières Nations pour susciter des changements au sein du système de santé.

L’automne dernier, le gouvernement fédéral a attribué 68 millions de dollars au projet, somme qui a incité le Dr Lafontaine à se retirer avec fierté après s’être assuré que la mise en œuvre était bien dirigée par les Premières Nations.

« Lorsqu’il est question de représentation, vous créez le forum et le contexte, puis vous laissez les gens discuter de ce qu’ils ont envie de créer. »

Grâce à l’appui de l’Association médicale canadienne, le Dr Lafontaine est sur le point de créer un nouvel espace : une communauté d’intérêts sur la santé des Autochtones, plateforme virtuelle où il souhaite sensibiliser médecins et communautés des Premières Nations à d’autres perspectives afin qu’ils puissent aborder ouvertement des sujets comme le racisme et la discrimination.

« À moins qu’un praticien en arrive au point où il peut se pencher sur ces problèmes avec sincérité, il n’entreprendra jamais le cheminement pour se débarrasser de ses préjugés, pas plus qu’il n’offrira de meilleurs soins. »

En plus de son travail avec l’AMC, le Dr Lafontaine siège à plus d’une douzaine de comités et conseils qui traitent de la santé des Autochtones, et joue un rôle influant auprès de chaque ordre de gouvernement en matière de sensibilisation. La communication narrative qu’il utilise, la description de ses rencontres avec des patients, son vécu et le fait qu'il soit d'origine crie, métisse et insulaire du Pacifique contribuent à changer les mentalités.

« Je me suis rendu compte que, quand les gens sont capables de s’ouvrir et d’échanger, c’est le début du changement. C’est une véritable lueur d’espoir. »


Le Dr Alika Lafontaine reçoit le Prix Sir-Charles-Tupper d’action politique pour avoir récemment fait preuve de leadership, d’engagement et de dévouement dans la promotion des objectifs et des politiques de l’AMC par le biais d’initiatives de représentation locale.

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