Association médicale canadienne

Dre France Légaré

La participation active du patient dans les décisions liées aux soins est de nos jours largement considérée comme une bonne pratique. Or, il n'en a pas toujours été ainsi.

« En tant que médecins, nous avions généralement l'habitude de décider du traitement à la place des patients, explique la Dre France Légaré. Essentiellement, nous leur disions ce que nous allions faire, plutôt que de leur demander ce qu'ils voulaient que nous fassions. »

Consciente d'un besoin de changer les façons de faire, la Dre France Légaré a consacré sa carrière à défendre avec ferveur la participation et la responsabilisation des patients, et c'est un combat qui n'a pas toujours été facile. Elle se souvient d'une demande de subvention faite dans les années 1990 avec sa collègue, la Dre Annette O'Connor, afin de financer les essais portant sur un outil d'aide à la décision pour les patients, outil qui facilite l'implication des gens dans les décisions qui concernent leurs soins de santé en leur fournissant de l'information précise sur les choix qui s'offrent à eux et les résultats possibles, et en leur permettant de définir leurs valeurs personnelles.

« Non seulement on ne nous a pas accordé de subvention, mais on nous a classées dernières parmi toutes les candidatures, se remémore-t-elle. Les évaluateurs n'arrivaient même pas à comprendre ce que nous pensions pouvoir tirer de notre projet. »

Une idée en avance sur son temps

Les deux collègues ont choisi d'aller de l'avant avec le développement, l'application et les essais de leur outil décisionnel destiné à aider les femmes à l'aube de la ménopause à prendre des décisions éclairées sur l'hormonothérapie substitutive. Le projet a été couronné de succès et dix ans plus tard, lorsqu'elles ont de nouveau déposé une demande pour la même subvention afin de poursuivre leurs travaux, celle‑ci s'est classée en première position.

« Par moments, c'était difficile de rester motivées en attendant que la société et la profession médicale nous rattrapent, admet la Dre France Légaré. Mais je suis si heureuse que nous l'ayons fait. »

En plus de son travail dans le développement d'outils décisionnels, la Dre France Légaré a mené des recherches approfondies sur la prise de décision partagée et ses effets sur la relation patient-médecin. Elle est l'auteure la plus prolifique au monde sur le sujet et a apporté des données probantes à l'appui d'une plus grande intégration de ce principe à une réforme des études de médecine, des politiques et du système de soins de santé.

Épauler la prochaine génération pour la suite des choses

La Dre France Légaré continue d'enseigner aux nouvelles générations d'étudiantes et d'étudiants en médecine l'importance de traiter chaque patient comme étant unique, et ce, même si le diagnostic est le même chez plusieurs. Elle est convaincue que son travail a contribué à poser les bases de cette évolution majeure en médecine et trouve cela extrêmement satisfaisant de voir de jeunes médecins aller encore plus loin.

« Aujourd'hui, c'est tout ce qu'ils connaissent, termine-t-elle. La participation du patient est devenue une pratique tellement enracinée, une norme si attendue qu'on peine à s'imaginer faire les choses autrement, et c'est parfait comme ça. »

La Dre France Légaré reçoit la Médaille de service Dr-Léo-Paul-Landry pour souligner ses contributions exceptionnelles au rehaussement des normes de l'exercice de la profession médicale au Canada et à l'avancement de l'art et de la science de la médecine.

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