Association médicale canadienne

Le 8 décembre, l'AMC a tenu le deuxième événement du Sommet sur la santé | Hors-série : choix audacieux pour les soins de santé, une conversation nationale avec des médecins et d’autres parties prenantes clés sur le besoin urgent d’une réforme du système de santé. Cette séance portera sur la prestation de soins dans un contexte efficace et efficient. Voici des éléments qui orientent les nouveaux modèles de soins.

choix audacieux pour les soins de sante 8 decembre de 18 h 30 a 20 h (HE)

L’AMC FAIT LE POINT SUR…

Combien de fois les patients devront-ils raconter leur histoire? 

La réponse est un bon indicateur de la qualité de l’organisation des services de santé – pour les personnes qui en ont besoin et pour celles qui les fournissent.

Et au Canada, la réponse est trop souvent « encore et encore », à chaque étape des soins.

Les soins sont offerts dans différents cadres, par différents professionnels de la santé, mais dans bien des cas, les équipes, les personnes et les organisations travaillent indépendamment; il y a peu de soutien – ou de responsabilité – en matière de continuité des soins. 

Les patients et leurs familles – en particulier ceux qui souffrent de maladies complexes ou chroniques, ou de multimorbidité – peuvent être laissés pour compte lorsqu’ils changent de fournisseurs de soins, ou ils sont obligés de naviguer seuls dans le système de santé.

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« La fragmentation – le parcours de patients réduit en petits morceaux gérés par des entités autonomes, isolées et non coordonnées – rend l’expérience très difficile. C’est aussi l’une des nombreuses raisons pour lesquelles il est si ardu de gérer nos systèmes de santé actuels. »
- Dr Alika Lafontaine, M.D., sur Twitter

Le cloisonnement des soins comporte aussi son lot de difficultés pour les professionnels de la santé. Il peut créer des goulots d’étranglement, augmentant la pression dans le continuum des soins. Il faut composer avec de nombreux systèmes de dossiers électroniques, d’une incompatibilité frustrante. Cela nuit fondamentalement à la relation avec les patients, qui est la pierre angulaire de la médecine et, pour de nombreux travailleurs de la santé, la raison même de leur épanouissement professionnel. 

Il est possible d’avoir un modèle de prestation des soins plus intégré et collaboratif. Voici quelques points clés pour assurer une meilleure organisation des ressources en santé :

Utilisation optimale des professionnels de la santé

Depuis plus de dix ans, le milieu médical demande des équipes de soins multidisciplinaires intégrées – surtout dans le domaine des soins primaires.

Optimisation des champs d’exercice

Les soins en équipe permettent aux professionnels de la santé de travailler dans un champ d’exercice optimal. Par exemple, l’ajout d’un transcripteur médical à un cabinet de médecine familiale donnerait aux médecins plus de temps pour s’occuper des patients et allégerait le fardeau administratif – l’un des principaux facteurs contribuant à l’épuisement professionnel des médecins. En travaillant ensemble, les médecins, le personnel infirmier, les pharmaciens et les travailleurs sociaux (entre autres) peuvent compléter les compétences et l’expertise de chacun.

Les équipes de soins dans des milieux intégrés peuvent aussi être un point de contact cohérent pour les patients qui interagissent avec différents fournisseurs de soins, et aider les patients, les familles et les aidants à naviguer dans les services sociaux (logement et autres déterminants sociaux de la santé).

Extension des soins primaires

Bien que leurs champs d’exercice varient selon les provinces et les territoires, les infirmières praticiennes pourraient aider à combler des lacunes dans les soins de santé découlant des pénuries de médecins de famille. Le personnel paramédical spécialisé peut aussi être une extension des soins primaires. Dans le comté de Renfrew, près d’Ottawa, le personnel paramédical évalue la situation et offre des soins dans la communauté – dirigeant les patients vers des médecins au besoin. 

Les soins virtuels, qui ont rapidement augmenté au début de la pandémie, peuvent être un meilleur usage du temps des fournisseurs de soins et des patients. En tant qu’élément d’un système de santé intégré, ils peuvent également améliorer l’accès aux soins. 

Un permis d’exercice pancanadien permettrait aux médecins d’offrir des soins virtuels et en personne là où les besoins sont les plus importants.

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« Ensemble, nous pouvons bâtir – pour la première fois depuis l’arrivée de l’assurance-maladie – un système de santé intégré, coordonné et collaboratif. »
Dr Alika Lafontaine, Globe and Mail

De nouvelles approches des soins spécialisés et chirurgicaux 

La pandémie de COVID-19 a créé un cercle vicieux de reports d’interventions et de pénuries de personnel, qui a contribué à des retards massifs en soins spécialisés et chirurgicaux. Il est primordial d’améliorer la dotation – surtout en personnel infirmier. Un certain nombre de provinces mettent à l’essai d’autres modèles pour l’aiguillage et le traitement des patients.

Admissions centralisées

Un projet pilote mené en Alberta montre comment un système centralisé pour les interventions chirurgicales non urgentes comme l’arthroplastie de la hanche et du genou peut réduire les temps d’attente. Les demandes de consultation pour des interventions et des examens diagnostics sont envoyées à une clinique centrale où les patients peuvent prendre rendez-vous avec un médecin précis ou avec celui qui offre le temps d’attente le plus court. 

Centres de chirurgie désignés

De nouvelles approches des chirurgies moins complexes permettent de garder les patients hors des hôpitaux surchargés et de réduire les coûts. Dans le cadre d’un programme mené à London, certaines chirurgies orthopédiques sont faites dans des blocs opératoires ambulatoires. 

Le premier ministre du Nouveau-Brunswick propose une collaboration interprovinciale pour créer des centres de chirurgie désignés. Cela permettrait de réduire les temps d’attente pour les interventions du genou et de la hanche courantes, ou de fonctionner comme le Centre cardiaque du Nouveau-Brunswick, à Saint John, qui accepte des patients souffrant de troubles cardiaques de tout le Canada atlantique.

Nouveaux modes de paiement

Plus de 70 % des médecins du Canada sont rémunérés à l’acte. 

Cependant, de nombreux membres de l’Association médicale canadienne (AMC) disent être mécontents de ce modèle, qui fait passer la quantité avant la qualité, au détriment des soins en équipe, des services en santé mentale et de la gestion des maladies chroniques.  

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« Depuis quelques années, les médecins de famille disent que la rémunération à l’acte ne permet pas de supporter l’augmentation des dépenses de leur cabinet. De plus, ils subissent une pression liée à la complexité croissante des besoins médicaux de leurs patients. »
- Globe and Mail

Dans le domaine des soins primaires, d’autres modèles de rémunération, notamment par capitation ou à salaire, peuvent encourager les soins en équipe et améliorer les résultats pour les patients. En juillet, la Nouvelle-Écosse a annoncé un nouveau programme pilote visant à encourager les soins en équipe par l’intermédiaire d’un modèle de rémunération par capitation.

En octobre, la Colombie-Britannique a annoncé qu’elle comptait lancer un nouveau modèle de rémunération des médecins de famille fondé sur le nombre de patients vus, la complexité des cas, les services fournis et le temps passé avec chaque personne.

Les paiements groupés relient la rémunération à l’ensemble des soins requis pour traiter certaines maladies ou certains événements médicaux – comme une chirurgie et le retour dans la communauté – et encouragent la prestation de soins efficaces et de qualité.

Voyez comment l’AMC défend la prestation de soins intégrés et en équipe au palier national.