Dre Claudel Pétrin-Desrosiers
En première année de médecine à l'Université de Montréal, la Dre Claudel Pétrin-Desrosiers est tombée sur une étude indiquant que les changements climatiques sont la plus grande menace pour la santé au 21e siècle.
« Dès lors, j'ai su que je ne pouvais pas être médecin sans m'intéresser à cet enjeu », dit-elle. « Les changements climatiques multiplient les risques pour la santé et exacerbent les problèmes auxquels les communautés sont confrontées, tels que l'accès au logement, la sécurité alimentaire et hydrique, la pauvreté et les inégalités sociales. »
Elle embrasse donc la cause en présidant le chapitre québécois de la Fédération internationale des associations d'étudiants en médecine (IFMSA), un organisme qui sensibilise les étudiants en médecine aux enjeux de santé publique et de santé mondiale.
« Je me trouvais dans une position privilégiée », se rappelle-t-elle. « En 2012, nous n'étions qu'une vingtaine de personnes dans le monde à témoigner des conséquences des changements climatiques sur la santé. »
La Dre Pétrin-Desrosiers met alors en veilleuse sa 3e année d'études afin de servir l'IFMSA à titre de vice-présidente aux affaires externes. Elle y porte la voix de 1,3 million d'étudiants en médecine de plus de 120 pays, et gère une équipe internationale de plus de 100 membres. En 2016, elle co-signe un manuel de formation pour les étudiants, reconnu par l'Organisation mondiale de la Santé et par la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC).
La voix des médecins s'élève
On ne peut nier les conséquences des changements climatiques sur la santé. Les vagues de chaleur extrême, les feux de forêt et les inondations accroissent l'incidence des problèmes cardio-respiratoires, des maladies infectieuses, et des traumatismes physiques et psychologiques. Les médecins sont les premiers témoins des effets dévastateurs des changements climatiques sur la santé.
« La planète surchauffe. On parle souvent des arbres et des ours polaires, mais on ne parle pas tant de nous-mêmes », souligne la Dre Pétrin-Desrosiers. « Or, en abordant les changements climatiques dans une perspective de santé, on y apporte une dimension humaine. »
Une réflexion mondiale; une action locale
C'est dans cette optique qu'elle mobilise une vingtaine d'organisations du secteur de la santé en 2019 afin d'élaborer un document visant à convaincre le gouvernement du Québec de traiter les changements climatiques comme une urgence en matière de santé. Le regroupement, appelé La planète s'invite en santé, envoie un contingent impressionnant à la grande marche mondiale pour le climat en septembre de 2019.
Peu de temps après, la Dre Pétrin-Desrosiers agit comme porte-parole du rapport 2019 Lancet Countdown sur la santé et les changements climatiques. Selon ce dernier, le secteur médical est responsable d'environ 4 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) au Canada. Comparativement aux systèmes médicaux de 47 autres pays, celui du Canada arrive au 3e rang des émissions par habitant.
« Le credo des médecins est "avant tout, ne pas nuire" », dit-elle. « Si l'on veut joindre le geste à la parole, nous devons également réduire l'empreinte environnementale de notre système de santé. »
Une prescription pour l'avenir
Aujourd'hui, la Dre Pétrin-Desrosiers a terminé sa résidence en médecine familiale au CLSC des Faubourgs à Montréal et fait sa maîtrise en environnement, dans le cadre du programme de formation de cliniciens-chercheurs. Elle préside le comité québécois de l'Association canadienne des médecins en environnement (ACME).
La Dre Claudel Pétrin-Desrosiers reçoit le prix de leadership Dr-Brian-Brodie pour apprenants en médecine en reconnaissance de son dévouement, son engagement et son leadership exemplaires en tant qu'étudiante en médecine.