Association médicale canadienne
D<sup>r</sup> Kendall Ho

« À l’heure actuelle, nous avons une occasion en or d’améliorer la littératie en santé numérique au Canada pour aider les professionnels de la santé et les patients à utiliser au mieux les technologies à leur disposition. »


Quand on les compare à l’arsenal de surveillance médicale, les outils sont assez élémentaires : tensiomètre, oxymètre de pouls, pèse-personne, tablette informatique. Le Dr Kendall Ho est toutefois d’avis qu’entre les mains d’un patient, ils peuvent changer la donne.

« À l’heure actuelle, nous avons une occasion en or d’améliorer la littératie en santé numérique au Canada pour aider les professionnels de la santé et les patients à utiliser au mieux les technologies à leur disposition. »

Le Dr Ho, urgentologue à l’Hôpital général de Vancouver, s’efforce d’améliorer cette littératie grâce à une étude quadriennale intitulée TEC4Home, qui permet aux patients atteints d’insuffisance cardiaque de surveiller leur propre santé à domicile. 

La formule est simple : pendant 60 jours après leur congé de l’hôpital, les patients utilisent ces quatre appareils pour mesurer leurs données biométriques et surveiller leurs symptômes. Chaque jour, une infirmière examine l’information à distance et communique avec le patient au besoin. L’infirmière avertit également le médecin de famille du patient si celui-ci a besoin de soins supplémentaires – par exemple, d’un changement de médicament. 

« Ce que nous espérons, c’est que lorsque les patients optimiseront leur autogestion, qu’ils sauront comment manipuler leurs propres fluides et faire de l’exercice et qu’ils seront assistés par une infirmière, ils pourront prévenir les symptômes, comme l’essoufflement, qui mènent à des visites au service des urgences », explique le Dr Ho.

Selon l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS), les patients atteints d’insuffisance cardiaque affichent le taux le plus élevé de réadmission hospitalière. Un sur cinq retournera au service des urgences et sera réadmis dans les 30 jours suivant son congé. Le Dr Ho affirme que TEC4Home pourrait être un moyen économique d’abaisser ce taux et de réduire en même temps l’engorgement des services des urgences.

« Les patients disent : “Ça fait deux ans que je ne me suis pas senti aussi bien. Je me sens capable de gérer ma propre santé, de surveiller mes indicateurs et de comprendre mon corps. ” »

« Je veux montrer que nous pouvons soutenir les patients après leur congé afin qu’ils puissent mieux se rétablir et recevoir un niveau élevé de soins à la maison », déclare le Dr Ho. 

La première phase de TEC4Home a recruté 70 patients de trois hôpitaux de la Colombie-Britannique, sans groupe témoin. Il s’agissait simplement de mettre à l’essai l’équipement et la surveillance à distance.

Dix mois plus tard, le Dr Ho a constaté une réduction de 59 % des réadmissions hospitalières dans les 90 jours suivant le congé et une réduction de 44 % des visites au service des urgences. Il rapporte aussi que la durée de séjour des patients réadmis a été raccourcie de près de la moitié (44 %).

Malgré la petite taille de l’échantillon initial, le Dr Ho est satisfait des résultats préliminaires. 

« En tant que clinicien, je suis très excité parce que les patients disent : “ Ça fait deux ans que je ne me suis pas senti aussi bien. Je me sens capable de gérer ma propre santé, de surveiller mes indicateurs et de comprendre mon corps.” »  

Le recrutement pour la deuxième phase du projet a commencé en août 2018. 

La deuxième phase est une étude beaucoup plus importante, qui durera 18 mois et mettra à contribution les hôpitaux de 19 collectivités de la province, de villes comme Abbotsford au village de Lillooet. Neuf cents patients atteints d’insuffisance cardiaque y participeront : la moitié d’entre eux recevront des soins réguliers dans leur collectivité et l’autre moitié recevra des soins réguliers et une surveillance de la santé à domicile. Le Dr Ho espère que la taille de l’échantillon l’aidera à détecter une différence d’au moins 10 % entre les deux groupes pour ce qui est du taux de réadmission hospitalière.  

Il est conscient qu’il pourrait y avoir des problèmes avec la technologie, comme le fait que les patients branchent mal l’équipement ou lisent mal les données, mais pour lui, tout cela s’inscrit dans la façon d’enseigner aux patients comment gérer leur santé numérique. 

« Nous devons vraiment aider les patients et le grand public à comprendre comment utiliser au mieux ces technologies pour leur santé et leur bien-être. » 


Les opinions exprimées par les médecins initiateurs de changements le sont exclusivement à titre personnel et ne reflètent pas nécessairement celles de l’Association médicale canadienne et de ses filiales. 



Plus de témoignages de médecins

Dre Katharine Smart

Tout médecin redoute le jour où il devra traiter un patient dont l’état est critique sans avoir accès aux ressources médicales nécessaires. C’est justement le travail avec des groupes marginalisés dans des communautés démunies qui a motivé la Dre Katharine Smart, pédiatre, à s’impliquer pour améliorer l’équité en santé.

Pour en savoir plus à propos de Dre Katharine Smart

Dr Scott Adams

La population de La Loche, collectivité éloignée du nord de la Saskatchewan, doit souvent parcourir de longues distances pour obtenir des services d’imagerie diagnostique. Puis la COVID-19 a frappé et limité encore davantage l’accès. Le Dr Scott Adams étudie depuis 2017 la possibilité d’utiliser l’échographie télérobotique pour régler les problèmes d’accès.

Pour en savoir plus à propos de Dr Scott Adams

Dre Ann Collins

La Dre Ann Collins a grandi dans une région rurale du Nouveau-Brunswick. Aînée de huit enfants, elle a toujours voulu travailler en médecine. Son père l’a encouragée à réaliser ses rêves et lui a donné son point de vue. « Il m’a dit : ‘’Ann, je crois que tu ferais une bonne médecin. Pourquoi ne pas choisir cette voie?’’, se souvient-elle. Mon avenir était tracé. »

Pour en savoir plus à propos de Dre Ann Collins

Dr Wassim Salamoun

Le Dr Wassim Salamoun, directeur médical des hôpitaux de l’ouest de l’Île-du-Prince-Édouard (Î.-P.-É.), ne connaît que trop bien la difficulté de recruter des médecins en région rurale et éloignée. Pourtant, rien ne l’avait préparé à la grave pénurie de médecins qui a touché l’Hôpital Western d’Alberton (Î.-P.-É.) à l’automne 2017.

Pour en savoir plus à propos de Dr Wassim Salamoun

Dre Jennifer Russel

Pour de nombreux médecins de famille, c’est chose courante : un adolescent en crise vient consulter et cherche à obtenir des soins pour un problème de santé mentale. Le temps presse, mais l’ennui, c’est que l’attente pour voir un pédopsychiatre peut être d’un an. Comme la Dre Jennifer Russel l’explique, c’est exactement le genre de problème que le programme Compass tente de résoudre.

Pour en savoir plus à propos de Dre Jennifer Russel

Dr Matthew Chow

Lorsqu’on va à Maple Ridge, en Colombie-Britannique, c’est souvent pour s’adonner à la pêche au saumon dans le fleuve Fraser ou pour parcourir à pied les 100 kilomètres de sentiers qui sillonnent la région. Mais quand le Dr Matthew Chow s’est rendu pour la première fois dans cette banlieue de la région métropolitaine de Vancouver en 2015, ce n’était pas pour admirer le paysage.

Pour en savoir plus à propos de Dr Matthew Chow

Dr Sandy Buchman

En 1984, le Dr Sandy Buchman est en train de bâtir sa carrière de médecin de famille. Trois ans seulement après avoir obtenu son diplôme, il a sa propre clinique à Mississauga, en Ontario, où il soigne surtout de jeunes familles. Mais un jour, la visite d’un jeune homme gravement malade change son cheminement de carrière malgré lui.

Pour en savoir plus à propos de Dr Sandy Buchman

Dre Courtney Howard

C’est dans un bidonville de Djibouti, en 2010, que la détermination de la Dre Courtney Howard à lutter contre les changements climatiques et leurs conséquences négatives sur la santé s’est renforcée. Dans la clinique dirigée par Médecins sans frontières où elle travaillait, elle a vu des centaines de nourrissons et d’enfants souffrant de malnutrition. Beaucoup étaient mourants.

Pour en savoir plus à propos de Dre Courtney Howard

Dre Jane Lemaire

En 2004, lorsque la Dre Jane Lemaire est devenue vice-présidente responsable du bien-être des médecins au Département de médecine de l’Université de Calgary, on commençait à peine à parler de la question. « On ne trouvait presque pas de ressources (sur le bien-être des médecins). Et surtout, il y avait très peu de sensibilisation, explique-t-elle. »

Pour en savoir plus à propos de Dre Jane Lemaire

Avez-vous un témoignage à partager?

Vous êtes un membre de l’AMC qui inspire le changement dans le système de santé? Vous connaissez un membre de l’AMC qui mène de la recherche d’avant-garde ou élabore des programmes novateurs? Nous voulons vous entendre!

Partagez votre témoignage?

Back to top