Pourquoi les Canadiennes et les Canadiens attendent si longtemps pour les interventions chirurgicales non urgentes?
Les temps d’attente pour les opérations pouvant être planifiées, aussi appelées interventions chirurgicales non urgentes, ont augmenté dans les dernières années.
- Par exemple, le seuil ou le temps d’attente recommandé pour une chirurgie de remplacement de la hanche ou du genou est d’environ six mois. En 2022, seulement 57 % des remplacements de hanche et 50 % des remplacements de genou ont atteint cette cible, alors que ces pourcentages atteignaient 75 % et 70 % avant la pandémie de COVID-19.
- Le temps d’attente recommandé pour une chirurgie de la cataracte, qui vise à remplacer le cristallin de l’œil, est d’un peu plus de trois mois. En 2022, 66 % des chirurgies de la cataracte ont été effectuées dans ce délai, comparativement à 70 % avant la pandémie.
- Si ce n’est pas tout le monde qui doit ou devra subir une chirurgie de la hanche, du genou ou de la cataracte, bien des gens connaissent des personnes souffrant du report de ces interventions dites non urgentes.
Où le Canada se situe-t-il en matière de temps d’attente pour les opérations par rapport à d’autres pays?
Dans une comparaison de 10 pays homologues, le Canada était associé au plus grand pourcentage de personnes attendant plus d’un an pour une intervention chirurgicale non urgente (20 %), suivi du Royaume-Uni (19 %) et de l’Australie (12 %). À l’inverse, personne aux Pays-Bas n’a attendu plus d’un an.
Pourquoi les temps d’attente pour les interventions chirurgicales non urgentes sont-ils si longs?
Entre le moment où la personne apprend qu’elle a besoin d’une intervention et celui où elle se fait opérer, que se passe-t-il?
- Plusieurs facteurs entrent en jeu, comme le sous-financement des installations et des technologies, les problèmes de main-d’œuvre, l’utilisation inefficace des ressources et la demande croissante de services.
- Les restrictions dues à la pandémie ont créé un engorgement monumental. Alors que la COVID-19 faisait rage, les interventions chirurgicales planifiées et d’autres opérations ont dû être repoussées plusieurs fois entre mars 2020 et décembre 2021. C’est donc près de 600 000 opérations qui n’ont pu être effectuées durant cette période, un retard qui doit maintenant être rattrapé.
- La pénurie de personnel de la santé se fait sentir. Beaucoup de travailleuses et travailleurs qualifiés, en particulier des infirmiers et infirmières (en anglais), ont pris leur retraite ou quitté leur emploi depuis la pandémie; c’est pourquoi il est maintenant difficile de trouver des effectifs à affecter aux blocs opératoires.
Parlons solutions
Ce que disent les spécialistes :
- Augmenter les effectifs en bloc opératoire. Les spécialistes de la question affirment qu’il faut augmenter le nombre d’interventions chirurgicales pour revenir aux niveaux d’avant la pandémie.
- Mieux gérer les listes d’attente. La centralisation (en anglais) des listes d’attente pour aiguiller les patientes et les patients vers le premier chirurgien ou la première chirurgienne disponible et la vérification régulière de ces listes pour enlever les personnes qui n’ont plus besoin d’intervention pourraient aider à réduire les retards plus rapidement.
- Augmenter l’efficacité des salles d’opération. Prévoir les cas les plus complexes pour la fin de la journée peut aider à réduire les retards et les annulations. Il faudrait aussi investir dans plus d’équipement pour que les médecins chirurgiens n’aient pas à attendre que l’équipement soit nettoyé. Autre moyen d’optimiser l’efficacité : prolonger les heures en salle d’opération.
- Permettre les chirurgies en dehors des hôpitaux. Les interventions les moins complexes peuvent parfois être effectuées en dehors des hôpitaux, comme dans des cliniques de chirurgie communautaires, ce qui peut accroître la capacité de gestion des retards en chirurgie. Pour ce faire, il faut tout de même que les hôpitaux collaborent avec les cliniques pour s’assurer que les membres du personnel sont répartis de façon à ne pas se concurrencer (en anglais).
Où avons-nous obtenu ces informations?
- Rapport de 2022 de l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS) sur les temps d’attente pour les interventions prioritaires
- Enquête de 2023 du Fonds du Commonwealth sur les politiques de santé
- Série de la Coalition canadienne de la santé étudiant les obstacles et les solutions pour réduire les temps d’attente en chirurgie
- Article de discussion (en anglais) publié dans le Canadian Journal of Surgery
- Articles publiés dans La Presse et le site Web de Radio-Canada