Association médicale canadienne

Alors que la pandémie a étalé au grand jour les lacunes profondes de notre réseau de la santé, il nous est rapidement apparu impossible de continuer ainsi plus longtemps. Il est maintenant plus clair que jamais qu’un changement de paradigme s’impose.

Justement, lors de son Sommet sur la santé tenu le 26 mai dernier, l’Association médicale canadienne (AMC) s’est penchée sur les meilleures solutions pour parvenir à créer un système de santé qui génère de la valeur pour le patient, le professionnel de la santé et la société dans son ensemble. Cette discussion entre experts et utilisateurs du système a mis en lumière des solutions qui, si adoptées, auraient un effet positif sur les soins au Québec, et, conséquemment, sur la population.

Transformer le système, de façon réaliste et durable

Comme l’a clairement dit l’un des intervenants, le réputé Pr Jean-Louis Denis de l’École de santé publique de l’Université de Montréal, la notion de valeur, on pourrait la résumer ainsi : « efficience et efficacité, équité et innovation. Il ne faut jamais oublier l’équation fondamentale qui nous contraint : le rapport entre les coûts et les résultats. » C’est donc dans ce cadre que nous devons trouver des solutions.

Évidemment, une des questions centrales dans le domaine de la santé demeure le financement. Mais ce n’est qu’en faisant preuve d’avant-gardisme que nous arriverons réellement à bonifier le système de soins de santé. Autrement dit, pour produire de la valeur, il faut changer la façon dont on fait les choses.

Cela signifie qu’il faut réévaluer les méthodes traditionnelles et diversifier les points de vue pour s’assurer que tout le monde y trouve son compte. Il faut intégrer de nouveaux acteurs, inviter de nouveaux groupes à la table de discussion (pensez aux proches aidants, par exemple). Après tout, on change un système en faisant tomber les barrières et en intégrant réellement les acteurs de tous les milieux.

Innover, plus simple qu’on le croit

L’innovation est un concept qui peut faire peur, car on a tendance à l’associer directement aux projets très ambitieux et complexes. Or, l’innovation ne rime pas nécessairement avec invention : on peut amener de petits changements qui auront un grand impact dans le système. C’est en gardant cela à l’esprit qu’il faut cultiver l’innovation, qui nous aidera à terme à mobiliser les troupes, et surtout, à améliorer l’expérience patient.

L’innovation, c’est aussi de travailler sur de nouveaux modèles d’aide à la prise de décision, car pour avancer, encore faut-il savoir où l’on veut aller! Dans ce domaine, les données ont un rôle de premier plan à jouer parce qu’elles nous permettent de mieux identifier, travailler et suivre les écarts et les améliorations de différentes décisions.

Un chantier ardu, mais nécessaire

Essayons de voir la longue épreuve que nous venons de traverser comme une occasion d’enfin offrir à la population québécoise ce qu’elle mérite : un système de santé efficace qui arrive à prendre en charge tous ceux et toutes celles qui cognent à sa porte, que ce soit à la maison, à l’hôpital ou ailleurs.  

Le mandat colossal de repenser le système de santé nous appartient collectivement. Nous devons l’assumer avec ferveur, pour ceux et celles que nous avons perdus et pour les générations qui nous suivront.

Dr Abdo Shabah
Membre du Conseil d’administration de l’Association médicale canadienne

Cette lettre ouverte a initialement été publiée dans Le Soleil


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