L’AMC FAIT LE POINT SUR…
Permis d’exercice pancanadien : une réponse à la crise des effectifs
Au Canada, on ne peut exercer la médecine que dans la province ou le territoire où l’on est autorisé à le faire. Sauf dans de rares cas, pour exercer dans une autre province ou un autre territoire, il faut faire une demande, ce qui peut prendre plusieurs mois et coûter des milliers de dollars.
L’AMC demande depuis un certain temps aux gouvernements d’instaurer un permis d’exercice pancanadien, une première étape importante vers l’amélioration des soins de santé.
Tout d’abord, si les médecins avaient plus de mobilité, il y aurait moins de pression sur les épaules des travailleurs et travailleuses de la santé qui desservent les communautés rurales et éloignées. Ensuite, on pourrait coordonner plus efficacement la prestation des soins de santé, notamment lors de crises comme la pandémie de COVID-19. Enfin, les médecins pourraient offrir des soins virtuels au-delà de leur province ou territoire, ce qui assurerait une meilleure continuité des soins et un accès plus rapide à ceux-ci.
La mobilité favoriserait l’équilibre travail-vie personnelle des médecins – un besoin urgent –, ainsi que leur santé et leur bien-être, en améliorant potentiellement le taux de maintien en poste, et en permettant aux médecins et aux hôpitaux de trouver plus facilement des médecins suppléants pour les vacances, les congés parentaux et les congés d’études.
« Pas étonnant qu’il y ait autant d’épuisement professionnel chez les médecins. Difficile de concilier vie professionnelle et vie personnelle si, quand on annule un rendez-vous, on a l’impression d’abandonner un patient ou de surcharger un collègue déjà bien occupé en le forçant à travailler. Dans ce contexte, on a tendance à reporter (pour la énième fois) ses vacances ou à se présenter au travail même malade et fatigué. »
– Dr Jordan Vollrath, médecin de famille en Alberta
La mobilité des médecins gagne du terrain. En mai 2023, un nouveau registre des médecins du Canada atlantique a vu le jour, lequel permet aux médecins d’exercer en Nouvelle-Écosse, au Nouveau-Brunswick, à l’Île-du-Prince-Édouard et à Terre-Neuve-et-Labrador. En octobre 2023, les ministres fédéral, provinciaux et territoriaux de la Santé se sont engagés à mettre en place un nouveau processus permettant aux médecins en règle d’exercer partout au pays. L’AMC a salué cette annonce et continue de militer pour sa concrétisation rapide
Définition du permis d’exercice pancanadien (AMC)
L’AMC définit le permis d’exercice pancanadien comme étant la possibilité pour les médecins titulaires d’une autorisation sans restriction d’exercer la médecine de façon indépendante ou pour des médecins résidents ou stagiaires inscrits dans une province ou un territoire au Canada d’exercer leur profession ou de suivre une formation dans toute autre province ou tout autre territoire au Canada sans avoir à acquérir plus d’un permis d’exercice ou à payer pour l’acquisition de permis supplémentaires.
Quelle est l’ampleur du problème de l’accès aux soins?
6,5 millions de Canadiens et Canadiennes n’ont pas accès à des soins primaires
Dans ce cas, les patients doivent se tourner vers les cliniques sans rendez-vous et les services d’urgence. L’augmentation des temps d’attente et la surcharge des services d’urgence qui en résultent se répercutent sur les autres composantes du système de santé.
Dans les communautés rurales ou éloignées, seulement 8 % des professionnels de la santé desservent 18 % de la population canadienne
En raison de la pénurie de personnel, certaines communautés, comme Hay River, dans les Territoires du Nord-Ouest, n’ont d’autre choix que de fermer régulièrement les services d’urgence pendant une période indéterminée.
Les médecins n’ont jamais été autant sous pression : 53 % d’entre eux disent vivre un niveau élevé d’épuisement professionnel
C’est en grande partie attribuable à la rigidité du système, et plus particulièrement au modèle actuel d’octroi de permis d’exercice et aux obstacles qui en découlent, empêchant les médecins suppléants de contribuer à l’équilibre travail-vie personnelle chez les médecins.
En quoi un permis d’exercice pancanadien serait-il avantageux?
Situation actuelle
Dans de nombreuses communautés nordiques et éloignées, pour avoir accès à des soins courants et à des soins spécialisés, les patients doivent parfois prendre l’avion pour aller dans de grands centres urbains, ce qui entraîne des coûts énormes pour eux, leurs familles et le système de santé.
Certains services médicaux peuvent s’avérer inaccessibles même dans les communautés qui ne sont pas éloignées, obligeant les patients à s’absenter de leur travail, à payer des frais de déplacement et de garde d’enfants et à quitter leur réseau de soutien communautaire pour se faire soigner.
Avec un permis d’exercice pancanadien
Les médecins pourraient fournir virtuellement de nombreux services, ce qui réduirait la fréquence et la durée des déplacements en avion et permettrait de soigner les patients qui ne sont pas en état de voyager.
Situation actuelle
Dans la plupart des provinces et des territoires, il y a une pénurie de médecins pouvant faire de la suppléance. Dans ce contexte, il est difficile pour les médecins d’offrir un niveau de soins adéquat aux patients. Cela nuit également à l’équilibre travail-vie personnelle, une situation affectant de manière disproportionnée les femmes médecins, qui peuvent être incapables de trouver un médecin suppléant lorsqu’elles prennent un congé parental.
Avec un permis d’exercice pancanadien
La création d’un bassin national de médecins suppléants permettrait d’améliorer la continuité et la qualité des soins, de donner la possibilité aux nouveaux médecins d’acquérir une précieuse expérience professionnelle et de rendre la pratique plus flexible, ce qui réduirait le stress au travail.
Situation actuelle
Les restrictions en matière d’autorisation d’exercer rendent également difficiles les déplacements transfrontaliers pour les patients. Après trois mois dans une nouvelle province ou un nouveau territoire, ils n’ont plus droit aux soins de leur ancien médecin, même virtuellement. De nombreux patients doivent ainsi se résoudre à s’inscrire sur de longues listes d’attente pour avoir accès aux fournisseurs de soins de santé locaux, et il leur faut parfois des années pour trouver un médecin, si tant est qu’il y en ait un de disponible.
Avec un permis d’exercice pancanadien
Le permis d’exercice pancanadien aiderait à combler les lacunes en matière de services de soins primaires pour les Canadiens et Canadiennes qui se déplacent d’une province ou d’un territoire à l’autre, assurant ainsi la continuité des soins.
« Je suis résidente de l’Île-du-Prince-Édouard, et pour recevoir des soins intensifs et des soins spécialisés en cardiologie, il faut se rendre à Halifax ou à Saint John – six heures aller-retour dans les deux cas. Il faut donc s’absenter du travail et payer des frais de transport, d’hébergement et de garde d’enfants, sans compter les coûts associés aux visites de la famille. J’espère qu’un jour les spécialistes auront la possibilité de servir les patients d’autres provinces grâce aux soins virtuels. »
– Angie MacCaull, patiente, Summerside (Î.-P.-É.)
La volonté existe
Un sondage de 2022 auprès des membres de l’AMC montre que plus de 95 % des personnes répondantes sont en faveur d’un permis d’exercice pancanadien.
Améliorer l’accès aux soins pour la patientèle
Renforcer les effectifs de la santé
63 % seraient plus susceptibles de chercher des possibilités de suppléance dans d’autres provinces
69 % ont répondu qu’il serait plutôt probable ou très probable qu’elles continuent à exercer à temps partiel pendant la retraite
74 % ont répondu qu’il serait plutôt probable ou très probable qu’elles demeurent au Canada plutôt que de chercher des possibilités à l’étranger
73 % ont répondu qu’il rendrait le Canada plus attrayant pour les titulaires de diplômes internationaux en médecine
Le moyen existe
En 2010, l’Australie a adopté un système d’octroi de permis d’exercice valide à l’échelle nationale pour un large éventail de professionnels de la santé. Chaque profession dispose d’un conseil national qui réglemente et enregistre les professionnels, et établit normes, codes et lignes directrices. Cette approche assure la standardisation des compétences médicales de haut niveau et la qualité des soins, tout en permettant aux professionnels de la santé de travailler plus facilement dans les différents États et territoires – en personne et virtuellement. Depuis le déploiement du permis d’exercice national, on s’entend pour dire que le nouveau système fonctionne bien et qu’il a contribué à accroître considérablement la mobilité du personnel, la sécurité des patients et la qualité des données servant à la planification des effectifs.
En contexte de crise des effectifs de santé, pourquoi l’AMC fait-elle du permis d’exercice pancanadien une grande priorité?
L’AMC réclame cette solution comme une réponse partielle à la crise des effectifs de la santé.
L’AMC continue de demander aux gouvernements d’envisager le permis d’exercice pancanadien comme un pas dans la bonne direction pour diminuer les temps d’attente excessifs, favoriser les soins virtuels transfrontaliers et contrer la pénurie généralisée de médecins de famille, mais aussi faciliter la suppléance dans le but de soutenir la santé et le bien-être des médecins partout au pays.
Que puis-je faire pour aider? Si nous voulons que le permis d’exercice pancanadien se concrétise, il faut absolument avoir l’appui des médecins et du public. Ensemble, nous pouvons avoir un impact. Découvrez comment vous pouvez participer au travail de l’AMC, dès aujourd’hui.
Les citations ont été retouchées pour plus de concision et de clarté.