Association médicale canadienne

Les peuples autochtones l’ont énoncé clairement d’un océan à l’autre : les systèmes de santé du Canada font face à une tâche colossale pour éradiquer le racisme ciblant les Autochtones.

La Dre Danièle Behn Smith, agente adjointe de santé de la Colombie-Britannique, et Kate Jongbloed, chercheuse dans le domaine de la santé, dirigent des travaux à cet effet au Bureau de la médecin hygiéniste en chef de la Colombie-Britannique. En 2022, elles ont fondé un club de désapprentissage pour outiller les membres du personnel avec des connaissances leur permettant de s’opposer à la situation actuelle et de soutenir l’alliance avec les peuples autochtones. 

Le lancement du club fait partie d’un ensemble d’initiatives conçues pour aider les membres du personnel à reconnaître et à désapprendre la suprématie blanche et le racisme ciblant les Autochtones en participant à des pratiques fondamentales de réconciliation véritable démontrées par Mme Puglaas Jody Wilson-Raybould (de la Nation We Wai Kai) : apprendre, comprendre et agir.

Ces initiatives font partie d’interventions à l’échelle de la province destinées à donner une suite au rapport déterminant In Plain Sight dévoilé en 2020 par la Colombie-Britannique, dans lequel les auteurs ont confirmé la « vaste étendue du racisme systémique ciblant les peuples autochtones » au sein du système de santé de la province, entraînant « des répercussions négatives, des préjudices, et même des décès ». 

Mme Jongbloed, qui réalise, en collaboration avec le Bureau de la médecin hygiéniste en chef de la Colombie-Britannique, une recherche postdoctorale financée par les Instituts de recherche en santé du Canada ayant pour thème les répercussions des systèmes de santé, a présenté cette approche au Sommet de l’AMC sur la santé 2023. Elle était accompagnée de la Dre Smith et de la Dre Bonnie Henry, médecin hygiéniste en chef de la province.

En amont de sa présentation, l’AMC a demandé à Mme Jongbloed d’énoncer cinq éléments clés des programmes de « désapprentissage » :

1.    Observer qui fait le travail

Trop souvent, la responsabilité de sensibiliser les autres personnes échoit aux peuples autochtones. « Nous avons décidé d’employer de la documentation déjà disponible afin de ne pas ajouter au fardeau des personnes issues des communautés noires, autochtones et de couleur », dit Mme Jongbloed. Les outils destinés à remédier aux conséquences du colonialisme et au racisme structurel sont déjà accessibles. Il n’en tient qu’à nous de nous les approprier et de les utiliser. 

2.    N’oubliez pas – chacun apprend à sa manière

Le club de désapprentissage est un programme à participation volontaire d’une durée de 17 mois. Afin de diminuer les entraves à la participation, et de soutenir différentes formes d’apprentissage, Mme Jongbloed a conçu le programme afin qu’il offre des survols et des « plongées en profondeur ». Des balados et des conférences TED Talks sont présentés aux côtés de livres et d’articles de revues scientifiques au sein du module d’apprentissage mensuel. Près de 70 % des membres du personnel du Bureau de la médecin hygiéniste en chef de la Colombie-Britannique ont suivi la formation jusqu’à maintenant et la planification de la prochaine phase est en cours afin de la rendre accessible à un plus grand nombre de chefs de file du secteur de la santé à l’échelle de la Colombie-Britannique. 

3.    Penser local

« L’un des outils du colonialisme de peuplement est de créer un point de vue panautochtone », dit Mme Jongbloed. À l’inverse, le Bureau de la médecin hygiéniste en chef de la Colombie-Britannique suit une approche fondée sur les distinctions qui reconnaît les droits et les préoccupations propres aux communautés autochtones et à leurs cultures, leurs histoires et leurs gouvernements respectifs. Mme Jongbloed a conçu son programme en fonction du contexte de la Colombie-Britannique, privilégiant de façon délibérée la documentation créée par les Premières Nations lorsque cela était possible. 

« Nous reconnaissons que les territoires des Premières Nations couvrent l’entièreté de la province nommée Colombie-Britannique. Nous avons la responsabilité d’apprendre des peuples occupant ces territoires et de respecter les obligations que notre gouvernement a envers ces relations », dit-elle.

4.    Mettre en place des espaces sécuritaires

Le programme de Kate Jongbloed explore les comportements de suprématie blanche et leurs répercussions sur les peuples autochtones. Lors de la sélection des cohortes d’apprentissage fermées, on a également pris soin d’éviter le plus possible de causer de façon non intentionnelle des préjudices additionnels à des collègues qui ont été indûment désavantagés en raison de la suprématie blanche et du colonialisme de peuplement. Elle mentionne que les membres du personnel aiment apprendre avec des personnes qui ont vécu des expériences comparables. Cela leur permet d’être elles-mêmes et de créer un espace sécuritaire pour contester, s’opposer et vivre ensemble des moments de malaises. 

Afin d’assurer une discussion sans entrave au sujet des expériences vécues en milieu de travail, les membres de la direction du Bureau de la médecin hygiéniste en chef de la Colombie-Britannique et les membres du personnel étaient placés dans des cohortes distinctes.

5.    Le changement s’amorce au sommet

La recherche démontre que 70 % à 75 % des toutes les initiatives de changements organisationnels échouent, due en grande partie au manque de cohérence et d’engagement de la part de la direction. La Dre Henry a clairement démontré son soutien au Club de déapprentissage en permettant la tenue de séances pendant les heures de travail. Les membres du personnel ont aussi obtenu la permission de compléter les devoirs demandés sur les lieux de travail. 



Dans le cadre de la série de causeries sur la santé des Autochtones de l’Association médicale canadienne, une série portant sur la façon d’aller de l’avant avec la réconciliation, le besoin de rétablir la confiance des peuples autochtones était un thème récurrent exprimé par les prestataires de soins de santé. Confronter l’« héritage accompagnant des décennies et des décennies de colonisation » est une étape importante, déclare le président de l’AMC, le Dr Alika Lafontaine. « Nous devons désapprendre bien des choses. »

Apprenez-en davantage sur la manière dont l’AMC agit comme alliée auprès des peuples autochtones


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