Association médicale canadienne

Cette semaine marque une année de pertes. Depuis que l’Organisation mondiale de la santé a déclaré une pandémie mondiale le 11 mars 2020, des millions de personnes ont perdu la vie. Des millions d’autres ont vu leur mode de vie changer considérablement. Au début de la pandémie, on nous disait que « nous étions tous dans le même bateau ». Un an plus tard, il est évident que ce n’est pas le cas. À la veille de la Journée internationale des femmes — une occasion pour célébrer les réalisations sociales, économiques, culturelles et politiques des femmes dans le monde entier —, nous devons reconnaître comment des décennies de progrès réalisés par les femmes en milieu de travail sont menacées par la COVID-19. 

Deux mois après le début de la pandémie, 1,5 million de Canadiennes avaient perdu leur emploi. C’est plus que toute la population de la région métropolitaine d’Ottawa. Et bien qu’un nombre similaire d’hommes aient aussi subi le même sort, ils ont réussi à retourner sur le marché du travail beaucoup plus vite que les femmes.

Pour de nombreuses femmes, ce qui avait commencé par une interruption temporaire du travail est maintenant devenu une situation permanente. La participation des femmes à la population active est passée d’un record de tous les temps au plus bas niveau depuis le milieu des années 1980. 

Dans le secteur de la santé, la pression sur les femmes est exponentielle. Les femmes représentent environ 80 % de nos effectifs médicaux.

En médecine, 43 % des médecins du Canada sont des femmes, un chiffre qui représente des décennies de défis à relever pour arriver à se tailler une place dans ce qui était auparavant une profession à prédominance masculine. Pendant cette pandémie, chacune de ces femmes a un rôle à jouer. Cependant, tout comme dans d’autres milieux de travail, les femmes doivent jongler avec la garde d’enfants, l’apprentissage à distance et des horaires de travail exigeants. 

Je suis aussi très préoccupée par l’avenir des autres domaines de la santé. Le personnel infirmier au Canada compte plus de 90 % de femmes, ce qui est aussi le cas chez les préposés aux services de soutien à la personne et les aides-soignants, et dans de nombreuses autres disciplines. Les trois quarts des inhalothérapeutes sont des femmes, de même que 80 % du personnel des laboratoires. 

Quand nous parlons des personnes qui sont en première ligne de cette pandémie, nous parlons souvent des femmes. Elles sont frappées de plein fouet par cette crise — non seulement au travail, mais à la maison. Les femmes montrent des taux élevés d’épuisement professionnel et disent sentir qu’elles n’arrivent pas à bien gérer tout ce qui leur est demandé.

Cette année, la Journée internationale des femmes a pour thème « Choisissez de relever le défi » (#ChoosetoChallenge), et nous devons contester l’acceptation des pertes vécues par les femmes. Les effets disproportionnés de la pandémie chez les femmes et les communautés racisées pavent la voie vers une régression inquiétante au pays. Nous avons tous la responsabilité collective de défier le statu quo pour que la gent féminine puisse non seulement contribuer à la reprise post-pandémie, mais aussi y jouer un rôle prépondérant.

Dre Ann Collins, présidente de l’AMC

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