Dre Ak'ingabe Guyon
Une médecin de Montréal en première ligne des efforts de prévention en santé publique au Québec
Le Kenya et la Tanzanie ont beau être sur un autre continent, la Dre Ak’ingabe Guyon, médecin à Montréal, affirme que c’est son travail dans ces deux pays qui a confirmé son engagement envers la santé publique.
C’est au cours d’un stage à Nairobi avec le Programme des Nations Unies pour l’environnement qu’elle a pu constater personnellement l’importance de la santé des populations. Cette expérience l’a poussée à faire une maîtrise en épidémiologie à la London School of Hygiene and Tropical Medicine, ce qui l’a ensuite amenée en Tanzanie, où elle a travaillé pendant un an en collaboration avec des médecins en santé publique.
« Ces expériences à l’étranger ont été déterminantes dans ma décision de travailler en santé publique. En effet, j’ai pu voir à quel point la santé dépend davantage des déterminants sociaux que des comportements individuels. »
À son retour au Canada, la Dre Guyon a appliqué la même philosophie à son travail dans des bureaux de santé publique de différentes régions du Canada : en Colombie-Britannique, en Outaouais, en territoire cri à la Baie James, au Bas-Saint-Laurent, et aujourd’hui à Montréal, sa ville natale. À chaque endroit, elle s’est penchée sur de grands enjeux de santé publique, comme la réduction du tabagisme et la prévention du suicide, avec l’objectif d’améliorer la santé de la collectivité dans son ensemble.
Il s’agit d’un travail ardu, mais selon la Dre Guyon, c’est dans l’arène politique qu’elle a livré sa plus grande bataille.
En 2015, le gouvernement du Québec a amputé les budgets régionaux de santé publique de 24 millions de dollars – une réduction de 33 %. La Dre Guyon a fait part de ses préoccupations directement à l’Assemblée nationale et au ministre responsable de la santé publique.
« Quand on prend des décisions contraires à l’intérêt de mes patients, je me dois de réagir. Il était essentiel de dénoncer cette diminution de nos capacités de santé publique, ce qu’on observe malheureusement partout au Canada. »
La Dre Guyon s’est aussi adressée au public en produisant une vidéo expliquant les répercussions des coupures et en cosignant un éditorial dans la Revue canadienne de santé publique.
Si le gouvernement québécois n’a pas encore rétabli le financement de la santé publique, le travail de représentation de la Dre Guyon n’est pas pour autant passé inaperçu. Ainsi, en 2018, les Médecins de santé publique du Canada lui ont remis le Prix de la présidente pour son travail de défense de la santé publique.
Chercheuse et enseignante accomplie, la Dre Guyon a aussi récemment vu son travail à l’Université de Montréal reconnu par un prix soulignant l’excellence en enseignement de l’École de santé publique.
La Dre Guyon considère néanmoins la médecine préventive comme un sport d’équipe, et elle parle avec fierté de sa collaboration avec des travailleurs sociaux, nutritionnistes, toxicologues et démographes qui cherchent tous à susciter des changements durables à grande échelle.
« C’est un immense privilège de savoir que ce que nous faisons aura des effets sur des millions de personnes, pour plusieurs générations à venir. »
La Dre Ak’ingabe Guyon reçoit la Médaille de service de l’AMC, qui est décernée à un membre de l’AMC ayant apporté des contributions exceptionnelles au progrès des soins de santé au Canada.