Association médicale canadienne

« Pour combattre l’épuisement professionnel, il faut souvent chercher des solutions en dehors du travail : course, yoga, nouveau passe-temps. Le hic, c’est que l’épuisement professionnel chez les médecins prend sa source dans le travail. La solution est donc d’y trouver de la joie et de lui donner un sens. »

– Dr Joshua Tepper, DG de l’Hôpital général de North York et conférencier à la CCSM

Coup d’envoi de la Conférence canadienne sur la santé des médecins (CCSM) 2019, la présentation du DJoshua Tepper a donné le ton à bon nombre des échanges qui ont eu lieu durant cet événement de deux jours.

Les efforts pour favoriser le bien-être s’étaient jusqu’ici surtout concentrés sur les moyens permettant aux médecins de « s’aider eux-mêmes ». Or, la programmation de cette année annonce un changement de cap. Médecins, étudiants et chercheurs s’intéressent de plus en plus à la contribution de la culture médicale et des établissements à l’épuisement professionnel, ainsi qu’à la recherche de moyens pour améliorer ces structures.

Une approche novatrice a été présentée par la Dre Jo Shapiro, pionnière du soutien par les pairs pour les médecins.

« On parle de la culture médicale parce que, sous plusieurs aspects, elle nous a laissés tomber. » – Dre Jo Shapiro, conférencière sur le soutien par les pairs à la CCSM

Cette professeure de Harvard et chirurgienne a fondé le Centre de professionnalisme et de soutien par les pairs de l’Hôpital Brigham and Women à Boston et contribué à la création d’un programme de soutien par les pairs qui intervient proactivement auprès des médecins.

La Dre Shapiro a expliqué que c’est souvent dans les jours qui suivent une erreur médicale que les médecins sont les plus vulnérables. Lors d’un sondage, plus de 88 % des médecins de l’Hôpital Brigham and Women ont indiqué qu’ils souhaitaient se confier à un collègue en de telles circonstances. Avec l’aide de la direction, la chirurgienne a formé 50 pairs aidants, puis mis sur pied un programme de ressources. Le problème? Personne n’y a eu recours.

Elle a donc développé une approche proactive où les pairs aidants communiquent avec chacun des membres de l’équipe de soins dans les 48 heures suivant une erreur. Résultat : les professionnels étaient disposés à recevoir du soutien et à entendre le message que « cette erreur ne les définit pas; c’est quelque chose qui est arrivé ».

Si l’on se fie aux présentations de la conférence, les programmes de soutien par les pairs semblent gagner en popularité.

Le Dr Stephen Chin et Mme Louisa Nedkov, des Services de santé Halton Healthcare, dans le sud de l’Ontario, ont décrit comment leur organisation avait adopté le modèle des ateliers Schwartz pour le soutien par les pairs. Des membres du personnel ont participé à des séances d’échanges informels sur des sujets comme les répercussions du décès d’un patient. Étudiante de troisième année en médecine, Kelsey Mongrain a quant à elle présenté Side by Side, un programme de soutien par les pairs offert aux étudiants en médecine qu’elle a aidé à mettre en œuvre cet automne à l’Université d’Ottawa.

D’autres séances avaient pour thèmes les nouveaux développements sur le bien-être, les obstacles que doivent surmonter les médecins à différentes étapes de leur carrière et l’incidence de facteurs tels que le sexe, l’origine ethnique ou les préjugés sur le bien-être des médecins.

En tant qu’organisatrice de la conférence, l’Association médicale canadienne (AMC) a profité de l’événement pour lancer son plus récent rapport sur le bien-être et le travail, Santé et bien-être des médecins au Canada : facteurs comportementaux et professionnels prédictifs des issues psychologiques. S’appuyant sur les résultats de l’édition 2018 du Sondage national de l’AMC sur la santé des médecins, auquel ont répondu plus de 3 000 médecins en exercice et médecins résidents, le rapport présente un examen approfondi des facteurs comportementaux et professionnels qui pourraient être liés à l’épuisement professionnel, à la dépression et à d’autres mesures du bien-être.

Pour l’AMC, il ne s’agit là que d’une facette de son engagement croissant pour favoriser la santé et le bien-être des médecins. Des membres du personnel étaient présents à la conférence pour recueillir les idées des participants sur les mesures à prendre sur cet enjeu. L’AMC parcourra aussi le pays en début d’année prochaine afin de consulter les membres en personne sur les moyens d’améliorer la santé des médecins.

« Cette discussion cruciale ne prend pas fin ici, a expliqué la Dre Gigi Osler, présidente sortante de l’AMC, durant le mot de la fin. Nous sommes déterminés à être à l’écoute des médecins et des étudiants en médecine au sujet de leur santé et de leur bien-être, et à collaborer avec eux pour susciter le changement à l’échelle individuelle, institutionnelle et systémique. »


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