Association médicale canadienne

C’est le moment des listes de vœux pour l’année à venir. Cependant, quand il s’agit du système de santé, cet exercice peut sembler décourageant.

Plus de six millions de Canadiens et de Canadiennes n’ont pas accès à un fournisseur de soins primaires et les listes d’attente pour les examens et les traitements continuent à s’allonger, tandis que les travailleurs et travailleuses de la santé affichent toujours des niveaux élevés d’épuisement professionnel. Il est difficile de savoir où commencer pour apporter un changement positif à ce stade. 

Il y a tout de même des éléments positifs. Le fédéral a annoncé le plus important investissement dans les soins de santé en plus de 20 ans et les gouvernements, peu importe leur orientation politique, sont prêts à collaborer pour réformer le système. La nouvelle organisation Effectif de la santé Canada aidera à améliorer la collecte et le partage de données afin de soutenir la planification des ressources humaines de la santé.

Nous savons toutefois que la satisfaction à l’égard du système de santé reste lamentablement faible et que la population canadienne veut voir des améliorations tangibles dès maintenant. Voici quatre façons pratiques et réalistes qui permettront aux gouvernements de faire des progrès en 2024 :

Mettre la touche finale aux plans d’action provinciaux et territoriaux en santé
Il est décourageant de constater qu’en cette fin d’année, seules la Colombie-Britannique et l’Île-du-Prince-Édouard ont élaboré le plan d’action requis pour recevoir le financement fédéral annoncé en février dernier. Nous pressons les autres provinces et les territoires à élaborer leurs plans d’action, axés sur les priorités nationales communes comme l’accès aux soins primaires (adaptés aux besoins régionaux), afin de débloquer les fonds nécessaires à la réforme des soins.

Améliorer la mobilité du personnel de la santé
Le fait d’autoriser les médecins à travailler hors de leur province ou territoire sans exigences additionnelles quant au permis d’exercice peut atténuer la pression sur les fournisseurs de soins dans les communautés rurales et éloignées, élargir les soins virtuels au-delà des frontières provinciales et améliorer la continuité et la rapidité des soins. L’AMC soutient depuis longtemps un permis d’exercice pancanadien, ce que veulent également 95 % des médecins et apprenants et apprenantes en médecine. Les ministres de la Santé ont accepté de soutenir « des effectifs agiles et flexibles ». Ils n’ont pas à chercher bien loin un modèle évolutif — les provinces de l’Atlantique ont créé au début de 2023 un registre de médecins autorisés à exercer dans toute la région. Nous pressons les ministres de la Santé de s’entendre sur un cadre national sur la mobilité des médecins. 

Limiter l’utilisation des attestations de maladie
La Fédération canadienne de l’entreprise indépendante indique que les médecins perdent 18,5 millions d’heures, chaque année, pour réaliser des tâches administratives inutiles, ce qui équivaut à environ 55 millions de visites de patients et patientes. Bien que certaines formalités administratives soient importantes, les attestations de maladie inutiles ne le sont pas. La réduction du fardeau administratif des médecins leur permettra de libérer du temps pour offrir les soins dont la population canadienne a besoin. Une fois encore, les gouvernements ont un modèle : plus tôt cette année, la Nouvelle-Écosse a annoncé des mesures pour limiter l’utilisation des attestations de maladie. D’autres régions devraient lui emboîter le pas.  

Créer un secrétariat sur les changements climatiques et leurs effets sur la santé
La population canadienne a pu voir de près le lien dévastateur entre la santé et les changements climatiques en 2023. L’hôpital territorial de Stanton, à Yellowknife, dans les Territoires du Nord-Ouest, qui compte 100 lits, a dû être évacué en raison des feux de forêt l’été dernier. Notre système de santé n’est pas qu’une victime des changements climatiques, il y contribue également; en effet, il est responsable d’environ 4,6 pour cent des émissions de gaz à effet de serre à l’échelle nationale. Les gouvernements et les responsables des soins de santé doivent rendre le système de santé plus écologique afin d’aider à réduire notre empreinte carbone. Un secrétariat sur les changements climatiques et leurs effets sur la santé pourrait promouvoir une approche nationale à cet égard et soutenir un système de santé durable et résilient aux changements climatiques. Nous pressons le gouvernement d’agir rapidement pour nous aider à bâtir un avenir plus sain pour notre planète et notre patientèle.

Il aura fallu des décennies pour que le système de santé du Canada atteigne le stade actuel, où les effectifs souffrent régulièrement d’épuisement professionnel, où les longues listes d’attente sont devenues la norme et où des millions de Canadiens et Canadiennes luttent pour avoir accès à des soins. Ces problèmes ne pourront pas être réglés rapidement, mais les gouvernements peuvent changer le cours des choses en 2024, de manière positive et tangible.

La Dre Kathleen Ross, médecin de famille à Coquitlam et à New Westminster, en Colombie-Britannique, est présidente de l’Association médicale canadienne.

Ce commentaire a été publié dans le Toronto Star le 19 décembre 2023. 
 

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