Association médicale canadienne

Résumé


L’AMC a sondé les membres du Forum électronique pour en savoir davantage au sujet de leur expérience de la prescription d’opioïdes. Les résultats présentent un tableau des défis posés par la prescription d’opioïdes, ainsi que des solutions possibles. Nous résumons ci dessous les résultats du sondage du Forum électronique.

Sondage – Mai 2014


Le questionnaire a été envoyé à 2813 membres du Forum électronique, dont 659 ont répondu, ce qui donne un taux de réponse de 23 %.

Résultats

Les résultats du sondage indiquent que la prescription d’opioïdes est courante : 83 % des répondants les prescrivent contre la douleur. La question excluait les cas de soins palliatifs. L’accoutumance des patients, les incidents menaçants et la difficulté que pose le contrôle des opioïdes sont au nombre des défis liés à leur prescription. Les répondants ont suggéré de nombreux moyens de réduire l’usage problématique.

Prescription d’opioïdes

La plupart des répondants prescrivent des opioïdes contre la douleur, mais la fréquence de ces ordonnances varie énormément. Plus précisément, 9 % ont répondu qu’ils en prescrivent moins d’une fois par mois, 20 %, d’une à trois fois par mois, 21 %, de 4 à 6 fois par mois, 11 %, de 7 à 9 fois par mois et 40 %, 10 fois ou plus par mois. Beaucoup de répondants ont dit que leurs patients leur demandent de leur prescrire des opioïdes et la moitié reçoivent 10 demandes ou plus par année.

Dépendance aux opioïdes et incidents

La majorité des répondants ont eu à traiter (92 %) des problèmes d’accoutumance aux opioïdes chez des patients, même si 18 % seulement font souvent face à ce problème. Malheureusement, 70 % ont fait face à des incidents mineurs liés à des personnes qui recherchaient des opioïdes ou d’autres substances réglementées, tandis que 25 % ont connu des incidents majeurs et 11 %, des incidents graves.

Contrôle des opioïdes et lignes directrices

La plupart des répondants (68 %) déclarent que leur province ou territoire a un programme de contrôle des ordonnances; la répartition entre les programmes manuels et électroniques est à peu près égale. Ces programmes produisent un taux de satisfaction important, car seulement 8 % des répondants qui en utilisent un l’ont jugé médiocre. Soixante-treize pour cent des répondants connaissent et utilisent les Canadian Guidelines for use of opioids for chronic non-cancer pain et parmi eux, 78 % les jugent très utiles ou assez utiles. De plus, 78 % des répondants connaissent bien les politiques et les normes de pratique de leur collège au sujet de la prescription d’opioïdes.

Facteurs qui influencent la prescription d’opioïdes

On a demandé aux répondants d’indiquer dans quelle mesure les moyens suivants contribueraient à optimiser la prescription d’opioïdes. Voici les résultats classés par ordre d’importance :

  • Accès en temps réel à un programme de suivi des ordonnances (94 % des répondants ont jugé cette mesure très importante ou assez importante).
  • Éducation médicale continue (89 % ont jugé cette mesure très importante ou assez importante).
  • Davantage de services spécialisés de traitement de la douleur dans ma région (p. ex., médecins spécialisés en traitement de la douleur, physiothérapie, conseils psychologiques) (84 % ont jugé cette mesure très importante ou assez importante).
  • Limite du nombre de pilules d’opioïdes qu’il est possible de prescrire en même temps (65 % ont jugé cette mesure très importante ou assez importante).
  • Davantage de services d’entretien à la méthadone et autres traitements des toxicomanies (62 % ont jugé cette mesure très importante ou assez importante).
  • Obligation imposée par le gouvernement d’approuver seulement des formulations d’opioïdes inviolables (60 % ont jugé cette mesure très importante ou assez importante).
  • Permettre au ministre de la Santé de diffuser des avis sur la prescription excessive par un médecin (44 % ont jugé cette mesure très importante ou assez importante).
  • Journées périodiques de reprise des médicaments (35 % ont jugé cette mesure très importante ou assez importante).

Les répondants ne s’entendent pas sur la question de savoir si la surprescription par les médecins est à l’origine du problème posé par l’abus des médicaments d’ordonnance. La plupart des répondants (80 %) ont toutefois déclaré que les temps d’attente pour des traitements spécialisés contre la douleur constituent un gros problème dans leur région, tandis que 43 % ont affirmé que les temps d’attente pour des traitements d’entretien à la méthadone ou autres traitements des toxicomanies posent un problème.

Effet des résultats du Forum électronique

Les résultats de ce sondage du Forum électronique ont aidé à éclairer la politique de l’AMC sur les « Préjudices associés aux opioïdes et à d’autres médicaments d’ordonnance psychotropes », que l’on peut trouver ici : Politique sur les opioïdes (PDF). Cette politique recommande que le Canada se dote d’une stratégie nationale exhaustive pour lutter contre les préjudices associés aux psychotropes au Canada, qu’ils soient illégaux ou d’ordonnance, qui viendrait compléter les stratégies en vigueur pour lutter contre les préjudices associés aux deux drogues légales que sont l’alcool et le tabac. La stratégie devrait viser notamment à améliorer l’innocuité des médicaments, optimiser l’établissement d’ordonnances par des conseils factuels, informer et appuyer les prescripteurs, optimiser l’établissement d’ordonnances par des programmes de réglementation des médecins et de contrôle des ordonnances, accroître l’accès au traitement contre la douleur et au traitement des toxicomanies, accroître l’information par la surveillance épidémiologique, prévenir des décès attribuables aux surdoses et fournir de l’information aux patients et au public.

Ce que nous ont dit les répondants (commentaires choisis)

« Je pense que nous faisons de notre mieux. Il est certain que les gens consomment plus qu’ils ne devraient, mais il serait certainement utile d’avoir l’appui de programmes comme le programme d’assurance-médicaments de la Nouvelle-Écosse pour des médicaments analgésiques plus coûteux mais moins toxicomanogènes comme cymbalta, ralivia, tramacet, etc. Les choix qui s’offrent à nous comme médecins sont parfois très limités. Je ne pense pas que les médecins prescrivent volontairement ces médicaments en espérant que leurs patients iront les vendre ou en abuseront. Je ne pense pas qu’il soit utile non plus d’attirer l’attention du public sur les médecins qui prescrivent en quantités importantes. Des gens vivent avec une douleur chronique et il n’y a que les opioïdes qui les aident. »

« Nous devons prescrire de façon plus responsable, c’est certain. Des applications de DME intégrées, ainsi qu’un système de contrôle électronique, seraient très utiles. »

« Comme il manque de cliniques intégrées de traitement de la douleur, il est très difficile de traiter la douleur par des moyens non pharmacologiques. Si un patient en douleur doit se présenter à de nombreux endroits et à des fournisseurs divers, il devient difficile pour lui d’utiliser tous les outils comme protocole combiné. »

« La prescription de stupéfiants devrait être régie et contrôlée rigoureusement. Je suis totalement en faveur de la surveillance des façons de prescrire des médecins et il faut les avertir en cas d’usage excessif. »

« L’accès à des centres de traitement de la douleur multidisciplinaires, compatissants et de QUALITÉ et au traitement à la méthadone constitue un élément clé. Nos centres se trouvent à 100 à 400 km et ne fournissent pas de soins de qualité. »

« Je traite quelques patients dont le cas est complexe et leur traitement ne correspondrait pas à mes habitudes de prescription alors je craindrais qu’une surveillance par le ministère de la Santé MDS ne compromette l’accès pour ces patients et leur soin. Un deuxième avis dans de tels cas serait peut-être utile… »

« Il existe sur le marché de nombreuses options pour des médicaments inviolables comme Targin, Oxy NEO et les timbres de Bu_Trans. Des analgésiques moins toxicomanogènes comme Tramadol, tapentadol et des analgésiques topiques sont aussi disponibles pour les patients qui ont un régime d’assurance privé. Or, aucun de ces médicaments n’est couvert par le Programme d’assurance médicaments de l’Ontario. Seuls les opioïdes toxicomanogènes puissants sont couverts… »

« J’appartiens au programme de mentorat médical pour les toxicomanies et la douleur du Collège des médecins de famille de l’Ontario, ressource merveilleuse qui permet d’éduquer et d’appuyer les médecins dans leurs cas difficiles. »

« J’aimerais qu’un programme électronique réduise la paperasse. Le concept de la surveillance est excellent et a réussi à l’occasion à repérer des patients qui avaient accès à des opioïdes provenant d’autres sources que je ne connaissais pas. »

« J’estime que l’accès insuffisant aux services de santé mentale constitue un important problème qui contribue à la douleur de nombreux patients que je reçois. L’anxiété, la dépression, l’inactivité et de mauvaises techniques d’adaptation jouent un rôle énorme dans leur vécu de la douleur. »

« L’accoutumance aux opioïdes que j’ai traitée est attribuable aux opioïdes auxquels les patients ont accès dans la rue. En prescrivant avec soin, j’ai pu éviter qu’on abuse de mes ordonnances. »

« J’apprécie l’éducation continue et le maintien de la compétence pour traiter la douleur chronique et la toxicomanie. »

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