Association médicale canadienne

La crise dans le système des soins de santé ne doit pas devenir permanente. Lors du Sommet sur la santé | Hors-série : choix audacieux pour les soins de santé, l’AMC a échangé avec des médecins, des prestataires de soins, des patients et patientes et d’autres parties prenantes du secteur de la santé sur les décisions urgentes que nous devons prendre pour opérer une réelle transformation du système de santé.

« Nous disons à haute voix ce que nous taisions auparavant. C’est de très bon augure pour le changement qui s’annonce. » — Dr Alika Lafontaine

Séance 1 : Financement

26 octobre 2022

Le Dr Alika Lafontaine, président de l’AMC, a animé le premier événement Choix audacieux, une discussion sur le financement de la santé entre les panélistes Chantal Hébert, chroniqueuse politique, Christy Clark, ancienne première ministre, et Stephen McNeil, ancien premier ministre.

Apprenez-en davantage sur le financement des soins de santé, lisez les faits saillants de l’événement ou regardez un enregistrement de la séance.

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La vidéo montre en tout temps quatre intervenants. À partir d’en haut à gauche, on peut voir, dans le sens horaire, le Dr Alika Lafontaine, animateur et président de l’AMC, Christy Clark, ancienne première ministre de la Colombie-Britannique, Chantal Hébert, chroniqueuse politique, et Stephen McNeil, ancien premier ministre de la Nouvelle-Écosse.

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L’image d’ouverture est une diapositive sur laquelle est inscrit « Sommet sur la santé Hors-série : choix audacieux pour les soins de santé ». Il y a aussi l’image d’un jeune médecin.

Stephen McNeil

Si on n’a pas une conversation au Canada sur l’accès aux soins primaires, rien ne va changer. Même si on investit beaucoup plus dans le système de santé, rien ne va changer pour le mieux.

L’image suivante est une diapositive affichant les noms de l’animateur et des trois panélistes.

Dr Alika Lafontaine

Nous parlons souvent de financement, et la question de la transparence et de l’imputabilité pour les patients et les praticiens – et même les gouvernements –, lorsqu’il s’agit des services de soins de santé. Est-ce que c’est le bon problème auquel s’attaquer?

Christy Clark

Oui, c’est un problème. Qui dépense sur la santé? Le fédéral et les provinces? Le fédéral a dit aux premiers ministres provinciaux et territoriaux, il n’y a pas si longtemps : « Vous prenez notre argent et vous investissez dans les augmentations salariales des infirmières et des médecins. » Et c’est ça qu’a fait l’Alberta, d’ailleurs. Et les provinces disent au fédéral : « Non, vous devriez payer 50 % des soins! Vous ne donnez pas les soins, donc ne contestez pas notre façon de dépenser. » Chaque province a des besoins différents, comme l’Alberta, qui était en situation de plein emploi à l’époque.

Chantal Hébert

Du point de vue des patients – et par « patients » je veux dire « électeurs » –, la question la plus importante ne serait pas la transparence et l’imputabilité : ça serait un accès rapide. Personne ne se soucie vraiment de qui dépense les fonds. Tout ce que les Canadiens veulent, c’est d’avoir accès aux soins au bon moment.

Stephen McNeil

La transparence n’est pas quelque chose dont les électeurs me parlaient. La priorité pour les électeurs n’était pas une question de transparence. Il faut changer le modèle, et comme ça on va pouvoir décider par la suite combien on va payer aux gens dans le système. J’espère qu’on pourrait avoir une conversation sur l’accès aux soins, suivie d’une conversation sur où aller chercher les professionnels.

Dr Alika Lafontaine

Est-ce qu’on devrait déconnecter la réforme de la santé des gouvernements, parce que chaque progrès est détruit par les élections tous les quatre ans?  

Stephen McNeil

Ça serait génial si on pouvait le faire, mais tous les quatre ans, les premiers ministres doivent se faire réélire; c’est un fait.

Christy Clark

Nous n’allons jamais voir la réforme dont on a besoin dans le système de santé si on s’en remet aux gens qui travaillent selon un cycle de quatre ans. Ces gens-là ne sont pas, finalement, en mesure d’apporter les grands changements dont on a besoin.

Chantal Hébert

Je suis d’accord. Les pratiques exemplaires doivent commencer au niveau local et régional. Ça ne peut pas être une approche descendante. Mais ça me rappelle qu’on me paye pour vivre dans le vrai monde, et dans le vrai monde, les gouvernements ne vont pas céder l’organisation du système de soins de santé à des acteurs non politiques.

Dr Alika Lafontaine

Est-ce que vous pensez qu’on peut parler plus de valeur plutôt que de réduction des coûts?

Christy Clark

On peut avoir différents incitatifs. Par exemple, nous avons fait une expérience en Colombie-Britannique dans les salles d’urgence, où on augmentait le budget des salles d’urgence dans un hôpital si des solutions de changements que les gens qui travaillaient là avaient créées et mises en application eux-mêmes entraînaient moins de coûts. Alors, ils pouvaient garder l’argent qu’ils avaient sauvé pour d’autres choses. Ce que nous avons trouvé, c’est que les professionnels dans des zones spécifiques d’un hôpital savent exactement où ils peuvent épargner. Ils travaillent dans un système qui ne réagit pas, ils font des suggestions et jamais rien ne se passe – presque jamais. En donnant aux professionnels eux-mêmes la capacité de changer les choses et en leur donnant des incitatifs, non pas personnellement, mais à leur département, ça a engendré beaucoup de changements positifs, par exemple pour les temps d’attente, l’expérience des patients, toute une gamme de choses a changé d’un point de vue mesures. 

Stephen McNeil

Je pense que l’idée de Christy est bonne. On aurait dû savoir que vous étiez en train de faire ça, mais votre concept est très intéressant, celui que vous venez de mentionner, parce que ça permet aux gens qui sont là – les professionnels qui sont là, et qui sont responsables des budgets et des procédures – de ne pas avoir peur d’innover, parce qu’ils garderont cet argent.

Dr Alika Lafontaine

Souvent, on entend que les médecins et les infirmières veulent changer de modèle de livraison, avoir des modèles de collaboration, avec plus de professionnels. Quand des conversations sont tenues par les gouvernements, pour être plus inclusifs, quels sont les autres travailleurs de la santé qui devraient faire partie de ces équipes-là qu’on n’est peut-être pas en train d’inclure dans ces conversations?

Christy Clark

Les ambulanciers. C’est ce qu’on fait à Ottawa, par exemple. On a un modèle là-bas où ils font des soins de santé pour les personnes âgées chez elles. Alors, on pourrait inclure les ambulanciers; les pompiers aussi, qui font des fois des soins d’urgence.

Chantal Hébert

Les pharmaciens, peut-être en premier. On l’a vu pendant la pandémie : le nombre de choses qu’on peut faire avec son pharmacien… beaucoup plus qu’il y a 10 ans – c’est incomparable. On pourrait régler beaucoup de problèmes en impliquant les pharmaciens. Je peux aller me faire vacciner, je n’ai plus besoin d’aller voir un médecin pour me faire vacciner.

Stephen McNeil

Maintenant, les aînés peuvent aller voir un pharmacien pour regarder la liste de médicaments que la personne âgée prend. Les travailleurs sociaux doivent être impliqués également. Ils doivent aider les gens avec les circonstances dans lesquelles ils se trouvent. Une des mesures d’appui qu’on pourrait peut-être mettre en œuvre pour aider les familles de façon précoce : on devrait permettre à toutes les professions de pratiquer selon leurs compétences, selon leur formation, et ça doit inclure également les travailleurs sociaux.

Dr Alika Lafontaine

C’est une bonne discussion. Ces sessions sont frustrantes, parce qu’on veut passer à l’acte. Alors qu’est-ce que nous pouvons faire? Comment est-ce qu’on peut entamer le changement?

Chantal Hébert

Pour les membres individuels qui écoutent ce webinaire, vous avez un petit peu de marge de manœuvre. Vous pouvez apporter les changements à votre propre niveau, malgré la bureaucratie ou même dans la main avec la bureaucratie. Faire preuve de créativité n’est pas interdit par la loi ni par le gouvernement fédéral. Deuxièmement, allez chercher un appui dans votre domaine pour forcer le gouvernement à se rendre compte de la dégradation du système de santé. C’est ça que vous devez faire. C’est la meilleure chose que vous puissiez faire pour vos patients, mais vous devez le faire ensemble.

Christy Clark

Le problème, c’est que les Canadiens semblent penser que si on n’a pas le même système qu’on a aujourd’hui, qui est loin d’être parfait, qu’on va avoir un système américain, et ce n’est pas vrai du tout. Parler de cela publiquement pourrait, finalement, créer des possibilités pour les changements au niveau politique.

Stephen McNeil

Si les associations parlaient avec une seule voix, vous allez être une voix puissante pour les patients, et c’est ça l’élément le plus important. Personne ne croit aux politiciens. On peut donc parler de la transformation, mais si les organismes comme le vôtre ne disent pas la même chose, ne prônent pas la même idée, ça va être très difficile à mettre en œuvre. Donc, mon appel à l’action, ça serait de vous encourager à renforcer vos relations avec les associations provinciales et ensuite élaborer une nouvelle idée sur le modèle.

Dr Alika Lafontaine

Merci d’avoir participé à cette conversation très stimulante. Merci à Christy Clark, Chantal Hébert et Stephen McNeil d’avoir participé à cette conversation fort intéressante. Merci beaucoup.

Maintenant, on va passer à la prochaine partie de notre webinaire. Je vais demander, donc, à Katharine Smart et Toni Leamon de se joindre à moi maintenant. Qu’est-ce qui ressort de la conversation pour vous?

Toni Leamon

Premièrement, l’imputabilité, la reddition de comptes. Lors de cette conversation, on a parlé de la reddition de comptes au niveau provincial, au niveau fédéral, mais la reddition de comptes doit avoir lieu à tous les niveaux. Nous sommes tous redevables envers les patients. Quand on habilite, quand on responsabilise les patients, les interventions peuvent être finalement améliorées, adaptées aux besoins.

Katharine Smart

Où existe cette imputabilité dans notre système? Nous ne regardons pas les résultats dans notre système. Il n’y a personne qui est responsable pour les résultats. On n’est pas en train d’encourager les gens à donner des résultats positifs pour les gens. Sans ça, je ne vois pas comment on peut avoir des changements positifs. Aussi, ce dont Christy a parlé au sujet du budget, je pense que ce qui empêche souvent l’innovation, c’est d’avoir le statu quo quant à la façon dont les choses sont faites. Je suis entièrement d’accord, mais on sait que ce n’est pas comme ça que les budgets fonctionnent; on sait très bien que si vous ne dépensez pas l’argent dans le budget de l’année prochaine, vous ne l’aurez pas l’année prochaine. Alors, il y a des changements bureaucratiques que l’on devrait faire maintenant pour motiver les gens. Dire : « Bon, si je veux être récompensé pour ce changement, j’ai des idées, je vais faire des changements pour mes patients, je vais avoir plus d’accès aux ressources, et ça va être bien. » L’important, c’est d’avoir la bonne conversation sur les bonnes affaires au bon moment. Et ça, c’est beaucoup plus important que l’argent, tout simplement.

Séance 2 : Modèles de prestation des soins

8 décembre 2022

Le deuxième événement Choix audacieux portait sur la question au cœur de la médecine : « Comment fournir les meilleurs soins aux patients et patientes? » À l’animation : le Dr Alika Lafontaine, président de l’AMC. Les panélistes : le Dr Brian Goldman, auteur, animateur de radio à la CBC et urgentologue, Deb Matthews, ancienne ministre de la Santé de l’Ontario, la Dre Rita McCracken, chercheuse et médecin de famille, ainsi que Claire Snyman, représentante des patients et patientes. 

Apprenez-en davantage sur les modèles de prestation des soins, lisez les faits saillants de l’événement ou regardez un enregistrement de la séance.

Transcription de la vidéo

ALIKA LAFONTAINE : Bonsoir comme d'habitude ici à l'AMC, notre deuxième conversation, donc, je vous parle du territoire traditionnel non cédé des peuples Algonquins Anichinabés, car nous avons plus de 800 participants qui se sont inscrits dans les territoires traditionnels d'une nation à l'autre. 

Donc, pensez au territoire dans lequel vous vous trouvez ce soir. 

Bienvenue donc au deuxième événement des choix audacieux en santé. 

Lors de notre première session, nous avons parlé de plusieurs thèmes dont donner aux fournisseurs et aux patients la possibilité de décider des résultats, innover d'à partir du bas et éliminer les obstacles entre les professionnels. 

Aujourd'hui, nous allons donc parler d'un système de santé efficace et plus précisément comment dispenser les soins aux patients. 

Nos modèles ont déjà fonctionné par le passé, mais on voit les écarts d'accès se creuser. 

Les temps d'attentes montent et le système ne fonctionne plus. 

Il y a plusieurs exemples de cela et chacun des participants et des conférenciers reconnaît finalement que nous vivons une situation très difficile dans les hôpitaux actuellement. 

Alors, nous pensons aux familles et aux fournisseurs qui sont aux prises avec cette crise. 

Se faire vacciner contre la COVID est très important. 

On doit porter un masque et on doit être finalement gentil avec les fournisseurs. 

Qu'est-ce qu'on peut faire de mieux en soins primaires et chirurgicaux et que pouvons-nous apprendre des modèles existants ? 

Si vous voulez partager vos pensées par Twitter, on va utiliser le mot-clip AMC choix audacieux et comme ça, vous allez pouvoir suivre la conversation de ce soir. 

Nous allons commencer par une séance de questions et réponses modérée de 40 minutes avec nos conférenciers, suivie d'une séance de questions et réponses de 40 minutes avec vous. 

Les questions seront présentées sous forme de texte. 

Il y a un bouton qui est marqué Q&A et vous pouvez donc poser votre question de cette manière. 

Nous demandons à chacun de soutenir une discussion respectueuse, professionnelle et collaborative ce soir. 

Les questions discriminatoires et diffamatoires ne seront pas abordées. 

Maintenant, permettez-moi de vous présenter nos quatre panélistes : le Docteur Brian Goldman, urgentiste à Toronto et animateur de l'émission de radio White Coat, Black Art de la CBC. 

Son dernier livre, The Power of Teamwork démontre comment une approche basée sur l'équipe peut améliorer tous les aspects du système de santé. 

Deb Matthews a passé de nombreuses années à l'Assemblée législative de l'Ontario, notamment en tant que ministre de la Santé et des Soins de longue durée. 

Elle a fait adopter la Loi sur l'excellence des soins pour tous en 2010, qui a renforcé la responsabilité du système de soins de santé. 

Elle est actuellement Senior Fellow à la Dalla Lana School of Public Health à Toronto. 

Bienvenue. 

La Docteure Rita McCracken est médecin de famille à Vancouver et professeure adjointe au département de médecine familiale de l'Université de la Colombie-Britannique. 

Elle étudie actuellement la pénurie de médecins de famille en Colombie-Britannique. 

Elle cherche notamment à savoir comment évaluer les changements dans la disponibilité des soins primaires. 

Bienvenue. 

Et enfin, Claire Snyman est une écrivaine conférencière, et défenseure des droits basée à Vancouver et membre du groupe consultatif de l'AMC Voix des patients. 

Ses livres sont basés sur son expérience personnelle. 

Elle continue finalement à militer pour un meilleur accès aux soins et a contribué à une étude avec des neurochirurgiens de l'Université Johns-Hopkins. 

Bienvenue. 

Maintenant, nous allons vous poser la première question pour ce soir. 

Le statu quo ne fonctionne tout simplement pas. 

Nous voulons tous de bons soins. 

On va commencer avec Claire. 

Je pose la question suivante : à quoi cela ressemble-t-il ? 

CLAIRE SNYMAN : Merci beaucoup, merci d'avoir commencé avec moi. 

Tout d'abord, merci de nous permettre finalement d'exprimer la Voix des patients. 

Le changement du statu quo est en fait une question très importante pour moi et j'espère que notre conversation aujourd'hui entre médecins et patients va nous permettre finalement de trouver des façons pour passer à l'acte, pour améliorer le système. 

Quand je pense à un modèle de bons soins, d'abord, pour moi, c'est un bon modèle pour les patients. 

C'est également important que ça fonctionne bien pour les familles. 

Tout d'abord, le système viendrait me soigner là où je suis pour que je puisse obtenir les bons soins au bon moment et de façon rapide. 

C'est peut-être trop demander, vous nous avez demandé de faire preuve d'audace. 

Ce modèle, finalement, tiendrait compte des besoins de tous les patients. 

Ce serait effectué en partenariat avec les patients. 

On s'est penché sur ce que ça veut dire pour nous, à la Voix des patients. 

Pour nous, ce serait une collaboration équitable entre les décideurs, les patients, les fournisseurs de soins et également ceux qui prennent soin de nous. 

Ce serait basé sur la communication, la collaboration et une prise de décision conjointe. 

Pour les patients, un bon modèle de soins voudrait dire ou serait synonyme, finalement, de soins sans heures. 

Moi, j'ai finalement plusieurs maladies et un bon système me permettrait finalement de mieux naviguer dans celui-ci. 

En fin de compte, ce serait plus facile, pas seulement pour moi, mais pour les fournisseurs de soins, ceux qui prennent soin de moi. 

Une dernière chose, si je devais vous donner l'exemple d'un bon modèle de soins, il y aurait un système de partage d'informations à son cœur et cela me permettrait d'avoir accès à mes dossiers médicaux, peu importe où je me trouve et peu importe l'équipe de santé qui me traite. 

Ça nous donnerait le temps de vraiment nous concentrer sur ce qui est important pour nous. 

Ça me donnerait la possibilité de poser des questions et ça permettrait aux fournisseurs de dispenser de bons soins, ça permettrait le partage des données et d'avoir accès à toutes les informations. 

C'est peut-être une utopie, mais pour moi, c'est un modèle idéal pour les patients. 

ALIKA LAFONTAINE : Merci. 

Brian maintenant, je vous cède la parole. 

Quel est votre point de vue comme urgentologue ? 

Ensuite, on cédera la parole à Rita. 

On aimerait savoir ce que dit la littérature sur les bons soins. 

Et Deb, vous êtes peut-être la seule qui reconçoit les systèmes comme décideuse. J'imagine que votre vision de bons soins est très différente peut-être des nôtres. 

On va commencer avec vous, Brian. 

BRIAN GOLDMAN : Merci beaucoup, Alika. 

Je suis content que vous ayez commencé avec Claire. 

De bons soins, finalement, réagissent aux besoins des patients. 

Ce n'est pas quelque chose qu'on leur impose, ça doit combler leurs besoins. 

On doit leur demander ce qu'il leur faut. 

Et par rapport à ce qu'a dit Claire, moi je rajouterais ce qui suit : ce doit être un système qui fait beaucoup plus que de dispenser de bons soins. 

On doit agir en amont, on doit finalement régler les problèmes avant que ceux-ci ne deviennent graves. 

De mon point de vue, comme urgentologue, je vois qu'on a vraiment besoin de bons soins primaires. 

Je veux entendre le son de cloche de Rita. 

Il y a un grand écart pour ce qui est des soins primaires au Canada. 

On peut faire mieux. 

Pour moi, ça veut dire moins de patients aux urgences parce qu'ils ne peuvent pas aller ailleurs, parce qu'ils n'ont pas de médecin de famille ou ils ne peuvent pas obtenir un rendez-vous avec leur médecin de famille. 

Si on réglait ces problèmes-là, je verrais surtout les patients qui vivent des situations d'urgence en réalité. 

Nous, ceux qui travaillent dans la santé, peu importe les soins qu'on dispense, on doit travailler en équipe. 

C'est une chose dont je vais vous parler à répétition. 

On parle beaucoup de travailler en équipe, mais on ne comprend pas ce que ça veut dire. 

Il me ferait plaisir d'en parler plus tard, mais l'équipe, finalement, est plus importante que les membres individuels. 

Ça réduit notre stress parce que je ne suis pas tenu de trouver toutes les réponses, je peux finalement m'en remettre aux autres. 

Quand on travaille dans une équipe, je travaille finalement sans heurts. 

Il y a un renvoi, finalement, de l'infirmière praticienne et ensuite, moi je peux faire un renvoi aux spécialistes. 

On doit tous travailler ensemble. 

Ce sont des changements qu'il faut apporter pour améliorer la situation au Canada. 

ALIKA LAFONTAINE : Rita, à vous. 

RITA MCCRACKEN : Oui. 

Sans surprise, il n'y a pas une seule solution au problème de la santé au Canada. 

Il y a beaucoup d'informations dans la littérature. 

Nous devons réfléchir à bâtir un système qui n'est pas composé de héros, mais plutôt d'êtres humains. 

On a vu pendant la pandémie et pendant cette dernière crise de maladies respiratoires... On voit ce qui se passe quand on demande aux gens de tout faire. 

On le voit dans les soins primaires. 

On a beaucoup parlé finalement des soins dispensés par une équipe, mais on n'a pas encore passé à l'acte. 

Il y a de bons exemples de cela. 

Les centres communautaires qui existent au Canada depuis plus de 60 ans et qui sont basés dans la collectivité, dirigés par la collectivité et qui donnent de bons résultats pour les patients, mais qui ne sont pas véritablement intégrés dans le système. 

J'ai beaucoup d'idées dont j'aimerais vous parler, surtout ici en Colombie-Britannique, parce que la pénurie s'aggrave tous les jours. 

Si on se concentre sur les héros, sans créer un contexte où on peut travailler en équipe, c'est ce qu'il faut changer. 

Il faut vraiment changer notre mentalité. 

ALIKA LAFONTAINE : Deb. 

DEB MATTHEWS : C'est une question de taille. 

Je vais tenter d'y répondre. 

J'ai certaines questions ou problèmes techniques. 

Soyez indulgents. 

Claire l'a dit avec beaucoup d'éloquence d'ailleurs, les patients ont besoin de bons soins, cela veut dire des soins axés sur les preuves. 

Nous devons dispenser les bons soins au bon moment. 

On doit finalement traiter les problèmes en amont pour que les gens aient accès aux soins au bon moment et au bon endroit. 

Nous devons investir dans les options pour les gens à l'extérieur des hôpitaux pour qu'on puisse dégager les hôpitaux pour ceux qui ont besoin de soins aigus et on doit offrir le soutien dont les gens ont besoin pour passer à la prochaine phase de leurs soins, que ce soit une réhabilitation ou que ce soit à domicile, mais il faut investir dans les solutions à l'extérieur des hôpitaux et les bons fournisseurs. 

On doit finalement permettre aux fournisseurs de travailler en équipe. 

Les soins dispensés en équipe dégageront les médecins pour leur permettre, finalement, de traiter les gens qui en ont vraiment besoin. 

D'autres gens pourraient être encouragés à se tourner vers des physiothérapeutes, vers des travailleurs sociaux. 

Donc, bon endroit, bon soin, bon fournisseur. 

On doit vraiment se concentrer sur les déterminants sociaux de la santé. 

Ce n'est pas logique pour nous de payer une amputation pour quelqu'un qui n'a pas obtenu de bons soins, mais on n'a pas les fonds nécessaires pour prévenir l'amputation. 

Alors, nous devons finalement nous concentrer sur les déterminants sociaux de la santé. 

Il y a un déséquilibre finalement. 

C'est très facile de dispenser les soins médicaux, mais ce n'est pas possible finalement d'obtenir l'aide dont une personne a besoin pour bien manger. 

ALIKA LAFONTAINE : J'aimerais modifier la question un petit peu. 

Claire, j'ai lu vos livres et de votre expérience, vous avez pris position, vous avez décidé que vous alliez gérer vos propres soins et maintenant, vous montrez aux autres patients comment emboîter le pas. 

Quand on parle au gouvernement, finalement, on présente les régimes de soins selon la façon dont on nous rémunère. 

Quand vous parlez des gens que vous connaissez, est-ce que vous voyez vraiment ou vous observez, finalement, les régimes différents qui existent au sein du système de santé ? 

CLAIRE SNYMAN : C'est une bonne question. 

Finalement, la situation a changé après la COVID à cause du stress vécu par le système. 

Si je pense au continuum de soins, par exemple mon médecin de famille que je vois régulièrement, je suis vraiment reconnaissante envers cette personne, j'ai le temps finalement de parler directement avec mon médecin, de poser mes questions et j'ai l'impression que j'ai le temps de poser mes questions également. Mais quand je sors du cabinet de mon médecin de famille, quand on me renvoie à un spécialiste, même si je suis une patiente éclairée, mon impression, finalement, ou ma perception du contrôle que j'exerce évolue. 

Je n'ai plus le contrôle sur quand je vais pouvoir consulter le spécialiste, quand je vais obtenir l'IRM, etc., et pour moi, ça crée beaucoup d'incertitudes. 

C'est un défi pour moi. Et comme patiente éclairée, je sais qu'il faut que je fasse un suivi, je dois appeler, mais ce n'est pas quelque chose que feraient tous les patients. 

Moi, je dis toujours aux autres patients qu'il faut appeler pour connaître la liste d'attente, faire un suivi sur les résultats d'analyse, par exemple. 

Si je vais aux urgences, avant la COVID, c'était quelque chose que je faisais régulièrement, maintenant, la situation est très différente. 

J'ai de l'asthme aigu, mais je veux pouvoir y aller. 

Je sais que je dois y aller, mais je ne sais pas à quoi m'attendre forcément maintenant. 

C'est difficile pour les patients de savoir comment naviguer dans le système et ça cause beaucoup d'incertitudes et d'angoisse. 

ALIKA LAFONTAINE : Brian, à vous. 

BRIAN GOLDMAN : Merci, Alika. 

Claire a mentionné beaucoup de choses. 

Je sais qu'on veut parler de la fragmentation parce que c'est un thème très important. 

Elle a parlé de ne pas avoir assez de temps. 

Ne pas avoir assez de temps : la pression temporelle est quelque chose que nous devons, finalement, aborder parce que c'est inacceptable pour les professionnels et certainement pour les patients. 

On peut y remédier de bien des façons. 

Autre chose qu'il faut faire, il y a la question tout d'abord du stress et de la rareté, de la pénurie. 

On peut y remédier de bien des façons, mais il y a une pression temporelle. 

On a très peu de temps, on doit finalement courir d'un patient à l'autre. 

Il faut réintégrer le temps dans le système. 

Il y a des façons pour y arriver et on peut en parler. 

ALIKA LAFONTAINE : Rita et Deb pour vos observations maintenant. 

Vous êtes en mode sourdine, Deb. 

Vous êtes encore en mode sourdine. 

RITA MCCRACKEN : Alors, je vais intervenir. 

J'aime bien l'idée qu'on doit habiliter les patients comme Claire à gérer leurs propres soins, mais en même temps, c'est demander beaucoup des patients. 

Nous devons comprendre ce que peut faire le patient et ce que peut faire le système parce que sinon, on va voir les patients qui ne disposent pas des mêmes ressources que Claire, qui ne peuvent pas naviguer dans le système. 

Donc, on doit intégrer les mécanismes pour habiliter ou responsabiliser les patients selon leurs moyens. 

ALIKA LAFONTAINE : Deb, vous avez un complément d'information à ajouter ? 

Vous êtes toujours en mode sourdine. 

Donc, on va passer à Claire à nouveau. 

CLAIRE SNYMAN : Merci, Rita. 

C'est très, très important. 

Tout le monde a un niveau de littératie ou de sensibilisation différent, peu importe notre niveau de scolarisation. 

Le système de santé est un contexte étranger pour bien des gens et il faut appuyer les patients et également les familles des patients qui doivent passer à travers ce contexte qui leur est peu familier. 

Quand on pense au nouveau modèle, il faut appuyer les patients. 

Il faut vraiment habiliter les patients et leur famille également. 

ALIKA LAFONTAINE : Vous voulez intervenir ? 

DEB MATTHEWS : Est-ce que vous m'entendez maintenant ? 

ALIKA LAFONTAINE : Oui, oui, oui. 

DEB MATTHEWS : C'est très bien, merci beaucoup. 

J'ai l'impression que l'on sait ce qu'il faut faire. 

On en parle depuis très longtemps, n'est-ce pas ? 

Mais maintenant, il faut faire preuve d'audace et vous avez baptisé cette série Choix audacieux, mais il faut également des actions audacieuses. 

Et pourquoi faudrait-il passer à l'acte de façon urgente ? 

Parce que les gens perdent confiance finalement envers le système de santé canadien. 

On commence à voir finalement des soins de santé privés. 

Il y a une compagnie qui vous permet de passer en tête de liste. 

Ça vous coûte 28 000 dollars, mais vous devez, finalement, aller vous faire soigner dans une autre province. 

Seulement certaines personnes auraient les moyens financiers pour se le permettre. 

Je suis préoccupée. 

Si on ne passe pas à l'acte, si on n'agit pas pour améliorer le système de santé, on risque de perdre notre système de soins universels. 

ALIKA LAFONTAINE : Vos conseils sont très sages. 

Rita, à vous. 

Très rapidement, bien évidemment, le stress dont on parle existait déjà avant la COVID, mais il a évolué un petit peu à cause de la COVID. 

Où se trouvent les obstacles ? 

Pourquoi ne peut-on pas modifier le système ? 

Pourquoi ne peut-on pas dispenser de bons soins ? 

Pourquoi ne peut-on pas assurer ou garantir la confiance des gens ? 

Quels sont les obstacles que vous constatez et quelle a été l'évolution de ces obstacles ? 

RITA MCCRACKEN : Je pense que l'une des conversations que l'on doit avoir, c'est l'obstacle que les médecins ont posé au changement. 

Les médecins ont menacé de faire la grève quand ils ne peuvent pas faire à leur tête. 

C'est arrivé un peu partout au Canada et le monde a changé depuis 1962 quand Tommy Douglas a ouvert la conversation sur le système de soins de santé. 

Nous ne sommes pas les seuls qui peuvent donner de bons soins de santé. 

Il y a d'autres membres d'équipe très importants qui doivent être impliqués dans cet échange et bien souvent, en situation de crise, ce sont les médecins et les gouvernements qui s'assoient derrière des portes closes et c'est un choix audacieux que l'on pourrait faire maintenant de ne pas tenir ces échanges derrière des portes closes et nous assurer d'avoir toutes les bonnes personnes à la table : les autres fournisseurs de soins, des patients et des membres de la communauté. 

Les soins de santé appartiennent à la communauté. 

Moi, je travaille dans une grande pratique familiale à Vancouver. 

J'ai des connaissances en VIH et maintenant, j'ai des patients qui ont parcouru plus de 500 kilomètres pour venir me voir parce qu'ils n'arrivent pas à trouver un autre médecin de famille qui prendra un patient additionnel atteint de VIH, en fait. 

Ce n'est pas possible ! 

Il faut qu'on revoie notre façon d'organiser les soins pour 2022, ce qui veut dire pas seulement dire les médecins. 

ALIKA LAFONTAINE : Alors, Brian. 

BRIAN GOLDMAN : Oui, j'ai quelques points là-dessus. 

Je ne suis pas en désaccord avec ce que dit Rita, on a besoin d'un nouveau modèle. Mais je veux quand même défendre les médecins de famille ici, parce que j'ai passé du temps dernièrement en Colombie-Britannique. 

J'ai passé du temps avec le Docteur Chris Applewood qui est médecin et en milieu de carrière, il a décidé de se lancer en médecine familiale. 

Salt Spring Island, c'est un bon endroit où élever ses enfants, mais pas un bon endroit pour pratique la médecine familiale. 

Il a décrit la situation comme étant en pénurie de ressources, les médecins n'ont pas d'IRM, ils n'ont pas le temps de s'occuper du soin des patients atteints de cancer et ils sont ensevelis dans la paperasserie. 

Il n'est pas avec sa famille, il a beaucoup de paperasserie à remplir. 

Tout le monde va surveiller ce qui se passe là en Colombie-Britannique. 

Je ne pense pas que le système dessert très bien les médecins de famille. 

J'aimerais bien avoir un service tout à fait différent, qui repose sur le travail d'équipe. Mais il est très difficile de transformer tout cela comme par magie, en un claquement de doigts. 

Il y aura toute une cohorte de praticiens qui connaissent bien le système et qui ne voudront pas facilement carrément le changer. 

Ce que je préférerais, c'est de dire que les diplômés, avant une certaine année, vont fonctionner en modèle d'équipe comme ce dont on parlera sous peu, le genre de modèle de clinique communautaire où on commence en première année au Collège Professionnel, tous les alliés de la santé étudieraient ensemble et commenceraient à voir ce que c'est que de travailler ensemble. 

Ainsi, on aurait des équipes dès le départ et ensuite, ils pourraient se lancer dans la communauté une fois le diplôme en poche. 

Ils pourraient desservir une région géographique. 

On ne pourrait pas leur permettre de choisir. 

On leur choisirait un secteur géographique pour qu'ils desservent les résidents de ce secteur. 

Ça, c'est toute une transformation et ce ne sera pas facile. 

ALIKA LAFONTAINE : Je vais demander à Claire de passer à la prochaine question. 

Comme fournisseur de soin de santé, on voit les problèmes un petit peu différents. Il y a toujours deux côtés à la médaille. 

Les travailleurs ont leur expérience et je pense que le pendule est passé d'un côté à l'autre. 

On a des gens qui ont travaillé dans le système depuis longtemps et peut-être qu'on a ignoré les luttes qu'ont dû mener les travailleurs dans le domaine de la santé. 

Il y en a qui ont essayé de reconcevoir le système. 

Qu'est-ce que vous pensez d'après ce que vous avez entendu de Brian jusqu'à maintenant ? 

CLAIRE SNYMAN : Je pense qu'il y a de très bons points qui ont été soulevés. 

On parle de choix audacieux. 

Une des choses qui est arrivée avec la COVID, pensons-y un peu, pensons aux enseignements qu'on a tirés, aux choses qui sont arrivées, des réactions instinctives qu'on a eues. 

Il faudrait peut-être penser à d'autres façons de nous offrir des soins de santé. 

On est arrivé aux soins virtuels maintenant à cause de la pandémie. 

La réalité d'offrir des soins à des personnes à distance, finalement, s'est concrétisée. 

La santé virtuelle est une possibilité maintenant. 

Comment peut-on prendre ces possibilités extraordinaires qui ont repoussé les obstacles dans le système de soins de santé ? 

Il faut arrêter de se frapper la tête sur le mur. 

Je me demande pourquoi on ne peut pas repousser ces structures en place. 

Est-ce qu'on ne peut pas tirer des leçons de ce qu'on a vécu pendant la COVID, de la collaboration qui a eu lieu ? Pourquoi ne se dit-on pas : « Pourquoi ne pas se servir de ces leçons maintenant pour aller de l'avant ? » ALIKA LAFONTAINE : Merci. Deb. 

DEB MATTHEWS : Oui, il faut que ce soit les patients qui nous dirigent vraiment. 

Je pense qu'on a toujours la Voix des patients d'incluse par symbolisme, mais je pense qu'il y a lieu de les écouter très attentivement, ces patients, de façon beaucoup plus formelle que maintenant pour que les patients dirigent les fournisseurs de soins, pour qu'ils comprennent aussi qu'ils travaillent pour les patients, parce que ce sont eux qui paient pour le système, c'est le public qui paie pour le système et ce sont les patients qui devraient avoir voix au chapitre dans notre façon d'offrir des soins. 

Les patients aiment cela les soins virtuels parce que ça leur épargne de parcourir 500 kilomètres pour aller voir un médecin. 

Mais en Ontario, on vient de faire le contraire. 

On ne veut pas encourager les soins virtuels, pourtant, c'est bien mieux pour les patients. 

ALIKA LAFONTAINE : C'est une très bonne discussion jusqu'à maintenant. 

On va passer à certaines des questions qui ont été présentées par les participants. 

Alors, si vous voulez présenter des questions, allez au bas de votre écran et vous pouvez envoyer une question. 

Si vous avez une question que vous aimez, appuyez sur le cinq. 

Si ce n'est qu'un commentaire, on peut simplement les lire. 

Alors qu'on pose ces questions, je demanderais aux panélistes de nous dire aussi comment on peut soutenir de nouveaux modèles de prestation de soins et qu'est-ce qu'il faudrait changer dans le comportement des gens ou des patients, quelles sortes de choses devront changer. 

Par exemple, est-ce qu'on doit garder le modèle de praticien seul quand on parle de soins primaires ? 

Il y a beaucoup de documentation sur le travail d'équipe dans plusieurs domaines. 

Le fait qu'on ne le fasse pas très bien, nous, veut dire qu'il y a des choses qui jouent contre cela. 

Par exemple, qu'est-ce qu'on pourrait corriger et quel incitatif nous emmène dans la mauvaise direction ? 

On commence avec Deb. 

DEB MATTHEWS : Moi, je pense que c'est vrai, qu'on obtient les résultats qu'on a voulu obtenir. 

C'est un problème en Ontario en tout cas, je suppose qu'ailleurs aussi. 

Les cas complexes ne sont pas recherchés par les médecins parce que la rémunération n'est pas suffisamment supérieure. 

Disons qu'un utilisateur fréquent des soins de santé, par exemple, est mieux. 

Alors, il y a des gens qui ne sont pas bien desservis à cause de la rémunération. 

Je ne dis pas qu'il faut dépenser plus, mais je pense qu'il faudrait rééquilibrer les choses parce que les incitatifs privent certaines personnes d'obtenir les soins dont ils ont besoin. 

ALIKA LAFONTAINE : Si jamais vous avez quelque chose à dire sur les questions des participants, levez la main. 

Brian. 

Vous êtes en sourdine. 

BRIAN GOLDMAN : Merci. 

Il y a des facteurs de culture et des facteurs systémiques qui ont tendance à ne pas favoriser les soins d'équipe. 

D'abord, la pression exercée par le temps. 

Tout le monde se sent pressé et quand on est stressé, on retourne à nos instincts primitifs, c'est-à-dire s'en tenir à notre petit groupe et identifier les gens de l'extérieur qui ne comprennent pas comment on pense, qui préconisent les attitudes de silo, de hiérarchie, surtout dans les soins à l'hôpital. Les spécialistes ont généralement plus d'influence que les médecins en soins primaires, qui ont plus d'influence que les infirmières, etc. 

Donc, il y a un ordre hiérarchique. 

Je ne parle pas de la culture de soins infirmiers, mais il y en a un en médecine. 

Quand j'ai été formé, que j'ai obtenu mon diplôme, les gens ne m'aidaient pas à répondre aux questions, j'ai dû répondre aux questions seul. Et on croit que si je n'ai pas toutes les réponses, pourquoi serais-je là ? 

Il faut passer par-dessus cela. 

J'ai appris beaucoup plus tard dans ma carrière que je suis bien meilleur en situation d'urgence quand je suis entouré d'apprenants, d'infirmiers, d'infirmières, d'adjoints, de médecins. 

Il y a aussi un manque d'expérience avec le travail d'équipe. 

On ne comprend pas toujours ce que veut dire avoir des connaissances d'équipe. 

RITA MCCRACKEN : Oui et j'ajouterais là-dessus que dans l'ensemble, surtout pour ce qui est des soins primaires, la somme totale de notre transformation, c'est de parler de la rémunération des médecins d'une façon nouvelle. 

Cela s'adresse directement à des médecins individuels. 

Donc, on ne parle pas de soins d'équipe. 

Et pour revenir à ce qu'a dit le Docteur Goldman, on croit dans notre profession que ce que je fais, c'est parfait. 

Cette idée d'amélioration constante, au lieu de passer à la prochaine étape, on cherche constamment des solutions rapides. 

Pour un médecin de famille, il faut régler un problème en 12 minutes. 

S'il y avait une solution facile au désastre que l'on vit maintenant, ce serait magnifique, on l'aurait déjà trouvé s'il y en avait une. 

Le problème est trop complexe et il nous faut vraiment examiner ce que nous sommes en train de faire et nous dire que c'est correct d'essayer quelque chose, de faire une erreur et de se réajuster. 

Voilà ce à quoi il faut penser : à notre façon d'éduquer et à notre façon de s'entraider. 

ALIKA LAFONTAINE : Claire, cette question est souvent posée aux fournisseurs, alors je vais vous la poser maintenant. 

Ça vient de Greg Manning. 

« Notre système de soins de santé, malheureusement, finance les procédures par incitation, les opérations à l'hôpital par exemple. 

Quel changement devrait être fait au niveau du système pour se focaliser désormais sur la prestation de soins primaires ? » CLAIRE SNYMAN : Ça, c'est une bonne question. 

Pour moi, je pense que les soins primaires, c'est le pilier primaire du système de soins de santé et tout découle de là. 

Démontrer que la valeur est essentielle pour financer cela. 

Si vous me demandiez comme patiente et que vous me disiez... 

En fait, si on me donnait 100 $ et qu'on me demandait : « Comment partageriez-vous cet argent ? », pour moi, la grande partie irait aux soins primaires parce que cela est préventif. 

On s'assure que les soins quotidiens ou les conditions chroniques comme mon état sont soutenus jour après jour pour que je n'aie pas à aller à l'urgence. 

Mon médecin de famille, c'est lui que je vois 80 % du temps. 

Le reste, je les vois 20 % du temps. Mais dans le système de soins de santé qu'on a maintenant, on est tellement concentré sur les soins aigus qu'on n'a pas réparti le financement. Même si on n'est pas un patient, on voit les soins aigus comme étant la solution à tout dans le système de soins de santé. 

Si j'avais 100 $, je le dépenserais comme cela. 

C'est là que j'obtiens mes soins, dans la communauté en majorité. 

DEB MATTHEWS : Est-ce que je peux intervenir, Alika ? 

Je voulais revenir sur quelque chose que Claire a dit. 

Je suis d'accord que les soins primaires, c'est par là que tout commence, mais le gros défi pour ces médecins-là, c'est qu'il est très difficile d'avoir des références pour leurs patients. 

Ils passent beaucoup trop de temps à essayer d'obtenir une référence et c'est une perte de temps pour ces médecins en soins primaires et autres fournisseurs de soins. 

À mon avis, il faut qu'on passe à une seule liste d'attente. 

Si vous avez besoin d'un placement, est-ce que l'on ne pourrait pas avoir seulement une liste ? 

On pourrait ainsi alléger une bonne partie du fardeau et accélérer les temps d'attente de 20 % simplement de cette façon. 

Alors, pourquoi on ne le fait pas ? 

Je pense qu'il faudrait qu'on se donne comme objectif d'avoir une seule liste de référence par procédure et en quelques années seulement, je pense que ce serait possible et ça pourrait très bien fonctionner. 

ALIKA LAFONTAINE : Je vais lire un commentaire de Johnny [INAUDIBLE] : « Claire décrit les soins axés sur les relations multidimensionnelles plutôt que bidimensionnelles. 

Très bien, merci Claire. » On continue avec la prochaine question de Johnny aussi : « Les médecins doivent définir leurs rôles plus que jamais maintenant, c'est-à-dire qu'on doit laisser tomber certains de nos pouvoirs et devenir interdépendants. 

On ne travaille plus seulement en soins primaires ou aigus. 

Il y a d'autres questions qui suivent, mais comment aborderiez-vous cette redéfinition de rôle ? » On commence par vous, Rita. 

RITA MCCRACKEN : Comment faire cela ? 

Je pense que plusieurs d'entre nous veulent devenir des membres d'équipe si on ne l'est pas déjà. 

La plupart, on fait des études en médecine dans cet esprit. 

On ne veut pas vraiment être un héros seul. 

On a un groupe de fournisseurs maintenant qui ont une façon de travailler et on a eu énormément de soins donnés partout au pays, par tout le monde, avec cette attitude, mais les temps changent et je pense qu'en offrant des lieux structurés avec de nouvelles façons de travailler pour les médecins professionnels, c'est possible. 

Écoutez, si vous avez envie un jour de dire, par exemple : « Ah, c'est la faute des millénaires que l'on manque de médecin » ou « c'est la faute des femmes qu'il manque de médecin », arrêtez-vous s'il vous plaît, parce qu'il faut qu'on pense à la façon de recréer un nouvel environnement. 

On a beaucoup à apprendre des femmes sur le terrain et des nouveaux diplômés qui vont se joindre à nous. 

Ils ont une nouvelle façon de voir les choses. 

Et d'après la recherche que j'ai faite plus récemment, on sait que ce n'est pas vrai, aucune de ces croyances que l'on avançait pour blâmer les autres générations n'est vraie. 

Comme individu, nous devons ouvrir nos esprits et créer des lieux où de nouvelles façons d'être médecin seraient possibles. 

ALIKA LAFONTAINE : Merci. 

BRIAN GOLDMAN : Les médecins de soins primaires auxquels j'ai parlé en médecine familiale, la médecine de famille, les soins palliatifs, la médecine d'urgence, et dans ces domaines, c'est assez simple : les médecins de famille se redéfinissent en se concentrant sur certaines spécialités et surspécialités. 

Certaines des caractéristiques sur les soins longitudinaux, c'est pour répondre aux besoins de patients toujours plus complexes, comme en gériatrie. 

Il faut aussi avoir de la formation en navigation dans le système et avoir un système assez fiable dans lequel on peut naviguer. 

Tout cela et aussi alléger la paperasserie. 

Tout le monde est submergé de paperasserie. 

Il faut qu'on ait un système beaucoup plus agile qui n'exige pas des médecins de famille de devenir des gens qui passent leur temps à remplir des formulaires. 

Il faut reconsulter, faire une autre référence tous les six mois ou chaque année selon la spécialité quand il est évident que le patient sera géré par le médecin de famille, mais qu'il aura besoin de l'aide d'un spécialiste occasionnellement. 

CLAIRE SNYMAN : Oui, je voulais ajouter un différent son de cloche. 

Comme patiente, moi, ma perception de mon médecin de famille, on a parlé de soins d'équipe, mais parfois, je me sens un peu coincée. 

Ma pharmacienne me connaît très bien, elle est extraordinaire et parfois, j'ai besoin d'aide avec mes médicaments. 

Il y a un groupe de membres d'équipe que l'on n'inclut pas ou on ne sait pas à quel point ils sont vraiment importants, ce qu'ils pourraient apporter dans la prestation de soins et dans la gestion de mes soins de santé. 

Tout le monde a sa sphère de compétences, oui, mais c'est important de comprendre les différents éléments du système de soins de santé et de ce que font les membres de l'équipe. 

Si vous me demandez ce qui est important pour moi, il faut faire entendre la voix de ceux qui vivent au quotidien, les patients, les familles, à la table, faire entendre leurs voix à la table. 

ALIKA LAFONTAINE : Je vais peut-être poser la prochaine question. 

Je vais commencer avec Deb, de [INAUDIBLE] : « La voix des patients, des familles pourrait être plus productive si on s'efforçait d'améliorer la littératie en santé. 

Est-ce qu'il y a moyen de penser à améliorer cela ? » On sait que ce ne sera pas facile de développer un vrai partenariat patient-médecin. 

DEB MATTHEWS : Moi, je ne suis pas d'accord avec la prémisse de la question. 

Les patients savent ce qu'ils veulent, ils ne savent pas exactement quelle procédure ou quel médicament il leur faut, mais ils savent quel genre de réactions ils veulent du système de soins de santé. 

C'est pour ça que c'est important d'écouter les patients. 

Je pense que c'est tout aussi important d'écouter les travailleurs de première ligne et là, je parle des travailleurs en soins personnels, ceux qui sont en contact avec les patients, plus que certains autres médecins. 

À Hamilton par exemple, à St. Joseph's Health Care, on a complètement remodelé les soins post-chirurgicaux parce qu'on a écouté les travailleurs de soins à domicile qui s'occupaient des patients après leurs chirurgies et on a entendu des histoires de réussites incroyables. 

ALIKA LAFONTAINE : C'est une excellente réponse. 

Claire. 

CLAIRE SNYMAN : Oui, c'est bien de faire entendre la voix de ceux qui reçoivent des soins, mais aussi de ceux qui donnent des soins aux patients. 

Ce sont les deux côtés d'une même médaille. 

Ceux qui me soutiennent, par exemple, les membres de la famille, mais aussi les fournisseurs de soins sont importants. 

Qu'est-ce que je voulais dire ? 

Voilà, oui, littératie en santé. 

Je pense que ça devrait être enseigné très tôt dans la vie, parce que quand on est dans le système de soins de santé, on ne sait même pas si on a le droit de poser des questions. 

Est-ce que ce ne serait pas bien si j'étais plus au courant de la situation ? 

Je pense que la relation serait différente, ce serait vraiment à deux sens entre la personne qui reçoit des soins et celle qui donne des soins. 

Bien souvent, on ne sait même pas que l'on peut poser des questions et je pense que c'est ça, la littératie en santé. 

Il faut comprendre quelle est votre situation, quel est votre état de santé. 

J'aimerais beaucoup ça. J'en parle à mon fils assez souvent, c'est très important pour moi aussi comme mère. 

ALIKA LAFONTAINE : Je vais poser la prochaine question à Brian. 

Anna Tud demande : « Pourrait-on avoir une séance pour voir quelles sont les histoires de réussite dans d'autres pays ? 

Quels autres pays offrent des soins qui pourraient nous inspirer ? » BRIAN GOLDMAN : Il y a plusieurs pays de l'OCDE qui ont un plus grand nombre de médecins de famille comparativement au Canada, les pays scandinaves par exemple. 

Je serais intéressé à me pencher sur le modèle néerlandais, parce qu'ils ont un système, un modèle, un peu particulier, qui offre des soins à domicile et ce n'est pas dispensé par les agences privées, c'est offert par un groupe de 12 infirmières. 

On leur donne un budget et ils décident quels soins dispenser à domicile. 

Je pense que l'on pourrait peut-être adapter ce modèle au Canada. 

Il y a des gens qui ne prônent pas ce modèle, mais les analystes pensaient que ce serait intéressant de le mettre en vigueur au Canada, mais on a dû suspendre le déploiement à cause de la COVID. 

ALIKA LAFONTAINE : Deb, à vous. 

DEB MATTHEWS : C'est très important. 

Les Canadiens pensent qu'on a le meilleur système de santé de tous les pays du monde. 

Nous sommes finalement très chauvins. Mais la fondation du Commonwealth fait beaucoup de recherche. 

Des 11 pays de l'OCDE, nous sommes au dixième rang. 

On se compare toujours aux États-Unis et on ne devrait pas nous comparer aux États-Unis, on devrait se comparer aux autres pays qui ont de meilleurs systèmes, des systèmes beaucoup plus performants et qui coûtent beaucoup moins cher. 

Les systèmes où on met l'accent sur les déterminants sociaux de la santé, cela améliore et bonifie le système de santé. 

Les professionnels de la santé sont fantastiques, mais ce n'est pas eux à blâmer finalement, c'est le système qui est lacunaire. 

ALIKA LAFONTAINE : Merci beaucoup. 

Nous avons reçu plus de 100 questions, donc le public est décidément mobilisé. 

On va continuer avec les questions. 

Rita, vous voulez intervenir ? 

RITA MCCRACKEN : Oui, je voulais juste finalement répondre à la question. 

C'est la question qu'on me pose souvent. 

Quel est le modèle pour notre système ? 

Il n'y a pas un seul modèle qu'on peut transférer au Canada, vous le savez, mais comme Deb et Brian l'ont dit, il y a des éléments intéressants que l'on pourrait intégrer dans notre système, surtout des modèles finalement qui existent dans les pays de l'OCDE, des modèles qui mettent l'accent sur les cliniques, des cliniques communautaires qui desservent leur population, un peu comme le système d'école publique. 

C'est très différent de ce que l'on a au Canada et ça mérite finalement une discussion. 

Depuis des années, on dit que ce n'est pas possible et je pense qu'il faut qu'on se pose la question à savoir pourquoi et comment changer le système, finalement. 

ALIKA LAFONTAINE : On va passer à la prochaine question de Rob Robson. 

On va commencer avec Claire pour cette question-ci. 

« Actuellement, chaque province canadienne dispose d'une loi qui limite la possibilité des patients d'apprendre des détails sur les soins qu'on leur dispense. 

Sans un accès facile à ces informations, comment est-il possible pour les patients de vraiment s'intégrer dans les équipes de soins médicaux ? » Ensuite, il y a une question sur les lois qui doivent être modifiées. 

Claire, qu'est-ce que vous en pensez ? 

Êtes-vous d'accord ? 

Quelle est votre expérience personnelle ? 

Quelle est l'expérience des gens avec lesquels vous travaillez ? 

CLAIRE SNYMAN : C'est très difficile d'avoir accès aux dossiers médicaux. 

Moi, j'ai un classeur qui est très épais qui contient des copies de tout mon dossier médical. 

Des fois, je vais à un rendez-vous et le médecin va me dire : « Je n'ai pas reçu telle ou telle information. » Ce n'est pas facile d'obtenir ces informations. Quand on demande de l'information, il y a des obstacles, même si en Colombie-Britannique, on a le droit, finalement, de demander de l'information. 

Des fois, il faut payer, des fois, ils sont réticents à vous fournir des informations. 

Si je demande une copie de l'image de mon IRM, ça vient sur un CD et c'est problématique. 

Si on veut vraiment intégrer les patients dans le système, il faut qu'on ait une véritable relation qui va améliorer le continuum de soins. 

Comment je peux avoir accès aux informations quand je veux, pas seulement les résultats de mes analyses ? 

Je peux demander une copie de mon statut vaccinal. 

Je dois pouvoir voir ce qui se passe. 

J'ai une blessure cérébrale, donc je ne peux pas toujours me souvenir. 

Ce serait bien si je pouvais accéder aux informations et ça aiderait mon équipe de médecins également. 

Il faut qu'on modifie la loi. 

Souvent, on parle de la confidentialité, mais nous devons finalement poser la question suivante : qu'est-ce qui est important pour les patients et pour les fournisseurs de soins également ? 

ALIKA LAFONTAINE : Vous avez raison, Claire. 

Une autre question maintenant, une question de Robert Lester. 

Je vais lire la question maintenant. 

Je vais vous permettre d'y réfléchir. 

Il nous reste 12 minutes avant qu'on termine. 

« La conversation a été formidable, beaucoup de bonnes idées. Mais on parle de ces idées depuis des décennies avec des termes différents. 

Qu'est-ce qui nous empêche, finalement, de passer à l'acte ? » Pensez ou réfléchissez à cette question. 

On va passer à la question de [INAUDIBLE] maintenant et c'est une question pour Rita. 

« La vision est très solide. Comment est-ce qu'on peut faire en sorte, finalement, que l'on respecte cette vision ? 

Ça semble être la situation idéale, mais on n'est pas tous convaincus. » Qu'est-ce que vous en pensez, Rita ? 

RITA MCCRACKEN : Je n'ai pas vraiment réfléchi à ce qui est idéal, à l'utopie. 

Le concept d'un endroit physique où un patient peut se rendre pour obtenir les bons soins, c'est une attente raisonnable, surtout pour des soins primaires. 

C'est vrai dans tous les hôpitaux. On peut se présenter à l'hôpital et vous allez être soigné rapidement, normalement. 

On a vu des problèmes, des retards à cause de la COVID et de la crise de maladies respiratoires récente, mais la conversation doit se concentrer sur l'objectif principal du système de soins de santé. 

Quel est l'objectif principal ? 

Donner l'accès aux bons soins au bon moment. 

Il faut que l'on concentre nos conversations là-dessus et sur les solutions. 

ALIKA LAFONTAINE : On a le temps pour une dernière question avant notre dernière question que je viens de vous lire. 

Je vais poser la question suivante. 

Je voudrais vous demander de tous intervenir. 

Ça vient de [INAUDIBLE] : « Les vulnérables qui ont vraiment besoin de soins sont finalement ceux qui ne peuvent pas naviguer dans le système à cause de la pauvreté, etc. 

Comment peut-on modifier cette situation ? 

On va commencer avec Brian. 

BRIAN GOLDMAN : Alika, quand je suis allé au Japon, au Japon, on dispense de bons soins pour les 5 % de la population qui sont les plus vulnérables et qui ont les plus grands besoins. 

Une province ou un pays peut tout simplement décider que c'est là où on va diriger nos ressources. 

Ce serait à la classe moyenne de payer une part plus importante des coûts pour, finalement, bien financer le système de santé. 

Ce n'est pas difficile à faire. 

Beaucoup de ces solutions existent depuis très longtemps, n'est-ce pas ? 

On peut investir davantage dans les gens qui ont besoin de soins complexes, on peut leur offrir un endroit où on peut dispenser ces soins. 

Il faut tout simplement y réfléchir et ça peut se faire si on a les ressources financières nécessaires. 

ALIKA LAFONTAINE : Toute société devrait vouloir le faire. 

DEB MATTHEWS : Je suis tout à fait d'accord avec Brian, on sait ce qu'il faut faire ; il faut tout simplement le faire et en faire plus. 

Il y a du bon travail qui se fait déjà. 

Il y a beaucoup d'initiatives qui sont en cours. 

Il y a le Centre Oaks à Ottawa, par exemple, qui est un endroit formidable pour les hommes qui sont alcooliques. 

C'est un projet incroyable, c'est fantastique. 

Il y a de bons modèles déjà, mais on n'en fait pas assez. 

Il faut les répéter ailleurs. 

Il faut faire plus de travail sur le terrain, selon moi. 

C'est vraiment la façon la plus intelligente de dispenser les soins. 

Plus on dispense de bons soins aux gens vulnérables, moins ça va nous coûter cher. 

Sur le plan moral, c'est une situation gagnant-gagnant. 

Donc, il faut vraiment investir dans les gens qui ont les plus grands besoins, selon moi. 

ALIKA LAFONTAINE : Claire, à vous. 

CLAIRE SNYMAN : C'est une question fort importante. 

La COVID, finalement, nous a montré qu'il y a beaucoup de gens en marge. 

Comment va-t-on leur dispenser des soins ? 

Il faut comprendre ce qui est important pour ces gens-là et pour ces collectivités. 

Peut-être qu'il faudrait travailler avec eux directement, mais des fois, ça ne sera pas possible de façon sécuritaire. 

Est-ce qu'on peut rejoindre les organismes qui travaillent avec ces personnes pour comprendre ce qui est important pour ces patients-là ? 

Ce qui est également très important, c'est de savoir comment, finalement, combler les besoins non médicaux d'une personne. 

Il y a d'autres facteurs qui ont une incidence sur moi. 

On a beaucoup travaillé sur la prescription sociale et il faudrait finalement nous pencher là-dessus. 

J'aimerais qu'on étoffe cela et il faudrait qu'on travaille directement avec ces gens-là par l'entremise des organismes pour savoir ce qui est important pour les personnes vulnérables. 

RITA MCCRACKEN : Merci, Claire, de ce complément d'information. 

Il faut reconnaître que la pauvreté, le racisme et le colonialisme sont réels et ont créé de grands écarts pour ce qui est de l'accès aux services que beaucoup de Canadiens prennent pour acquis. 

Nous devons enlever les obstacles. 

Il faudrait offrir les bons soins au bon moment et ça, ce serait un grand changement. 

Autrefois, on avait des écoles spéciales pour les enfants aveugles, pour les enfants handicapés. Maintenant, on les intègre dans les autres écoles et on n'accepterait pas, finalement, de les isoler dans une école spéciale, mais c'est ce qu'on a fait dans le système de soins. 

On a créé des endroits particuliers pour ces gens-là et il faut vraiment concevoir un système qui va prendre soin de tout le monde. 

BRIAN GOLDMAN : Si vous cherchez une solution, je regarderais le modèle de ce qui se fait dans le comté de Renfrew. 

Il y a eu des problèmes au début de la pandémie parce qu'il n'y a pas beaucoup de population dans la vallée de l'Outaouais, le parc Algonquin, East River, Chalk River, et pas assez de fournisseurs de soins primaires dans un secteur de l'est de l'Ontario. 

Je pense qu'il y a une personne sur cinq qui n'a pas accès aux soins primaires. 

Le besoin d'un système a été identifié et on a voulu essayer d'éviter le transfert des patients aux services d'urgences, parce qu'il n'y avait pas de clinique ambulatoire, il n'y avait pas de transport en commun. 

Alors, ils ont abouti avec un service téléphonique gratuit où on aboutit à une personne qui fait du triage, qui vous guide vers un médecin de famille ou un autre médecin qui vous parle au téléphone virtuellement. Si vous pouvez aller au bureau, vous le faites, sinon on envoie un employé paramédical ou quelqu'un et ça fonctionne. 

Donc, tous ces professionnels de la santé travaillent ensemble en équipe. 

Ils communiquent les uns avec les autres et répondent à des besoins. 

On pourrait facilement adapter ce genre de modèle à des patients vulnérables. 

Il faudrait peut-être rajouter une couche pour qu'on puisse joindre les patients qui n'ont peut-être pas de cellulaire ou n'ont peut-être pas d'adresse. 

Il faudrait trouver le moyen de les joindre, mais la santé publique le fait depuis des décennies. 

ALIKA LAFONTAINE : Pour la dernière question, on va faire le tour des panélistes. On va commencer avec Claire, on passera à Deb, Rita et Brian. 

« Comment passer maintenant à une mise en œuvre efficace, passer à l'action ? » Essayez d'abréger vos réponses peut-être en nous donnant une priorité. 

Allez-y Claire. 

CLAIRE SNYMAN : Ça, c'est très important, je pense. 

Et j'aime beaucoup le sujet de passer maintenant à la prise de décision. 

Il est très important qu'on parle de passer à l'action. 

Je voudrais bien qu'on trouve une solution. 

Si j'avais une liste de souhaits, je voudrais qu'un groupe de fournisseurs de soins de santé, de patients, de soignants soit ensemble à une table avec des ministres fédéraux et provinciaux pour discuter et c'est ce qui manque, je pense. 

Il faut amorcer ces discussions avec urgence et faire entendre les voix de ceux qui reçoivent les soins et ceux qui en donnent à la même table, parce que je pense que si on ne connaît pas leurs communions, surtout de mon côté, ceux qui reçoivent des soins, dans un groupe collaboratif, c'est ce qui nous permettra d'apporter des changements. Sinon, on se retrouvera encore à avoir la même discussion dans un an. 

DEB MATTHEWS : Maintenant, c'est mon tour, oui ? 

Ça, c'est très important. 

Claire a rassemblé tout le monde, mais il faut aussi se demander de quoi le système devrait avoir l'air dans cinq ans, dans 10 ans, dans 15 ans, dans 20 ans et travailler à rebours pour suivre cette voix, développer ce plan de marche. 

Je commencerais avec trois parties. 

D'abord, les soins primaires, comment avoir un modèle de travail d'équipe. 

Et je pense qu'en cinq ans, tous les soins primaires devraient se faire en équipe. 

La deuxième chose sur laquelle je me concentrerais, c'est les soins aux personnes âgées. 

Je pense qu'on fait du très piètre travail pour les soins prodigués aux aînés. 

Si je devais décider de ce qu'on doit faire, j'aurais beaucoup plus de soins à domicile, de soins communautaires, des résidences pour personnes âgées beaucoup plus petites plutôt que les grandes résidences de soins de longue durée. 

Il faut des stratégies de soins à long terme. 

Il faut que ce soit mis de l'avant maintenant. Et le troisième domaine où je me concentrerais, c'est l'itinérance. 

On peut y mettre un terme, on peut le faire. 

Il faut que l'on mette de l'avant les étapes qu'il faut pour l'éradiquer. 

C'est possible, on peut y arriver en cinq ans. 

ALIKA LAFONTAINE : Rita. 

RITA MCCRACKEN : On a de beaux exemples de ce que l'on devrait faire. 

On devrait coordonner, obtenir des fonds des provinces et du fédéral pour établir des centres de santé partout au Canada. 

Il faudrait avoir un système qui est facile à organiser. 

On peut avoir de l'expertise sur la constitution d'équipe, le leadership de différentes sources et on peut lentement développer cette infrastructure. Mais il nous faut absolument un financement garanti pour que cela puisse se faire et ce, d'une façon qui cible les communautés qui sont le plus dans le besoin. 

ALIKA LAFONTAINE : Et Brian ? 

BRIAN GOLDMAN : Je suis d'accord avec tout ce que j'ai entendu. 

J'ajouterais que si l'on veut pouvoir avoir un système de soins de santé qui répondra aux besoins des Canadiens, pas seulement dans un an, cinq ans, 20 ans, 30 ans, il faut alléger le rôle des politiciens et créer une structure qui durera au-delà des cycles électoraux. 

Il y a d'autres pays qui l'ont fait. 

On a une liste de médicaments qui sont payés par le gouvernement, c'est bien, mais on pourrait adapter le système et s'inspirer des meilleures pratiques des autres pays et les mettre en œuvre ici. Mais on ne pourra pas y arriver si on peut centraliser les soins de santé avec un gouvernement et le régionaliser avec un autre gouvernement, puis rechanger les choses après l'élection. 

Non, ça ne fonctionne pas. 

ALIKA LAFONTAINE : Il y avait 130 questions et commentaires qui ont été soumis. 

Voilà qui témoigne du bien-fondé de cette discussion, de la réflexion que cela a suscitée. 

Il y aura un suivi d'assuré à cette discussion. 

Je veux assurer aux participants que nous prendrons connaissance de chacun des commentaires et des questions reçus parce qu'ils vont éclairer également les politiques de l'Association médicale canadienne. 

Au nom de notre association, merci à tous nos quatre panélistes. 

C'était vraiment bien de parler avec Claire Snyman, Docteur Brian Goldman, Deb Matthews et Rita McCracken. 

J'ai beaucoup appris et cela a renforcé les conversations que j'ai eues jusqu'à maintenant depuis que je suis devenu président de l'AMC. 

Il faut nous assurer d'avancer et de ne pas toujours reprendre les mêmes conversations. 

Merci beaucoup de votre apport aujourd'hui. 

Merci d'avoir pris le temps de vous joindre à nous aujourd'hui. 

Nous en sommes à planifier la dernière session de Choix audacieux pour le 22 février. 

Nous vous communiquerons les détails au cours de la nouvelle année pour vous inscrire. 

On vous enverra également un sondage post-événement et vous pourrez nous donner des renseignements supplémentaires. 

J'ai hâte de poursuivre la conversation. 

Personnellement, je pense fermement qu'on aura des réponses différentes à nos questions. 

Merci. 

On dit des choses à haute voix qu'on ne disait pas avant et je pense que c'est un signe vraiment positif. 

Très bonne soirée à tous, merci. 

Séance 3 : La prochaine génération de travailleurs et travailleuses de la santé

22 février 2023

Lors du dernier événement Choix audacieux, nous nous sommes penchés sur les choses à faire pour attirer, former et maintenir en poste un plus grand nombre de médecins, d’infirmières et infirmiers et d’autres travailleuses et travailleurs de la santé dans un secteur est en crise. Regardez la vidéo de la séance ci-dessous, ou lisez les principaux points à retenir de la discussion tenue entre le Dr Alika Lafontaine, président de l’AMC, la Dre Marcia Anderson, défenseure de la santé des Autochtones, Sara Fung, infirmière autorisée et animatrice d’un balado, la Dre Sarah Hanafi, médecin résidente, et Kevin Smith, président et chef de la direction du Réseau universitaire de santé.

Vous pouvez aussi en apprendre plus sur le travail de l’AMC concernant la planification des effectifs de la santé.


Vous avez des questions ou des commentaires ?

Envoyez-nous un courriel.
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