Association médicale canadienne

C’est la cohue pour les patientes et patients.

À Kingston, en Ontario, des centaines de personnes ont fait la file dans l’espoir de s’inscrire à une clinique de médecine familiale qui acceptait de nouveaux patients et nouvelles patientes. Comme l’a décrit un homme sur les réseaux sociaux, ce sont « les Hunger Games des soins de santé au Canada ».

À Sault Ste. Marie, un important centre médical a dû abandonner 10 000 patientes et patients, étant incapable de recruter suffisamment de médecins pour combler les départs à la retraite et de la profession.

Même refrain à Victoria, en Colombie-Britannique, où un médecin de famille qui prenait sa retraite (en anglais) n’a jamais réussi à trouver quelqu’un pour assurer sa relève auprès des 3 500 membres de sa patientèle.

Même certaines cliniques sans rendez-vous ferment leurs portes en raison d’une pénurie de personnel médical.

Quelles sont les causes de la rupture des soins primaires?

De plus en plus de médecins de famille sont en fin de carrière

Selon le Collège des médecins de famille de l’Ontario (en anglais), environ 2 100 médecins de famille de la province ont au moins 65 ans et sont en fin de carrière – une situation qui touche près de 2,5 millions de patientes et patients. Un autre 38 % a plus de 55 ans. Cette conjoncture affecte l’ensemble du pays et est aggravée par deux facteurs : moins d’étudiants et étudiantes en médecine choisissent de se spécialiser en médecine familiale, et les jeunes médecins ne souhaitent pas prendre la relève des pratiques cliniques classiques.

Ce ne sont pas tous les médecins de famille qui travaillent en médecine familiale

Il fut un temps où la plupart des médecins de famille pratiquaient des soins primaires complets (« du berceau au tombeau ») et accompagnaient leur patientèle à toutes les étapes de leur vie. Aujourd’hui, bon nombre d’entre eux – et à toutes les étapes de carrière – choisissent ou sont obligés de travailler dans des hôpitaux, des établissements de soins de longue durée ou d’autres domaines de pratique comme l’obstétrique et la médecine d’urgence.

Les soins aux patientes et patients sont plus complexes qu’auparavant

Les médecins de famille traitent maintenant une population diversifiée et vieillissante aux prises avec plusieurs problèmes médicaux chroniques et complexes. Par conséquent, et tout particulièrement lorsqu’ils exercent en solo, les médecins souhaitent (et doivent) consacrer plus de temps à cette patientèle, ce qui alourdit leur charge de travail et pose des problèmes d’équilibre travail-vie personnelle et d’épuisement professionnel.

Les tâches administratives sont écrasantes

En dépit des promesses des nouvelles technologies telles que le dossier médical électronique (DME), les médecins consacrent en moyenne plus de 10 heures par semaine aux tâches administratives en dehors des heures de travail normales. Ce fardeau accable particulièrement les médecins de famille, beaucoup plus susceptibles que leurs collègues spécialistes de devoir s’occuper des DME à la maison. La surcharge qu’imposent aux médecins tous ces formulaires, ces attestations de maladie et cette paperasse supplémentaires empiète sur le temps consacré aux soins et peut entraîner un épuisement professionnel généralisé.

Le modèle de soins est obsolète

Le système canadien de prestation des soins primaires, où les médecins détiennent et gèrent leur propre cabinet, a peu changé depuis l’avènement de l’assurance maladie dans les années 1960. Plus de 50 ans plus tard, on convient de plus en plus que le modèle doit s’adapter aux nouvelles réalités suivantes :

  • Au Canada, la proportion de personnes diplômées en médecine qui choisissent d’abord la médecine familiale comme formation postdoctorale est passée de 38,5 % à 30,3 % entre 2016 et 2023.
  • Les médecins de famille souhaitent que l’on mise davantage sur le modèle des soins en équipe, où ils partagent la prise de décisions à propos des patientes et patients avec des infirmières praticiennes et infirmiers praticiens, des ergothérapeutes et des pharmaciennes et pharmaciens, par exemple.
  • Ils recommandent également d’accroître la mobilité des médecins et d’adopter des mesures facilitant la prestation de soins virtuels afin que plus de Canadiens et de Canadiennes aient accès aux soins au moment et à l’endroit où ils en ont besoin.

Le temps est venu de procéder à une réforme radicale des soins primaires, une réforme qui doit être axée sur les valeurs et les priorités des personnes que le système est censé servir.

Découvrez comment l’Association médicale canadienne (AMC) incite à l’action pour résoudre
la crise dans le système des soins de santé


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