Dr Vladimir Hachinski
Il y a cinquante ans, il n'existait aucun traitement pour les accidents vasculaires cérébraux (AVC). Des médecins aux États-Unis avaient essayé de créer des unités de soins des AVC en phase aiguë, mais l'absence de résultats fructueux forçait rapidement leur fermeture.
Cette situation était inacceptable pour le neurologue Vladimir Hachinski. C'est pourquoi, tôt dans sa carrière, il a collaboré avec un collègue, le Dr John W. Norris : ils se sont dévoués pour les patients ayant été victimes d'un AVC. L'étude de leur cas a jeté les bases de ce qui est devenu la première unité de soins des AVC en phase aiguë fonctionnelle au monde : celle de l'hôpital Sunnybrook de Toronto.
« Nous savions que nous ne pouvions pas aider tout le monde, mais nous pensions que nous pourrions sûrement aider quelques personnes », se rappelle le Dr Hachinski.
Aujourd'hui, cette affirmation s'avère un euphémisme. En effet, le Dr Hachinski et son collègue ont fini par créer un protocole d'intervention précoce accompagnée d'une réadaptation tout aussi précoce qui est encore aujourd'hui la norme pour le traitement des AVC. La partie de leur travail touchant la réadaptation a été dirigée par Josephine Somerville.
Tous sont admis
À la clinique du Dr Hachinski, on priorisait d'abord les patients plus jeunes, en présumant qu'ils auraient plus de chances de s'en sortir. Mais le Dr Norris et lui ne pouvaient se résoudre à refuser quelqu'un qui avait besoin d'aide. Rapidement, ils ont commencé à examiner minutieusement les cas de tous les patients qui se présentaient à leur clinique.
Ce grand effort a porté ses fruits lorsqu'ils ont réalisé qu'une intervention précoce avait une incidence cruciale sur le rétablissement après un AVC. Ils ont ainsi élaboré des protocoles qui pouvaient être appliqués dès que possible à la suite d'un AVC et amélioraient radicalement le pronostic.
Le Dr Hachinski a ensuite réalisé que l'autre facteur à ne pas négliger était la sensibilisation. En s'inspirant de campagnes sur les risques et les signes avant-coureurs des crises cardiaques, il invente le terme « brain attack » (attaque cérébrale) et insiste sur l'urgence de consulter un médecin dès la présence de signes annonciateurs, au lieu d'attendre qu'un AVC survienne bel et bien.
Faire le lien avec d'autres affections
Le Dr Hachinski et ses collègues ont aussi trouvé des liens entre les AVC et les problèmes cardiaques, et ont déterminé que les AVC peuvent augmenter l'incidence de certains types de démence, ce qui veut dire qu'il est possible de prévenir la démence chez certaines personnes en prévenant les AVC.
« Tout est connecté, affirme le Dr Hachinski. La santé du corps dépend de la santé du cerveau; il ne faut donc pas négliger l'importance de financer ce genre de recherche. »
Aujourd'hui, le Dr Hachinski et son équipe s'intéressent aux facteurs environnementaux qui pourraient affecter le risque d'AVC et travaillent sur une proposition de financement dans l'espoir d'élargir leur champ de recherche et d'améliorer leurs méthodes.
« Sur une période de 12 ans, nous avons vu une diminution de 32 % des cas d'AVC et une diminution de 7 % des cas de démence en Ontario. Nous aimerions pouvoir répertorier tous les facteurs individuels qui ont la plus grande incidence pour être en mesure de reproduire les mêmes résultats partout au Canada. »
Un travail d'équipe
Le Dr Hachinski est extrêmement touché de recevoir ce prix prestigieux, mais il mentionne qu'il n'aurait jamais pu faire tout cela tout seul.
« Tout ce que j'ai fait s'est fait en équipe. Cette reconnaissance de mon travail va donc aussi aux étudiants et aux collègues avec qui j'ai travaillé, mais surtout aux patients qui ont pris part à notre recherche. Je ne pourrai jamais assez les remercier pour leur contribution ».
Le Dr Vladimir Hachinski reçoit le prix F.N.G.-Starr en reconnaissance de ses réalisations exceptionnelles et inspirantes.