Balado

Well Doc Alberta

25 mars 2022

Dans ce balado, la D^re Caroline Gérin-Lajoie parle du travail de Well Doc Alberta pour promouvoir le bien-être des médecins par des changements dans l’ensemble du système. Les directrices de Well Doc Alberta, la D^re Jane Lemaire et M^me Alicia Polachek (M. A.) apportent leur éclairage à la discussion.

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Bien-être des médecins : l’heure est à l’action
Une discussion avec Well Doc Alberta

Nous savons depuis des décennies qu’en raison de leur travail, les médecins sont très vulnérables au mal-être. L’étude sur le bien-être des médecins est à l’avant-plan depuis quelques années en raison de la reconnaissance accrue des menaces pour la santé physique et mentale des médecins, et du fait que quand les médecins ne vont pas bien, les soins aux patients – en réalité, tout le système de santé – en souffrent.

De plus, la pandémie de COVID-19 a amplifié les lacunes dans les mesures de soutien au bien-être des médecins et nous a rappelé à quel point il est important de créer des programmes de soutien de base au sein des systèmes de santé.

La détresse professionnelle est courante dans la pratique de la médecine, puisque le travail des médecins est d’aider les gens à se sentir bien, même si parfois il leur en coûte personnellement. De plus, la culture médicale a tendance à perpétuer l’idée que les médecins sont surhumains et immunisés contre toute forme de détresse. Au début, nous étions concentrés sur la résilience individuelle des médecins, l’idée que si un médecin est juste un peu plus fort, plus résistant, il peut relever les défis inhérents à son travail. Mais les médecins sont humains, comme tout le monde.

Alors que nous constatons directement les répercussions de la COVID-19 sur les travailleurs de la santé, l’étude des risques d’atteintes au bien-être des médecins a aussi évolué. On cherche maintenant à savoir quels sont les risques professionnels et les syndromes de détresse professionnelle auxquels les médecins peuvent être exposés. Nous savons maintenant que les principaux facteurs de risque d’épuisement professionnel sont systémiques – charge de travail excessive, manque de ressources, manque de contrôle et de flexibilité dans le travail, difficultés à obtenir un soutien social, etc.

Pour changer fondamentalement une culture qui considère les médecins comme étant immunisés contre la détresse, nous devons faire des interventions à l’échelle du système afin d’améliorer le milieu et les structures de travail des médecins et d’éliminer les aspects toxiques de la culture médicale.

Nous savons aussi que nous devons travailler d’abord en amont. Prenons l’exemple des maladies cardiovasculaires. Nous traitons les crises cardiaques, nous posons des endoprothèses vasculaires, nous pratiquons des angioplasties et nous administrons des thrombolytiques, mais la vraie solution passe par la réduction des risques. Par conséquent, notre approche a évolué et nous cherchons maintenant à contrer les facteurs qui, initialement, mettaient les patients à risque.

On peut adopter la même approche pour la question du bien-être des médecins. Nous devons agir en amont et mettre en place des stratégies de réduction des risques.

Well Doc Alberta travaille avec 45 collaborateurs officiels – dont la plupart sont des médecins – qui veulent contribuer à soutenir le bien-être des médecins au sein du système. Nous collaborons pour élaborer et offrir des séances éducatives et d’autres mesures de soutien en temps réel afin de changer la culture du bien-être des médecins et de promouvoir des interventions positives et productives à l’échelle du système.

Nos efforts sont les plus efficaces quand nous travaillons à l’échelle locale et avec les dirigeants, ce qui fait en sorte que toutes les personnes visées offrent un soutien et un engagement.

On comprend de mieux en mieux à quel point il est nécessaire de mettre en place des stratégies favorisant le bien-être des médecins, et on s’y affaire plus que jamais.

Au bout du compte, l’objectif de Well Doc Alberta est d’aider toutes les parties prenantes du système de santé à comprendre combien le bien-être des médecins est important et d’aider les organisations à mettre en œuvre les stratégies qui ont fait leurs preuves. C’est une évolution essentielle qui aidera les organisations à soutenir leurs médecins par la réduction du risque de syndrome de détresse professionnelle et la promotion de la santé mentale.

Nous savons que nous pouvons apporter des changements majeurs à l’échelle du système. C’est le moment ou jamais de faire passer notre engagement à l’égard du bien-être des médecins à la vitesse supérieure. Nous devons prendre soin de nous et des autres.

L’heure est à l’action. La profession médicale et les systèmes de santé sont déterminés à faire évoluer le bien-être des médecins. Les médecins méritent qu’on les protège contre les syndromes de détresse professionnelle et qu’on favorise leur santé mentale. Un médecin bien dans sa peau est un médecin qui contribue de façon cruciale à la qualité des soins et des systèmes de santé.

L’Association médicale canadienne (AMC), Gestion financière MD inc. (MD) et la Banque Scotia se sont engagées d’un commun accord à soutenir la profession médicale et à promouvoir la santé au Canada. Pour honorer cet engagement, la Banque Scotia, en collaboration avec l’AMC et MD, investit 115 millions de dollars en 10 ans pour soutenir les médecins et les collectivités qu’ils servent partout au pays.

Transcription du balado Les médecins d’abord | Épisode 1 : Well Doc Alberta

D^re Caroline Gérin-Lajoie : Bienvenue. Je suis la D^re Caroline Gérin-Lajoie, votre hôte, et je suis heureuse d’animer le premier épisode du balado Les médecins d’abord, où nous allons étudier d’importantes questions liées à l’enjeu critique qu’est le soutien au bien-être des médecins.
Nous avons le plaisir de lancer cette série de discussions avec la D^re Jane Lemaire et Alicia Polachek, codirectrices de Well Doc Alberta, une initiative visant à encourager une approche panprovinciale collaborative et coopérative du bien-être des médecins. Well Doc Alberta se concentre sur l’éducation et la prévention, en s’appuyant sur la science du bien-être des médecins et leurs besoins.
Jane et Alicia, ainsi que le reste de l’équipe de base et élargie, travaillent avec les médecins, à l’échelle locale, et avec les dirigeants afin d’améliorer la capacité, de favoriser le changement, de changer la culture et de concrétiser la vision de l’organisation, qui est d’assurer ensemble le bien-être futur des médecins.
Bienvenue à vous deux.

D^re Jane Lemaire : Merci, Caroline.

Alicia Polachek : Merci de nous recevoir.

D^re Caroline Gérin-Lajoie : Jane, commençons avec vous. Pouvez-vous parler un peu de ce qui a rendu Well Doc Alberta si nécessaire?

D^re Jane Lemaire :
Eh bien, je pense que nous savons depuis des décennies qu’en raison de leur travail, les médecins sont très sujets au mal-être.
La détresse professionnelle est très courante chez les médecins, parce que notre travail consiste à aider les gens à se sentir bien, et nous nous sentons obligés de continuer même si cela nous coûte. Ajoutons à cela le fait que la culture de la médecine a tendance à perpétuer l’idée que les médecins sont surhumains et immunisés contre toute forme de détresse. En fait, nous sommes tout simplement humains, comme tout le monde. La science du bien-être des médecins, qui s’intéresse aux syndromes de détresse professionnelle chez les médecins, est relativement nouvelle. Au début, elle était vraiment axée sur la résilience individuelle des médecins, qui devaient être plus forts et plus résistants, et tout supporter dans cette profession.
Mais nos connaissances sur les médecins et leur propension à négliger leur bien-être a évolué; maintenant, on cherche plus à savoir quels sont les risques professionnels et les syndromes de détresse professionnelle auxquels nous pouvons être exposés. D’ailleurs, alors que ce domaine de recherche évolue, nous avons appris que la majorité de ces facteurs sont enchâssés dans notre milieu de travail, ce qui est tout à fait logique en raison du travail que nous faisons. La science nous a appris que 80 % des facteurs contribuant à l’épuisement professionnel sont systémiques, et qu’ils sont liés à des éléments comme une charge de travail excessive, un manque de ressources, un manque de contrôle et de flexibilité dans notre travail, et des difficultés à obtenir un soutien social et à développer un sentiment d’appartenance au travail. Revenons donc à la question initiale : pourquoi Well Doc Alberta? Nous savons que nous devons intervenir à l’échelle du système pour fondamentalement changer la culture selon laquelle les médecins seraient immunisés contre la détresse. Nous devons améliorer notre milieu et nos structures de travail.
Et nous devons soutenir le bien-être des médecins, qu’on parle de syndromes de détresse professionnelle ou de santé mentale.

D^re Caroline Gérin-Lajoie : Alicia, d’où vient l’idée de Well Doc Alberta?

Alicia Polachek : Merci de poser la question. Jane et moi travaillons dans le domaine du bien-être des médecins depuis plus de 10 ans et, ce faisant, nous avons constaté que de nombreuses autres personnes, partout en Alberta, travaillent aussi dans ce domaine. Mais nous avons aussi constaté qu’un manque de capacité à répondre aux besoins persiste, et qu’il est dû en grande partie au fait que le domaine est relativement nouveau, comme l’a dit Jane.
Nous avons donc constaté qu’il y a des gens qui travaillent dans certains domaines du bien-être des médecins, mais qu’il n’y a pas une capacité collective suffisante dans la province pour répondre aux besoins.
Toutes les semaines, nous recevons des demandes de groupes qui veulent savoir comment mettre en place une culture de bien-être des médecins et des interventions et comment créer des postes et des rôles, ou qui veulent animer des séances éducatives pour leurs membres. Et aucun de ces groupes ne peut répondre à lui seul au nombre de demandes que nous recevons.
Nous avons donc constaté que si nous avions un véhicule pour nous aider à rassembler les gens et accroître cette capacité, pour former les formateurs et accroître les ressources disponibles pour intervenir à l’échelle du système, nous pourrions vraiment aller plus loin collectivement, plus loin que toute personne ou tout groupe individuellement.

D^re Caroline Gérin-Lajoie : Alicia, est-ce que vous pouvez nous en dire plus sur la façon dont Well Doc Alberta relève certains des défis dont vous venez de parler?

Alicia Polachek : Well Doc Alberta est un modèle plutôt innovateur, basé sur la coopération. Des experts se réunissent pour collaborer afin d’atteindre notre vision, qui est d’assurer ensemble le bien-être futur des médecins. Quatre aspects clés de notre modèle nous aident vraiment à soutenir le bien-être des médecins. Premièrement, comme il s’agit d’un programme de collaboration, nous invitons des experts de différents milieux à travailler avec nous.
En fait, pour le moment, nous avons 45 collaborateurs officiels qui travaillent chez Well Doc Alberta, et ce nombre ne fait qu’augmenter. Nous accueillons constamment de nouveaux collaborateurs. Il s’agit principalement de médecins qui veulent aider à soutenir le bien-être des médecins au sein du système, et tout le monde met son expertise unique et sa formation à profit afin d’examiner le bien-être des médecins sous différents angles. Puis, collectivement, nous élaborons et offrons des séances éducatives qui aident vraiment à changer la culture et à promouvoir des interventions systémiques favorisant le bien-être des médecins.
Le deuxième aspect est que tout ce que nous faisons est fondé sur la science. Nous ne faisons pas de recherche, mais nous étudions les publications pour identifier les meilleures pratiques et partager l’information qui aide à mieux comprendre la science.
Troisièmement, notre rôle est d’aider les groupes à soutenir le bien-être des médecins; nous ne disons pas aux organisations ce qu’elles doivent faire ou ce qu’elles doivent mettre en place.
Elles viennent à nous, elles identifient un besoin et elles expliquent ce dont elles pensent avoir besoin, quels sont certains des défis auxquels elles font face. Ensuite, nous adaptons nos programmes et nos séances pour travailler avec elles et répondre à leurs besoins uniques.
Nos efforts sont les plus efficaces quand nous travaillons à l’échelle locale et avec les dirigeants afin de veiller à ce que toutes les personnes visées offrent un soutien et un engagement.
Finalement, Well Doc Alberta est une entité indépendante financée par l’intermédiaire d’un partenariat d’affinité formé de l’Association médicale canadienne, de Gestion financière MD et de la Banque Scotia. De plus, nous collaborons étroitement avec les organisations de soins de santé de la province. Mais notre indépendance est inestimable, et nous avons donc beaucoup de chance de pouvoir faire ce travail.

D^re Caroline Gérin-Lajoie : Jane, pouvez-vous expliquer en quoi le modèle de Well Doc Alberta est différent des autres modèles?

D^re Jane Lemaire : Oui, merci, Caroline pour cette question. Je crois qu’Alicia a déjà jeté les bases, expliquant que c’est vraiment une initiative de collaboration. Et c’est formidable de voir le nombre de médecins qui veulent contribuer à cette initiative. L’autre fait important est qu’ici en Alberta, nous avons un excellent programme de santé des médecins, et notre association médicale tient compte de ce programme. Il s’agit du programme d’aide aux médecins et à leur famille (PFSP, pour Physician and Family Support Program). Il y a donc des fondements pour traiter les médecins en détresse. Le PFSP offre un soutien psychologique formel, mais nous avons constaté qu’il faut absolument travailler en amont afin d’aider à atténuer les syndromes de détresse professionnelle.
Nous savons que notre travail ne sera jamais parfait et libre de tout stress, mais nous voulons vraiment essayer de réduire les problèmes comme l’épuisement professionnel. Well Doc Alberta cherche précisément à combler cette lacune en amont dans le continuum de soutien du bien-être des médecins, et nous collaborons étroitement avec le PFSP pour assurer que nos activités sont alignées, mais sans faire double emploi des ressources, et c’est donc un excellent partenariat. Comme je l’ai dit, nous nous concentrons sur le travail en amont. Si on y pense, on peut utiliser l’exemple des maladies cardiovasculaires. Initialement, nous traitons les IM, nous posons des endoprothèses, nous pratiquons des angioplasties, nous faisons des thrombolyses, mais l’essentiel est de réduire les risques. Ainsi, parallèlement, nous veillons à ce que les personnes qui risquent de souffrir d’une maladie coronarienne assistent à une clinique de réduction des risques, et nous agissons sur leurs facteurs de risque.
C’est là l’analogie avec le bien-être des médecins et la philosophie de Well Doc Alberta. Et comme nous avons un excellent programme de santé des médecins, qui offre un soutien psychologique formel, nous devons aller en amont pour réduire les risques.
Pour revenir à votre question, pourquoi sommes-nous différents des autres modèles? Nous pensons vraiment que nous sommes peut-être la première organisation qui peut se concentrer entièrement sur la prévention en amont et, je le répète, qui ne se contente pas seulement dire aux médecins qu’ils doivent être plus résilients, prendre des cours de pleine conscience, etc.
Ces choses sont importantes, mais nous visons vraiment la prévention en amont à l’échelle du système. Nous voulons donner accès aux outils et aux ressources que Well Doc Alberta aide à concevoir, mais nous voulons également montrer aux organisations comment les utiliser, les rendre disponibles pour qu’elles n’aient pas à réinventer la roue. Ça aide à combler les lacunes dont a parlé Alicia. Il y a tellement de gens qui nous demandent comment faire, si les ressources existent déjà. Il faut avoir la capacité de réellement offrir ces solutions et, point le plus important, les intégrer à l’échelle du système.
Je crois que notre modèle est vraiment unique; je crois que nous sommes des pionniers. Nous utilisons ce modèle de collaboration, rassemblant les gens et les groupes, et nous améliorons notre capacité de partage. C’est un modèle très innovateur et, comme je l’ai dit, à notre connaissance, c’est le premier en son genre. Il ne fait aucun doute que les groupes avec lesquels nous travaillons, bien entendu, il y a des gens qui, comme l’a dit Alicia, qui viennent vers nous, c’est quelque chose qu’ils veulent faire et leur culture est prête pour ça.
Quand nous travaillons avec eux, nous réussissons à intégrer ces changements aux systèmes dans lesquels les médecins travaillent, ce qui est l’objectif premier. Pour que ces initiatives de prévention soient efficaces, il faut apporter des changements à l’échelle du système.

D^re Caroline Gérin-Lajoie : Alicia, pouvez-vous donner un exemple de la façon dont Well Doc Alberta a su s’adapter pendant la pandémie pour répondre aux besoins des médecins?

Alicia Polachek : C’est une excellente question, Caroline. Je crois que quand Jane et moi avons eu l’idée de créer Well Doc Alberta, nous ne savions pas à quoi allaient ressembler ces trois années. Nous pensions que ce serait un peu plus calme que ce que nous voyons depuis deux ans. Mais je pense qu’avec Well Doc Alberta et les fondations vraiment solides que nous avions en Alberta après plus de 15 années de travail actif dans le domaine du bien-être des médecins, nous étions dans une position très enviable. Il y avait déjà une très grande expertise. Nous avons donc pu prévoir certains des besoins des médecins. Un grand nombre d’organisations de la province s’occupaient déjà du bien-être des médecins de façon formelle, pas seulement Well Doc Alberta.
De nouveaux leaders et groupes défendaient le bien-être des médecins. Ils comprenaient vraiment la science, et nous commençons à voir un changement de culture dans la profession médicale en Alberta et de manière plus vaste depuis vingt ans.
La question du bien-être était mieux accueillie et plus normalisée et soulevée dans les discussions. Et grâce à ces solides fondations, le bien-être des médecins était officiellement représenté dans de nombreux comités de planification sur la pandémie dans la province, et nous avons eu de la chance comparativement à de nombreux autres groupes avec qui nous avons parlé.
Des gens de partout au pays ont communiqué avec nous et nous avons parlé avec des gens d’autres pays, où le bien-être ne faisait pas partie de la discussion. Ils ont tenté de lancer des interventions de bien-être à partir de rien.
Nous avons aussi tenté de faire une consultation, mais il est très difficile d’établir de nouveaux programmes en pleine pandémie.
L’un des besoins spécifiques ayant émergé pendant la pandémie était les dilemmes moraux et la détresse morale.
Nous savons qu’à la base, la pratique de la médecine s’accompagne de beaucoup de défis moraux. Mais cela s’est amplifié pendant la pandémie, et de nombreux groupes ont communiqué avec nous pour savoir comment soutenir leurs membres, pour assister à des séances éducatives et avoir des occasions de réfléchir aux dilemmes moraux et à la détresse morale qu’ils vivaient. C’est donc devenu l’une de nos séances les plus populaires, particulièrement cette dernière année, où nous avons remarqué une hausse de l’intérêt pour ce concept.

D^re Caroline Gérin-Lajoie : Alicia, comment Well Doc Alberta mesure son succès?

Alicia Polachek : Durant la genèse de Well Doc Alberta, il y a près de trois ans, l’une de nos premières tâches a été d’élaborer un cadre solide afin d’évaluer chacune de nos séances éducatives pour recueillir des commentaires afin d’améliorer les futures offres. Au cours des prochains mois, nous allons étudier d’autres mesures afin de mieux comprendre l’impact de nos programmes et des interventions systémiques, que les groupes réalisent avec notre aide. L’une des principales choses que nous devons reconnaître, c’est qu’il est plutôt difficile de mesurer certains résultats comme le changement de culture.
Il faut du temps pour mettre en place des interventions systémiques et en voir les effets. Il existe maintenant de la documentation qui permet d’élaborer un plan pour soutenir le bien-être des médecins en veillant à ce que des programmes fondamentaux soient conçus et offerts. Nous aidons les groups à comprendre les meilleures pratiques du domaine du bien-être des médecins et nous donnons des conseils sur la façon d’exécuter ces programmes fondamentaux. Nous pensons que comme nous nous reposons sur la science et les meilleures pratiques, nous allons avoir un impact.
Nous savons également que Well Doc Alberta a une incidence sur la capacité, ce dont nous avons déjà parlé aujourd’hui.
Comme je l’ai dit plus tôt, il y a tout simplement une demande écrasante pour ce type d’éducation et de soutien. C’est le cas depuis de nombreuses années, mais ça s’est intensifié depuis deux ans, avec l’attention grandissante accordée au bien-être des médecins pendant la pandémie.
Donc, en faisant appel aux collaborateurs dont j’ai parlé, nous avons vraiment pu commencer à accroître cette capacité et à répondre à plus de besoins qu’avant. Nous regardons certains des chiffres de la dernière année. En 2021, nous avons collectivement animé 57 séances et communiqué avec plus de 2 100 médecins partout dans la province, qui ont été plutôt impressionnés. Cela aurait été pratiquement impossible à faire par quiconque auparavant. Notre succès était en partie démontré par l’importance de notre portée et cet effet d’entraînement quant à la façon dont l’information continue à être partagée et la culture commence à changer alors que nous communiquons avec de plus en plus de groupes, dans toute la province.

D^re Caroline Gérin-Lajoie : Jane, pouvez-vous parler un peu plus de l’objectif à long terme de Well Doc Alberta?

D^re Jane Lemaire : Je crois que c’est la partie excitante, alors que le financement pilote de trois ans tire à sa fin, et nous sommes reconnaissants d’avoir pu être des pionniers dans le domaine de l’atténuation en amont de la détresse professionnelle des médecins.
Mais Well Doc Alberta reste un projet pilote, même si nous avons beaucoup de chance de le réaliser en Alberta. Nous voulons vraiment partager notre expertise et nos apprentissages avec les autres. Et nous pouvons étendre la portée de ce que nous avons pu faire ici dans la province à l’échelle du pays ou à d’autres secteurs qui pensent pouvoir bénéficier de certains de ces apprentissages. Nous arrivons au stade où notre organisation est bien en place, nous avons un bon modèle et de solides fondations, nos processus semblent fonctionner et notre approche et l’information que nous fournissons sont continuellement évaluées. Comme l’a dit Alicia, nous avons un processus d’évaluation rigoureux. Nous savons que les programmes que nous utilisons pour aider les groupes sont fondés sur des données probantes et des pratiques exemplaires, qu’ils ont un impact sur la détresse et l’épuisement professionnels, etc. Il est temps de les appliquer à une échelle plus nationale, et nous avons commencé à discuter avec d’autres provinces des façons dont nous pourrions les soutenir. Il est vraiment temps d’offrir cette ressource à d’autres intervenants.
Donc, plus précisément, Caroline, notre objectif à long terme dans l’attente d’un financement est de travailler avec d’autres groupes et de les aider à exécuter ces programmes fondamentaux à l’échelle locale et à les adapter à d’autres contextes, car il est évident que ça ne se fera pas comme ici en Alberta. Nous avons donc un travail logistique à faire avec d’autres groupes.
Donc, quel est notre objectif à long terme?
Je crois que le point le plus important est que notre objectif à long terme est de vraiment aider les médecins pour qu’ils soient moins susceptibles de souffrir de détresse professionnelle, parce que nous savons que si les médecins se sentent bien, les soins aux patients sont meilleurs, tout comme la qualité des systèmes de santé dans lesquels nous travaillons.
C’est vraiment notre objectif à long terme. Nous devons comprendre combien le bien-être des médecins est important, et il existe un plan de ce que les organisations et les systèmes doivent faire. La science nous a amenés là. Ces interventions systémiques et ces programmes fondamentaux sont essentiels au bien-être des médecins, et le financement dont nous sommes très reconnaissants nous donne l’infrastructure requise pour aider les groupes à faire ces interventions. Il est donc temps de passer à la vitesse supérieure.

D^re Caroline Gérin-Lajoie : Alicia, pouvez-vous parler de l’importance du financement pour soutenir l’élaboration d’un programme comme Well Doc Alberta?

Alicia Polachek : Nous n’aurions pas pu faire ce travail sans le financement que nous avons reçu.
Je crois que le bien-être des médecins est souvent sous-financé et qu’il n’existe pas de postes ou de fonds officiels pour faire des interventions systémiques. Beaucoup de gens tentent de le faire par la bande, sans financement institutionnel ou organisationnel.
Donc, avec le financement reçu pour Well Doc Alberta, nous avons vraiment le temps et les ressources dont nous avons besoin pour faire preuve d’innovation et bien faire les choses, et piloter de nouveaux programmes et interventions pour ensuite les partager et augmenter la capacité.
Je crois que cela est essentiel à notre succès, car sans ce financement, nous n’aurions pas eu le temps ni la capacité de le faire. Et je crois que la prochaine étape consiste à assurer qu’il existe un financement au sein des institutions et des organisations pour soutenir une grande partie du travail réalisé. Il faut donc financer des rôles et des interventions formels pour que tous ces importants aspects du travail se poursuivent.

D^re Caroline Gérin-Lajoie : J’ai une dernière question, Jane.
Vous avez dit lors d’une précédente discussion que dans le monde du bien-être des médecins, c’est notre moment. Je me demande si vous pourriez nous inspirer en parlant un peu plus de ce point.

D^re Jane Lemaire : Merci, Caroline, je suis en train de sourire. Vous savez, je fais ça depuis 15 à 18 ans, avec Alicia à mes côtés depuis près d’une décennie et de nombreuses autres personnes. Nous pourrions nommer une foule de pionniers dans ce domaine, dont Mamta Gautam, vous et de nombreux autres. Beaucoup de gens aiment dénigrer ce que nous faisons, lever les yeux au ciel, et le changement de culture nécessite beaucoup de temps. Je crois qu’avant la pandémie, la science avait atteint un point où les leaders et les organisations commençaient à comprendre qu’en assurant le bien-être des médecins, on assure le bien-être des systèmes. Ça commençait à se faire, et la culture commençait à changer. Le bon côté de cette pandémie, c’est qu’elle a vraiment sensibilisé tout le monde à la nécessité du soutien à la santé mentale, pas seulement celle des médecins, bien sûr, mais celle de toute la population, qui a souffert de problèmes de santé mentale à cause de la pandémie.
Le bien-être des médecins est devenu important en raison des menaces physiques et biologiques, puis des menaces pour leur santé mentale. Les gens reconnaissent de plus en plus que quand nous n’allons pas bien, le système s’effondre autour de nous.
Donc oui, je crois que c’est notre moment et que ça sera le bon côté de cette pandémie. Et il y a eu cette accélération étonnante alors que les dirigeants, les systèmes, les médecins et les organisations ont reconnu que si nous soutenons le bien-être des médecins, nous soutenons des soins de qualité pour les patients.
Finalement, nous sommes ici pour ça.

D^re Caroline Gérin-Lajoie : Merci çà vous deux, D^re Jane Lemaire et Alicia Polachek. Je crois que ce sera tout pour aujourd’hui, mais je tiens à vous remercier toutes les deux de vous être jointes à nous pour donner un aperçu de votre travail avec Well Doc Alberta et des efforts déployés pour assurer le bien-être des médecins à l’échelle locale et systémique. Nous sommes très contents que vous ayez partagé votre expertise, vos idées et votre passion avec nous.
Merci également à tous ceux qui ont écouté cette importante discussion aujourd’hui. Je suis la D^re Caroline Gérin-Lajoie, votre hôte, et c’était le premier balado Les médecins d’abord.

FIN

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Transcription du balado Les médecins d’abord | Épisode 1 : Well Doc Alberta

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