La vie a radicalement changé depuis le début de la pandémie mondiale en mars 2020. De ce fait, le système de santé, déjà surchargé, a été sollicité à l’extrême, ce qui a changé profondément la façon de vivre et de travailler des médecins. Les résultats du Sondage national sur la santé des médecins (SNSM) de 2021, mené par l’Association médicale canadienne (AMC), donnent un aperçu du niveau actuel de bien-être chez les médecins au Canada, ainsi que des répercussions négatives de la pandémie de COVID-19 sur la profession. Les résultats révèlent une baisse marquée du bien-être par rapport au niveau observé avant la pandémie. Cette situation est préoccupante, puisqu’elle a des conséquences non seulement sur les médecins, mais aussi sur la qualité des soins prodigués aux patients et l’efficacité du système de santé. Il s’avère donc primordial de cerner les facteurs contributifs afin d’orienter les prochaines interventions visant à soutenir les professionnels de la santé.
Le SNSM, qui a été mené pour la première fois en 2017, puis de nouveau en 2021 (intervalle de trois à quatre ans), présente l’ensemble de données le plus exhaustif au pays sur les indicateurs de bien-être chez les médecins. Le plus récent sondage met en lumière les principaux défis occasionnés ou exacerbés par la pandémie de COVID-19. Ainsi, les résultats de 2021 révèlent un taux élevé d’épuisement professionnel (53%), de même qu’un score faible aux indices d’épanouissement professionnel (huit personnes répondantes sur dix) et d’insatisfaction professionnelle (près d’un quart des personnes répondantes), ce qui a probablement contribué à la pénurie actuelle de médecins à l’échelle nationale.
À l’automne 2021, 4 121 médecins en exercice, médecins résidents, étudiants et étudiantes en médecine ont répondu au sondage. Lisez la suite pour en savoir plus et téléchargez le rapport intégral pour connaître le portrait actuel et futur de la santé et du bien-être des médecins au pays.
Une souffrance qui remonte avant la pandémie
Bien que le SNSM de 2021 révèle des statistiques très inquiétantes sur la santé et le bien-être des médecins tout au long de la pandémie, il faut comparer ces résultats avec ceux du précédent sondage en ce qui concerne les répercussions de la pandémie. Par exemple, 53% des médecins ont souffert d’épuisement en 2021, mais ce pourcentage s’élevait à 31% il y a seulement quatre ans. Bien que cette hausse de 22% soit notable, n’oublions pas que les médecins étaient déjà sous pression avant que la pandémie ne pousse le système de santé au bord de l’effondrement.
À l’heure actuelle, le taux d’épuisement professionnel est au moins 1,5 fois plus élevé chez les médecins en exercice et les médecins résidents qu’en 2017. Le message est clair : les médecins et les apprenants en médecine sont surchargés, et un meilleur soutien leur est nécessaire pour la prévention et le traitement de l’épuisement professionnel.
La pandémie a accentué les failles existantes
D’après le SNSM de 2021, on constate également une grande détérioration de la santé mentale au sein de la communauté médicale. Selon 60% des personnes répondantes, leur santé mentale s’est détériorée depuis le début de la pandémie. Parmi les principales raisons invoquées figurent la charge de travail accrue et la difficile conciliation travail vie personnelle, l’isolement social et l’évolution rapide des politiques et des processus.
Bien que la plupart des personnes répondantes, d’une manière ou d’une autre, prennent soin d’elles-mêmes ou participent à des activités pour veiller à leur bien être, bon nombre font également mention d’obstacles au maintien de leur santé et de leur bien-être. Le manque de temps (64%), une lourde charge de travail ou un environnement de travail stressant (60%), ainsi que des défis attribuables à l’horaire de travail (56%) sont cités comme obstacles les plus fréquents. Seule une personne répondante sur dix est en mesure de maintenir un mode de vie sain, ce qui témoigne du manque d’épanouissement chez la plupart des professionnels de la santé.
Le SNSM de 2021 a également relevé des inégalités chez les médecins des régions rurales et éloignées. Comme les hôpitaux et les établissements de santé situés à l’extérieur des zones urbaines et des banlieues ont du mal à gérer les effectifs, l’absence d’un seul médecin peut entraîner la fermeture du service des urgences. Malheureusement, les médecins des régions rurales et éloignées sont plus susceptibles de faire face au manque de ressources humaines, ce qui contribue à la détérioration de la santé mentale.
Outre les médecins des régions rurales et éloignées, plusieurs autres sous-groupes à risque obtiennent des résultats négatifs en matière de bien-être. Il s’agit notamment de femmes, de médecins résidents, de médecins ayant un handicap et de proches aidants d’un enfant ou d’un parent. Pour en savoir plus à ce sujet, consultez le rapport intégral.
Repenser le bien-être des médecins en prévision de l’avenir
Les résultats du SNSM de 2021 peuvent nous aiguiller sur la suite des choses. Les problèmes de santé et le faible niveau de bien-être des médecins font monter les taux d’abandon, ce qui se répercute sur les collectivités.
En 2021, près de la moitié des personnes répondantes (49%) songeaient à réduire ou à modifier leurs heures de travail clinique dans les deux prochaines années. Il semble encore que la question du bien-être motive cette décision : les médecins épuisés et qui ne se sentent pas épanouis professionnellement sont les plus susceptibles de réduire leurs heures de travail clinique. La retraite anticipée, les horaires à temps partiel et la réduction de la charge de travail figurent parmi les mécanismes envisagés par les médecins pour gérer la très forte demande et l’épuisement.
Le monde des affaires doit jongler avec les phénomènes de la « démission silencieuse » et de la « grande démission » engendrés par la pandémie, et si les médecins viennent à emboîter le pas, cela nuira aux résultats en matière de santé pour la population. Déjà aux prises avec le fardeau de la pénurie dans leur profession, les médecins adoptent aujourd’hui une vision plus moderne de leur charge de travail habituelle afin de préserver leur santé. Ce changement d’attitude arrive à point nommé et se révèle avoir des effets positifs sur la prochaine génération d’apprenants en médecine. En s’efforçant d’avoir une charge de travail réaliste, les jeunes médecins tentent d’ajuster le tir et de donner la priorité au bien-être pour assurer la longévité de leur carrière médicale. C’est l’occasion pour les gestionnaires et les responsables des orientations politiques de revoir la planification des ressources humaines de la santé afin de répondre aux réalités changeantes et de rétablir un système sain.
Le SNSM de 2021 donne une vue d’ensemble de la santé et du bien-être des médecins dans le contexte actuel, qui évolue rapidement, et ouvre la voie à des discussions et à des initiatives de représentation en prévision de l’avenir. Des facteurs clés comme les caractéristiques démographiques, psychologiques, comportementales et environnementales influent sur les résultats en matière de bien-être. Grâce aux sondages récurrents et aux rapports sur la santé et le bien-être des médecins, l’AMC cherche à cerner les défis liés au bien-être des médecins et à encourager le soutien, à faire progresser le travail de représentation et à favoriser l’avancement des programmes. Selon la recherche, l’investissement dans la santé et le bien-être des médecins contribue à protéger les médecins, les patients et le système de soins de santé.
L’AMC a publié un rapport de suivi sur les facteurs de causalité associés à certains des résultats défavorables en matière de bien-être relevés dans le SNSM de 2021. Pour en savoir plus, téléchargez le rapport d'analyses de régression intitulé Passer des données à l'action : comprendre les facteurs de bien-être des médecins. Vous pouvez aussi consulter la page thématique sur les données sur la santé et le bien-être des médecins pour obtenir plus de renseignements et de ressources.
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